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Citations sur Et ton absence se fera chair (2)

"La mort est toujours un meurtre, qu'elle soit naturelle ou pas ! Elle assassine la vie, même dans les tours bien gardées, les couches à baldaquins ou sous les tentes du désert, les gratte-ciels ou les bidonvilles. La mort ne connaît pas de racisme, ni ne pratique la discrimination positive, elle prend tout le monde, sans photos ni curriculum vitae ou diplôme."
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Les embruns nous retombaient sur le visage. Nous nous étions tenus sur le haut rocher, juste à la lisière d’une mer déchaînée. Des filles, des garçons, frappés par la mort, étaient venus à cet endroit offrir leur corps à la bouche béante des vagues, au roc impitoyable, moins impitoyable pourtant que ces moralisateurs qui leur interdisaient de s’aimer, alors ils se suicidaient et jetaient leurs corps unis à l’iode et au remous de la mer.
Penchés sur l’océan, nous nous serrions les mains et regardions cette colère sans rien dire. Notre respiration semblait ne faire qu’une seule, émanant du même poumon. J’avais cru entendre un chuchotement dans ma tête, ta voix qui me parlait :
– La cellule était si étroite, si étroite, asphyxiante, les murs se resserraient, le plafond s’affaissait de jour en jour, mon corps se recroquevillait en même temps. Je voulais abattre toutes les cloisons, tous les murs, faire voler en éclats tous les toits, n’avoir pour seul ciel que les étoiles et respirer, respirer profondément, jeter ma nudité au vent. N’entendre plus le bourreau, ni le son du fouet. Je voulais écarter les flancs de l’espace, écouter le chant de la montagne, et dormir sous le regard de la lune. Ma chérie, ouvre tes bras à mon corps, mais ne les referme pas, enveloppe-moi sans m’encercler, regarde ma liberté et porte-toi avec la brise matinale, traverse mes cheveux mon aimée, traverse, mais ne t’arrête pas longtemps, pars et reviens, ne reste jamais, je voudrais espérer ton retour, te suivre comme l’eau sur d’autres terres, toujours nouvelle, je voudrais que tu sois le sang qui m’irrigue, le cœur battant lorsque mon cœur se fatigue. Sois mon enfant, ma Béatrice adorée, sois toi, moi et une autre ; exhale les senteurs de la nature, les fragrances rares, l’herbe fraîche et la terre rouge. Renouvelle-toi et renouvelle-moi, ma petite Nadja.
Je te regardais, grisée par tes mots, ressentant le ver- tige des bords de falaise, des précipices, du philtre de la passion sans mélange. Une vague rugissante était venue nous tremper tous les deux, l’iode montait dans notre respiration, j’avais le sel dans la gorge. Tu m’avais prise dans tes bras, le goût de nos lèvres était identique. Puis, nous avions tourné le dos à la mer, et pris le chemin de la maison.
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