Neuf fois je suis allé en Haute Allemagne, six fois je suis passé en Espagne, sept en Italie, dix fois je suis venu au Pays-Bas. (...) Quatre fois en temps de paix ou de guerre je suis entré en France, deux en Angleterre, deux autres fois, je suis descendu en Afrique, ce qui fait au total quarante voyages...
Le premier moine, le plus âgé des deux, était celui qui devait sonder les âmes : le dos voûté sous sa robe, le sourire presque caressant, en forme de confession. L'autre, grand et mince, le visage sec et jeune, mettait à exécution les intuitions de son acolyte : du haut de sa silhouette, il flairait le relâchement par-delà les tonsures.
Traversés par leur mission comme par la foudre, les deux serviteurs de l'Inquisition se tenaient sans bouger au milieu de l'atelier.
Lorsque Philippe arrivait quelque part, il fallait toujours tout recommencer. Remonter le cours de la journée, reparler des mêmes choses [] Même lorsqu'il était arrivé au monde, il avait fallu le faire renaître ; [], il avait été ranimé grâce aux soins d'un médecin juif un peu sorcier. Il en avait gardé cet air froissé, légèrement choqué dans son intégrité.
À son approche, les arbres fruitiers et les fleurs retenaient leur souffle.
Les abords du monastère étaient calmes, plus tranquilles que tous les territoires traversés durant ce périple : le silence des moines était contagieux, il irradiait des alentours de l’enceinte comme une onde bienveillante.
Le discours de son médecin était une purge à lui seul : il suffisait de l'entendre une fois par jour pour être guéri. Ainsi, dès qu'il fut parti, l'empereur se sentit déjà mieux.
Une de ces tristesses qui surviennent à la fin d'un grand événement,ou à l'issue de ces batailles qui semblent dérisoires quand elles sont terminées.
Puis il le posa sur la tablette où il plaçait tous ses livres de chevet, ceux qu'il ne lisait pas mais qui infusaient dans l'ombre pendant qu'il dormait, sortes de tisanes de l'esprit dans lesquelles il trempait ses rêves : la Bible en latin, un missel, deux psautiers et un ouvrage en castillan, "Doctrina Christiana"
A chaque conseil, il associait une potion de plantes à prendre après chaque repas. L'empereur écouta d'un air soumis cette séance de reproches, un peu comme lorsqu'il se confessait. Le discours de son médecin était une purge à lui seul : il suffisait de l'entendre une fois par jour pour être guéri. Ainsi dès qu'il fût parti, l'empereur se senti déjà mieux.
Les semaines glissaient comme des nénuphars sur un étang, en douceur, sans faire de bruit.