L'art Vénitien : Architecture, Sculpture, Peinture

L'influence de l'architecture arabe est visible partout à Venise. L'arc en fer a cheval existe dans une multitude de palais, et l'on trouve déjà l'arc infléchi aux lignes serpentines dans deux archivoltes, et dans deux portes de la façade de Saint-Marc, qui déroutent toutes les idées classiques. Il est d'abord fort simple et un peu raide en ses contours; mais peu à peu il s'allonge, il s'assouplit, il s'ornemente, il devient vénitien.

Et cependant, quel est l'homme qui se plaçant à distance, de façon à embrasser d'un seul coup d'oeil l'église de Saint-Marc et il n'en voir que l'ensemble, ne demeure ébloui, ne laisse échapper un mot, un cri d'admiration?
Cette architecture, dit-on, n'a rien de religieux. Depuis que les religions précises ont moins d'empire sur les hommes et ont été plus ou moins remplacées par une religiosité vague; on attribue volontiers aux édifices, un caractère religieux qu'on ne trouve plus dans les âmes, et la mode est venue de prétendre que le gothique est l'art chrétien par excellence.

La sculpture s'y distinguera surtout par l'élégance. La peinture y prendra l'homme par tous les sens. Elle lui montrera la vie sous son image la plus séduisante, comme un vrai paradis païen peuple de belles femmes éclatantes de jeunesse et naïvement voluptueuses.

L'architecture à Venise ne sera à aucune époque lourde, massive et raide. Elle n'aura rien de hautain, de dominateur, de sombre, d'exalté, de terrible. Elle ne visera pas au sublime; elle ne suivra pas l'âme dans l'élan infini de ses mystiques ardeurs; elle n'escaladera pas le ciel avec les flèches aiguës de ses clochers gothiques, avec les voûtes surélevées de ses cathédrales; elle n'écrasera pas l'homme sous ses masses. Svelte et légère en ses proportions, ses lignes serpentines charmeront le regard, et, toujours avenante et sympathique, elle brillera surtout par l'éclat et la grâce.