AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Blok


nouveau livre dans la considérable production littéraire parue dans le sillage du conflit ukrainien,qui tranche sur cette dernière et apporte un éclairage original.

Son titre est proche de celui du livre récent (2019de Galia Ackermann, le régiment immortel, la guerre sainte dé Poutine, consacré au rôle dans l'idéologie russe contemporaine dé la Seconde Guerre Mondiale, ou La Grande Guerre Patriotique comme l'appellent les Russes, le propos du présent ouvrage, qui intègre le rôle de ce conflit dans la Russie contemporaine, est plus vaste, puisqu'il intègre ce conflit, ainsi que la guerre actuelle menée contre l'Ukraine dans mille ans d'histoire russe, est beaucoup plus vaste. Par parenthèse, il montre que c'est à tort que l'on considère comme circonstanciel et anecdotique le rapport établi par le gouvernement russe entre ces deux conflits.
Pour les auteurs, ce qu'on appelle un peu vite en Occident le poutinisme est un avatar d'une idéologie beaucoup plus ancienne qui trouve ses origines dans mille ans d'histoire russe et qu'on a sans doute tort de traiter sur le mode de l'anathème comme la simple rconsequence de la psychologie pathologique d'un homme isolé, avec lequel elle disparaîtra, car il est loin d'en être l'origine, pas plus que le djihadisme (qui n'a d'ailleurs pas disparu après la mort de Khomeini) n'est la simple rconsequence de la pensée et de la personnalité de ses dirigeants actuels conséquence ou de l'histoire récente du Proche Orient.
Il faut au contraire remonter à l'origine même de l'Etat Russe, né avec la Rous de Kiev et les Rurikides,qui s'identifie très vite après la consersion de Saint Vladimir au christianisme orthodoxe,. Devenue Russie avec son développement dans le cadre de la Principauté de Moscou vue par la pensée orthodoxe, elle devient dans la pensée russe -orthodoxe dans le sillage de la bataille victorieuse de Koulikovo remportée sur les Tatars la Quatrième Rome, "Celle qui ne tombera pas"; cette appellation et Quatrième Rome ne doit cependant pas faire illusion : à la différence de l'Europe occidentale, contre laquelle se construit d'ailleurs en partie cette Quatrième Rome, la Russie n'a pas d'antiquité et son lien avec l'Antiquité gréco-romaine reste mineur. On sait que le Xixeme siècle voit s'opposer en Russie le courant occidental, rattachée au tzar Pierre le Grand et à la tzarine Catherine Il, , l'amie des philosophes (et certes cette tentation a existé et s'est peut-être incarnée une dernière fois sous Bois Eltsine, dont il ne faudrait pas oublié d'ailleurs qu'il a laissé un souvenir épouvantable en Russie), et le courant slavophile, représenté par de nombreux penseurs russes (au premier rang desquels il faut sans doute mettre Dostoïevski : sans la lecture de ses Frères Karamazov (dont on peut hélas deplorer l'absence propable sur la table de chevet des dirigeants et géopoliticiens occidentaux ) on ne comprend pas grand chose à la mentalité russe,)
Et le moment historique actuel est certes dans la mouvance slavophile (à laquelle aussi, et paradoxalement, il faut sans doute rattacher Staline, dont on ne doit pas oublier l'image très positive dans la Russie contemporaine), tout en trouvant comme on l'a dit ses origines dans un contexte plus vaste et plus ancien
De nombreux penseurs et intellectuels contemporains illustrent ces mouvances ; faute de pouvoir reprendre la nomenclature de ceux qui sont mentionnés dans l'ouvrage, on citera simplement ici Douguine (dont la fille a été assassinée par les services secrets ukrainiens) ou Baranov, connu chez nous par l'excellent roman de Da Empoli qui a cependant sans doute le tort de le voir essentiellement comme un opportuniste cynique et ambitieux
En conclusion la lecture de ce livre apparaît éminemment utile pour comprendre ce qui se passe actuellement en Russie, et continuera après Poutine(qui en est la dernière incarnation, et qu'on n'exorcisera pas en prétendant qu'il est fou, se condamnant ainsi à ne rien comprendre,).et après s la fin de la guerre
.Et il ne faut pas oublier qu'après ce dernier événement, quelles que soient ses modalités), la Russie ne se convertira pas aux droits de l'homme tels qu'on les entend en Occident ou à la démocratie libérale, pas plus qu'elle ne déménagera loin de nous
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}