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Critique de MissSherlock


À quelques mois de la sortie en salles de la Planète des Singes : L'Affrontement, je me suis dit qu'il était plus que temps de lire le roman de Pierre Boulle qui est à l'origine de tous ces films simiesques plus ou moins réussis que l'on découvre périodiquement sur nos écrans depuis plus de quarante ans.

La Planète des singes débute par une bouteille jetée dans l'espace contenant le manuscrit de Ulysse Mérou, journaliste de son état, ayant participé à une expédition scientifique. Véritable appel au secours pour sauver la race humaine, le manuscrit relate la terrible aventure vécue par Ulysse et ses compagnons d'infortune. Accompagné par le professeur Antelle et par Arthur Levain, Ulysse part en expédition afin de trouver des êtres humains ailleurs que dans notre galaxie. Ils débarquent sur une planète faisant partie du système de Bételgeuse qu'ils baptisent Soror. Rapidement, ils découvrent que la planète est habitée par des êtres intelligents : des singes. Devenu captif de ces créatures, Ulysse devra se battre pour prouver son humanité et son intelligence.

L'histoire de la Planète des singes est culte mais davantage pour les adaptations cinématographiques que pour le livre et je trouve cela bien dommage. Même si j'aime ces films (et surtout celui de Franklin J. Schaffner avec Charlton Heston), il faut reconnaître qu'ils dénaturent complètement le récit de Pierre Boulle.

Reposant sur les thèses darwinistes, le roman n'est rien d'autre que l'analyse de notre société par la voie de la décalcomanie. En plaçant un homme dans un univers où les singes dominent le monde et où les hommes sont des animaux asservis, Pierre Boulle nous renvoie une image peu glorieuse de l'Humanité.

En effet, Ulysse découvre des singes vivant comme des Hommes et aux moeurs semblables. Les singes sont sûrs de leur supériorité, traitent les hommes comme du menu fretin, régissent leur société en fonction de leurs origines (chimpanzé, orang-outan, gorille), utilisent les hommes pour leurs expériences scientifiques... Ulysse est choqué par ces comportements qu'il trouve ignoble. C'est hilarant puisque c'est ainsi que les Hommes agissent sur Terre ! Ils sont arrogants, méprisent la Nature, occultent leur nature animale, martyrisent les animaux, n'interagissent entre eux qu'en fonction de leur classe sociale, etc. Grâce à la société simienne, Pierre Boulle pointe du doigts les défauts de l'espèce humaine.

L'auteur traite ici de plusieurs sujets majeurs : le respect des classes sociales, le racisme, la religion, l'imperfection des systèmes démocratiques, l'éthique scientifique (ou en l'occurrence le manque d'éthique), l'évolution humaine, la civilisation... Des thématiques denses traitées de façon intelligente dans cette brève histoire à mi-chemin entre le conte philosophique et le roman d'anticipation.

J'ai trouvé la lecture agréable car le style de l'auteur est vif et le vocabulaire recherché sans être pompeux. Les thèses évoquées sont très intéressantes et habilement construites. En outre, il y a suffisamment de rebondissements et de scènes grandioses comme celle de la chasse pour tenir en haleine. Pour autant La Planète des singes n'est pas qu'un roman d'aventures mais un récit poignant dont la fin dramatique ne peut laisser indifférent.

Avec La Planète des singes, Pierre Boulle signe un roman populaire qui donne autant à se distraire qu'à réfléchir.
À mettre entre toutes les mains des amateurs du genre.
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