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EAN : 9784621002438
Le Livre qui parle (11/04/2016)
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4.22/5   1271 notes
Résumé :
A l'été 1953, un jeune homme de vingt-quatre ans, fils de bonne famille calviniste, quitte Genève et son université, où il suit des cours de sanscrit, d'histoire médiévale puis de droit, à bord de sa Fiat Topolino.
Nicolas Bouvier a déjà effectué de courts voyages ou des séjours plus longs en Bourgogne, en Finlande, en Algérie, en Espagne, puis en Yougoslavie, via l'Italie et la Grèce. Cette fois, il vise plus loin : la Turquie, l'Iran, Kaboul puis la front... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (132) Voir plus Ajouter une critique
4,22

sur 1271 notes
L'art du voyage : rien à voir avec les migrations tarifées et édulcorées pour visiter des points de vue célèbres ou même leur fac-simile, ou parcourir les mers sur des buildings flottants au rythme d'étapes express. Lorsque Thierry et Nicolas prennent la route, c'est avec rien dans les poches et au volant d'un véhicule minimaliste, tant dans ses dimensions qui lui valent le sobriquet de pot de yaourt, que dans sa conception : aucune électronique, un moteur de base, quatre roues et hop, en route pour l'aventure.

Départ de Suisse, en visant l'Inde. Mais le but du chemin est justement le chemin lui-même, les rencontres qu'il suscite, au fil des étapes improvisées : pas de bons d'échange, tout au plus parfois une recommandation plus ou moins crédible. La météo et l'état des routes commandent le processus.

Le regard est sans jugement, quelles que soient les difficultés rencontrées, hébergement de cauchemar, intoxication alimentaire, déshydratation et même blessures sérieuses, sont décrites comme des aléas, qui ne les feront pas renoncer.


Un tel périple n'est plus envisageable. le voyageur a évolué, même l'aventure se dote d'équipements technologiques censés assurer la sécurité. Rares seront les villages qui ne seront pas reliés au reste du monde. Et la politique des trente dernières années fait oublier toute idée de sinécure.

C'est ce qui fait la rareté et la richesse de ce récit, d'un autre temps, d'un autre rapport au monde.

Et curieusement, l'arrivée en Afghanistan marque une rupture dans le style serein du narrateur, qui pique un coup de gueule enragé contre…mais je vous laisse le découvrir. C'est suffisamment drôle pour en préserver la surprise.



C'est un récit indispensable, qui nous fait mesurer l évolution de notre monde dans les cinquante dernières années, pour le meilleur et pour le pire.

