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Critique de ghislainemota


Avec" L'usage du monde" de Nicolas Bouvier, exit les panses flottants dans les piscines, exit les transats solitaires aux serviettes abandonnées, exit la nourriture qui se carapate des assiettes pleine de promesses d'indigestion.
Heureux Bouvier qui n'a pas connu les voyages de masse de notre époque.
Sorti en 1953 de sa Suisse natale, l'écrivain- voyageur est parti avec deux avantages précieux: du temps "deux ans devant nous" et un compagnon de voyage, le dessinateur Thierry Vernet. Dans ces conditions, voyager constitue une aventure merveilleuse où l'homme s'extirpe de son conformisme. Et quand arrive la vingtaine, les ailes vous poussent vers l'ailleurs.
Le périple commence en Serbie. le duo traverse la Yougoslavie, la Turquie, l'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan à bord de leur Fiat Topolino qui s'essouffle très souvent, un vers du poète persan Hafiz sur la portière.
Des tziganes musiciens, des kurdes, des Lazaristes ou des Français désoeuvrés, des mollahs, ou des kilinars afghans vont traverser la vie des deux jeunes nomades avides de découvertes. Adieu l'embourgeoisement.
Il faut se délester des scories de notre monde occidental pour absorber odeurs, musiques, attitudes des diverses communautés qui sont le sel de l'Asie centrale.

Avec délectation, j'ai découvert un écrivain-voyageur à la plume poétique où le sens de l'observation s'aiguise au fur et à mesure du voyage, un "oeil qui écrit" dira François Laut

Moins philosophe que Tesson, moins téméraire que Horn, Bouvier m'a entrainée dans les fameuses tchaîkhanes où le thé vous attend. J'ai pesté contre la Fiat la rage aux dents dans les cols enneigés ou dans le sable liquide de la dune de Shurgar. Mon corps empestait dans les décombres de la décharge pakistanaise où le tapuscrit fut jeté par ignorance. Et les mouches, une torture!
La route de Bouvier est un monde de vicissitudes, d'inattendus. Mais aussi un monde de plénitude "Cette fois, le monde a changé d'échelle...".
Et d'introduire dans son récit l'histoire des contrées traversées.
J'ai partagé avec enthousiasme les tribulations et les sensations de l'auteur. Mais en 2022 existe-t-il encore des endroits où l'évasion et l'émerveillement soient possibles?
L'uniformisation guette notre planète certes mais je ne suis pas pessimiste.
Je sais pourtant une chose: les lectures comme les voyages transforment l'homme.
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