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Critique de BurjBabil


Essai sympathique qui résume l'ensemble des tensions liées à l'énergie sur notre petite planète qui en dépend tellement. Lorsqu'on songe à quel point notre mode de vie est tributaire des milliers d'esclaves que nous avons à disposition pour nous déplacer, nous chauffer, fabriquer nos vêtements, nos ustensiles de cuisine, exécuter nos tâches ménagères, nous nourrir... tout cela libérant le temps libre nécessaire pour lire ce livre (après l'avoir fabriqué) ou écrire un commentaire dessus (via une connexion internet énergivore) ...
Ou regarder les émissions de téléréalité ou les shows télévisés quotidiens. Que M. Jancovici me pardonne...
Bref, le coeur de notre civilisation bat au rythme de l'énergie que les humains produisent. A partir de cette grille de lecture, on peut presque expliquer tous les conflits actuels, toutes les tensions, toutes les manipulations de l'opinion, tous les sabotages...
C'est globalement ce que fait M. Bouglé qui a déjà une certaine connaissance des dossiers énergétiques français puisqu'il avait mis en garde dans un précédent ouvrage sur la folie selon lui pour la France de miser sur l'éolien dans le futur.
Il récidive ici en élargissant le champ de ses préoccupations aux énergies fossiles et en faisant clairement la promotion du nucléaire, qui était un peu le particularisme français.
Ses dix chapitres reprennent l'ensemble de ce que l'on peut trouver un peu partout en agrégeant des données, des articles, des publications, des rapports et en prenant un peu de hauteur. de ce point de vue, M. Bouglé est un bon vulgarisateur et sa lecture, parmi d'autres, serait bien utile à nombre de citoyens intéressés par l'avenir de notre petit hexagone qui n'existe plus beaucoup, intégré dans la fractale européenne...
Certains chapitres sont assez basiques et reprennent des faits connus de tous comme par exemple que l'industrie est un très gros consommateur d'énergie, la française consommant presque 20 % du total quand c'est 30% pour les transports...
D'autres sont moins connus du grand public car moins exposés dans les médias à large diffusion, c'est le cas des chapitres trois à six qui « racontent » le rôle de l'énergie dans la guerre entre États-Unis et Russie en Ukraine.
Les chapitres sept et huit sont axés sur une autre guerre qui ne doit pas être mise au grand jour : celle traditionnelle entre France et Allemagne autour du nucléaire en particulier et des choix énergétiques en général. J'ai trouvé ces chapitres moyennement intéressants car manquant de « fond » politique, on reste en superficie. Des négociations ont lieu, ont eu lieu au moment de la sortie de ce livre et je ne sais pas ce qui en est sorti, je ne compte pas sur la presse grand public pour creuser les accords ayant été signés, on verra bien les conséquences. Pour rappel, le scandale que constitue l'ARENH (Accès Régulé à l'Énergie Nucléaire Historique) n'a jamais été dénoncé comme tel par un présentateur Colgate d'un journal de vingt heures.
Donc j'attends de voir avant de me laisser aller au pieux « Il est inenvisageable que la France ne parvienne pas – dans les échéances à venir – à imposer le modèle énergétique nucléaire décarboné comme une solution vertueuse et profitable pour l'Union européenne élargie à la Grande-Bretagne. »
Le chapitre neuf revient sur le conflit Etasunio-Russe en Ukraine par le biais du nucléaire et la centrale de Zaporijjia. Malgré les nombreuses sources citées en fin de chapitre (comme tous les chapitres d'ailleurs) dont un certain nombre m'étaient familières, j'ai trouvé les développements insuffisants, restant très en superficie : sécurité, communication de propagande...
Le dernier chapitre « Paix énergétique, paix mondiale » est simplement un appel à la raison : « Les événements s'enchaînent comme une spirale infernale que rien ne semble pouvoir arrêter. L'irrationalité semble prendre le pas sur la raison. D'une crise énergétique initiale, nous sommes passés en quelques mois à une guerre énergétique mondiale et désormais à un risque nucléaire généralisé. »
Bah oui, et je crains que la France n'aie plus aucun rôle à jouer contrairement à ce que souhaite l'auteur : « La France est, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU. Mais elle est aussi un trait d'union géographique entre l'Europe, « de Brest à Vladivostok », et le continent américain. » C'était avant, M. Bouglé... Depuis, il s'est passé beaucoup de choses et en deux mots, nous sommes simplement des supplétifs étasuniens, qu'on le déplore ou qu'on s'en réjouisse.
« elle doit adopter la plus grande neutralité dans cette Troisième Guerre mondiale. Il ne lui appartient pas de choisir entre les États-Unis ou la Russie. Elle doit faciliter au contraire l'expression de sa propre souveraineté, détachée de toute vassalité, et doit faire le choix d'un monde multipolaire plutôt que celui d'une crise et d'un univers bipolaire. »... Voeux pieux... Il suffit pour s'en rendre compte d'observer l'attitude de ce qui reste de notre diplomatie dans chaque crise. Alignement total sur les États-Unis.
La chine est paradoxalement relativement peu présente dans cet ouvrage qui décrit la troisième guerre mondiale qui a commencé alors que la vraie cible étasunienne est véritablement cette dernière, la Russie ayant juste à être suffisamment affaiblie pour ne pas pouvoir s'immiscer dans le duel que se préparent à se livrer ces deux nations pour l'instant de puissance globale inégale.
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