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L'usage du monde, est une sorte de récit de voyage magnifique, écrit par Nicolas Bouvier, teinté de poésie. C'est l'histoire d'un jeune homme bourgeois parti de Suisse en juin 1953, à bord d'une vieille Fiat Topolino vers l'Est, vers la Yougoslavie, la Turquie, l'Iran, le Pakistan, avec son ami, peintre, Thierry Vernet, dont le récit est illustré de ses dessins merveilleux. C'est un voyage qu'il serait impensable de refaire aujourd'hui sur le même itinéraire et dans des conditions identiques.
L'usage du monde, voilà un ouvrage qui m'a donné envie en 1989 de partir, presque dans la même direction, l'Est, mais plutôt l'Inde et le Népal en ce qui me concerne. À défaut d'emprunter une vieille Fiat, je dois avouer que j'avais pris l'avion jusqu'à Delhi. Et ensuite des autocars, des trains et un sac à dos, en passant par le Penjab et le Cachemire puis Bénarès, jusqu'à Katmandou. Et pourtant, c'était bien ce récit, L'usage du monde, qui m'avait donné envie de prendre la tangente pour ne serait-ce que cinq semaines, eux étaient partis pour deux ans... Ce n'était pas pour moi un voyage touristique, c'était juste une manière de partir très loin, là-bas.
Dès le début de son récit, Nicolas Bouvier dit que son voyage se passe de motifs. Au départ, Je n'ai pas bien compris ce propos lorsque je suis parti. On part toujours pour quelque chose, ou à cause de quelqu'un. Mais aujourd'hui, je comprends peut-être mieux l'intention de cette pensée...
Je pense qu'il voulait rencontrer le monde. Ses mots magnifiques, empreints d'une très grande poésie, nous transportent, nous projettent jusqu'au bout du monde.
Ici, dans ce texte, j'ai perçu très rapidement une invitation à nous alléger. S'alléger de nos vies, de notre passé. Peut-être du futur aussi. En effet, le voyage allège. Pas tout de suite il est vrai. Il faut attendre quelques jours, le temps que le voyage fasse son travail de décantation avec les jours et les paysages d'avant...
C'est aussi une invitation à se rencontrer soi-même. Les voyages permettent d'aller à la rencontre de soi-même. Je pense que Nicolas Bouvier a pu se rencontrer, face à lui-même dans ce long voyage.
C'est aussi la rencontre de ce qui est différent de nous. Les voyages nous amènent à ce qui est différent de nos vies. Nicolas Bouvier donne ce ton, offre cette différence.
C'est un texte qui nous concerne. Qui nous interpelle. Il est très accessible. Je pense qu'il est toujours actuel, soixante ans plus tard. C'est une littérature placée dans l'âme des gens. Nous avons l'impression de traverser l'âme du monde mais aussi l'âme d'un écrivain, l'âme de son auteur, Nicolas Bouvier.
Dans ce texte, on y croise les musiques du monde et puis aussi les cuisines, les saveurs. La cuisine, les odeurs sont importantes lorsqu'on voyage, cela permet de faire le lien entre celui qui arrive et celui qui reçoit. Je me rappellerai toujours d'un plat fortement épicé chez des hôtes du Cachemire et leurs regards hilares lorsqu'ils ont vu mon visage se décomposer sous la force des épices. Je me souviens aussi d'un merveilleux thé offert avec un beurre rance de yack, lors de la cérémonie d'un enterrement de vie de garçon, dans une maison de Srinagar. Je me souviens d'avoir dansé avec le père du futur marié.
Dire les choses autrement, une musique entendue, un plat qu'on partage entre convives aux confins de l'Iran avec la neige tout autour, des gestes du quotidien, que l'auteur nous restitue dans leurs fragrances... Il y a des odeurs, des saveurs, des bruits... C'est une exploration des sens. C'est un texte sensoriel, sensuel. Il touche le monde par tous les sens.
Et puis il y a cet instant cocasse qui surprend l'écrivain et le peintre un jour dans leur voyage : des tortues qui se livrent dans leurs amours d'automne, dans le choc entremêlé de leurs carapaces... J'ai alors pensé que les animaux n'étaient pas tous sur le même pied d'égalité, s'agissant de leurs pérégrinations nuptiales...
L'écriture de Nicolas Bouvier nous parle aussi de la condition humaine, l'ineffable, l'impossible à dire. Ce qu'on ne peut pas dire sur le mystère de la condition humaine, alors on avance par petites touches, par impressions, de manière instantanée... Finalement, avance-t-on autrement dans nos vies singulières et parfois tourmentées ?
Le monde nous offre des choses extraordinaires, des moments fabuleux, nous sommes trop petits devant cela. Nous les vivons durant l'immanence de l'instant, mais nous ne savons pas les garder. C'est là que l'écrivain revient plus tard pour tenter de retrouver les mots justes, rattraper ces instants qu'on croyait éphémères.
Un voyage est aussi quelque chose de fragile. Il ne faut jamais l'oublier.
Sé dépouiller pour entendre la polyphonie du monde, être l'écho du monde. Nicolas Bouvier est généreux lorsqu'il nous restitue cette polyphonie du monde, au plus simple et au plus juste. Il traverse des mondes et nous en restitue avec grâce les sons, les murmures, les voix, les musiques...
Il rappelle d'une manière convaincante que les voyages et la lecture peuvent changer nos vies.
Comment restituer des années plus tard des impressions si vives sans passer par l'imaginaire. Il y a le travail de l'écrivain. Il y a le travail de l'ami, Thierry Vernet, peintre. Une perception du monde, picturale, qui va à l'essentiel. Ils vont tous les deux à l'essentiel. Ne jamais s'attacher à l'exotisme.
