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Critique de SZRAMOWO


J'ai vécu dix ans à Bourges au cours desquels j'ai sacrifié presque chaque dimanche après-midi à cette tradition berruyère de la virée à Chavignol pour se retrouver autour d'une table à partager un crottin en buvant ce sauvignon de Sancerre «peut-être né en Bourgogne, il y a bien des siècles, petit-fils du pinot noir et fils du savagnin jurassien et rhénan, sans que l'on connaisse son géniteur.»
Qu'importe le père pourvu qu'on ait l'ivresse suis-je tenté de répondre à l'auteur de cette phrase, Jean-Robert Pitte de l'institut qui déflore allègrement le sujet, dans une préface dithyrambique propre à tous ceux qui promettent, abusés par les vapeurs du vin de Sancerre, «je serai bref.»
Je ne saurai jamais assez remercier Babelio et les Editions Loubatières de m'avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d'une masse critique.
L'ouvrage de Thibaut Boulay nous fait remonter à l'époque où, selon Robert Dion, le site de Chavignol n'a pu « échapper à l'attention des propagateurs antiques de la culture de la vigne» et plus loin encore à l'époque de «Chavignol sous les tropiques», lorsque ce territoire était recouvert d'une «mer tropicale bien oxygénée à forte énergie sous un climat chaud et humide.»
Sédimentation successives, affleurements crayeux, marnes et vasières vont former ce sol sur lequel, des siècles plus tard, des hommes découvriront et comprendront qu'il est fait pour la culture de la vigne.
«Rare exemple de paysage épargné par les remembrements» le vignoble de Chavignol «a conservé les grandes lignes du maillage parcellaire connu à la fin du Moyen Âge.»
Le chapitre de la Cathédrale de Bourges propriétaire des terres de Bué, Sury en Vaux et Chavignol jouera un rôle essentiel dans la promotion, la notoriété et la diffusion du vin de Sancerre.
Présent à la table du roi, mais aussi à celle de l'Archevêque de Bourges, le vin acquiert ses lettres de noblesse.
La partie la plus intéressante de l'ouvrage, pour l'amateur de vin, ami de la nature et randonneur est celle où sont présentés les différentes localisation des vignes dans le vignoble de Chavignol et les itinéraires qui conduiront l'amateur éclaire à découvrir la logique des plantations et leurs expositions.
Les Monts Damnés, le Clos de Beaujeu, la Côte d'Amigny, les Vacherons, les vignes de la Comtesse, Chavignolet, les Cheneaux, les Luneaux, les Perrois, autant de lieux, autant d'expositions différentes, de sols différents, de découvertes naturelles comme ces orchidées sauvages au bord de la Sauloye sur les Monts Damnés.
La flore et la faune du sancerrois ne sont pas oubliée dans les descriptions topographiques, incitant le promeneur à prendre le temps.
Je n'ai qu'une hâte, au printemps prochain, parcourir ces itinéraires, les cartes précises et détaillées de Thibault Boulay en main, redécouvrir ce terroir, goûter les vins de cette parcelle du Clos de Beaujeu «envahie par les renoncules, qui apprécient les sols argileux (ici des marnes du Kimméridgien supérieur.»
Plus près de nous, la réputation des vins de Chavignol se fait à Paris. La dénomination Chavignol est apprécié des restaurateurs et l'ouvrage propose une iconographie importante de menus, tarifs et prospectus à la gloire du vin de Chavignol au cours des trois derniers siècles. Lors de l'exposition universelle de 1878, «..figurent en bonne place les vins de Chavignol comme ceux de la Comtesse et de la côte d'Amigny.»
A la fin de l'ouvrage, une page intitulée Slow Tourisme à Chavignol, donne des adresses comme le célèbre bistrot des Damnés.
Un livre à la fois érudit et pratique qui comblera de joie les amateurs de Sancerre, mais aussi ceux qui veulent découvrir un vignoble connu par le nom dont on ignore souvent l'histoire.
Merci encore aux éditions Loubatières et à l'auteur de l'ouvrage Thibaut Boulay.
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