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Critique de Croquignolle


Au moment d'écrire ces lignes, les paroles de Daniel Balavoine résonnent à mes oreilles :
Petit homme mort au combat
Qui a pu guider ses pas
Ivre de prières
Rythmées par le glas
Petit homme mort au combat
Quel Dieu a pu vouloir ça
Qui peut être fier
De tant de dégâts

Et là, je me dis : Florida, c'est exactement ça !
Petite femme morte au combat : le combat, ce sont les concours de Mini-miss qui transforment les petites filles en poupées vulgaires, en pots de peinture ou en têtes couronnées.
Qui a pu guider ses pas : Une mère maltraitante pour qui la beauté et le fait de gagner des concours est la seule chose valable.
Ivre de prières : celles que l'ont fait pour gagner, celles que l'ont fait pour que s'arrête la souffrance.
Rythmée par le glas : le micro et son larsen, la minuterie qui indique la fin de l'interview.
Quel Dieu a pu vouloir ça : Aphrodite, déesse de la beauté ou America déesse de l'occident qui prône la chirurgie esthétique et l'épilation des sourcils dès le plus jeune âge.
Qui peut être fier de tant de dégâts : en tous cas pas moi.

Après la folie joyeuse de En attendant Bojangles que j'avais adoré et qui m'avait entraînée dans son tourbillon d'énergie, voilà Florida qui m'invite dans les bas-fonds du mal-être, de la souffrance, du rapport malsain au corps, de la famille dysfonctionnelle. Et ça fait mal.

J'ai eu mal comme lorsque j'ai lu Moi, Christiane F, droguée, prostituée.
Le style n'est pas le même.
Mais la finalité est l'enfer.

Olivier Bourdeaut sait magnifiquement bien écrire. Il sait jongler avec le léger et le pesant, avec l'enfance et la maturité. En quelques lignes il m'a à nouveau happée dans son univers, coupé le souffle. Il a laissé entrer les cauchemars dans mes nuits et le questionnement éthique à propos des concours de beauté dans mes classes.

Je ne t'oublierai pas de sitôt, Florida.
J'espère qu'au-delà des maltraitances qu'on t'a infligées, que tu t'es infligé toute seule, tu sauras voir le coin d'espérance des jours meilleurs qui sont promis à ceux qui osent y croire.
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