Ils ont connu des galères, leur voiture en panne, la prison aussi. Je me souviens d'un éboulement dans la montagne à cause de la mousson, sur le route entre le Penjab et le Cachemire, qui faillit à quelques secondes près emporter le bus dans lequel je voyageais vers le ravin en contrebas où les carlingues d'autres autocars gisaient. C'est en voyant une femme se prosterner à genoux et prier dans l'allée du car que j'ai compris le danger qui venait de nous effleurer. Je me souviens avoir été pris en otage avec un couple de bretons durant une journée entière par des sikhs intégristes à Agra, la merveilleuse ville du Taj Mahal, pour une banale histoire de pierres semi-précieuses qu'on refusait de leur acheter... Je me souviens de notre course éperdue dans les rues d'Agra pour fuir leur maison, récupérer nos affaires à l'hôtel, gagner la gare au plus vite et prendre le train pour Bénarès. Je n'ai jamais couru aussi vite depuis.
C'est l'aventure d'un voyage qui dépouille un peu plus.
Percevoir le monde en allant à l'essentiel. Être le plus proche des choses. Il écrit son voyage comme un peintre aussi.
Est-ce le voyage qui fait l'écrivain ? Lorsque la mémoire revient sur les lieux du voyage, longtemps après, il y a les mots qui s'impriment, habités sans doute par l'imaginaire, mais aussi d'une émotion retrouvée lorsqu'on ferme les yeux et qu'on revient quelques instants plus tard sur ses pas...
Epuiser le tremblement du monde. Montrer ce qui compose le monde et montrer aussi le silence, le rythme, les blancs, tout ce qu'on ne peut dire et qu'existe malgré tout.
Plus tard, au retour de mon voyage, il me restait des photos que je contemplais avec nostalgie. Mais que disait-elle ? L'essentiel était peut-être ce que je pouvais en dire, écrire aussi... Laisser une trace avec des mots.
Trouver les mots justes et en même temps laisser le silence avec ce qu'il a à dire.
Nicolas Bouvier a toujours une distance pleine de tendresse sur les pays visités.
Nicolas Bouvier est un passeur. Il a envie de transmettre ce ressenti du voyage. Tendre la main. Nous sommes prêts à la saisir sans hésiter. Passer vers l'autre rive...
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Présenté comme un classique de la littérature de voyage, ce livre est surtout un livre d'ouverture sur le monde et un livre de découverte de l'autre et de soi. Mais n'est-ce pas là en fait l'essence du voyage ?
Que celui qui cherche un guide touristique passe son chemin. Ce livre est le témoignage d'un voyage tel qu'il ne pourra plus être refait. C'est l'histoire d'un périple de plus d'un an (entre 1953 et 1954) entre la Serbie et les portes de l'Inde. Un parcours lent où les deux voyageurs, Nicolas Bouvier et son ami peintre Thierry Vernet, vivront de leurs talents (journalisme, exposition de peinture, musique) et avanceront au fil du vent en fonction de leur bonne (ou mauvaise) fortune. Avec une vieille épave qui leur sert de monture, un magnétophone pour enregistrer les chants serbes, tsiganes ou perses, une machine à écrire pour mettre en forme les souvenirs, et quelques pinceaux et toiles, les deux compères vont traverser la Serbie, la Macédoine, la Turquie, l'Iran, l'Azerbahidjan (ils feront escale tout un hiver a Tabriz), l'Afghanistan, pour enfin rejoindre Khyber Pass, aux portes du Pakistan, l'oeil tourné vers l'Inde. Rien qu'à l'énoncé de ces destinations on comprend ce que leur témoignage a d'exceptionnel. Ils sont passé dans ces contrées avant qu'elles ne soient re-déchirées par les guerres, à une époque où la lettre, même dans ces contrées reculées, était encore le plus sûr moyen de communiquer et où la langue française avait encore une certaine aura.
Un livre d'une écriture très stylée (peut-être même presque précieuse), qui n'invite pas totalement au voyage (les galères y sont foison … y compris un pittoresque séjour en prison faute de pouvoir se payer l'hotel), mais qui se lit avec beaucoup de plaisir et avec lenteur. Il lui manque une seule chose (du moins à mon édition): une carte de géographie !
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En 1953, à la fin du mois de juillet, Nicolas Bouvier quitte Genève au volant de sa vieille Fiat Topolino. Il se dirige vers Belgrade où il doit rejoindre son ami Thierry Vernet. Les deux hommes prendront ensuite la route vers la Turquie, l'Iran, l'Afghanistan… « Nous avions deux ans devant nous et de l'argent pour quatre mois. le programme était vague, mais dans de pareilles affaires, l'essentiel est de partir. » Ce départ n'a pas besoin d'être justifié ou d'avoir une destination précise, le voyage comme expérience se suffit à lui-même.

Il connaitront au cours de ce périple des instants de grâces et des moments de profond désespoir. Ils endureront les climats les plus extrêmes, le rude hiver d'une région montagneuse ou la chaleur écrasante d'un désert rocheux. Ils feront les rencontres les plus diverses, croisant des personnages extraordinaires ou providentiels. La violence existe dans ces contrées reculées et il est souvent nécessaire de suivre son instinct pour éviter autant que possible le danger. Autres périls : les maladies. Ils devront faire face à la malaria, à la jaunisse ou aux fièvres de diverses natures. Ils rencontrent aussi des problèmes d'argent, ils doivent trouver sur place de nouvelles ressources pour continuer à voyager, et des problèmes mécaniques. Dans les cotes abruptes, ce sont les deux amis qui poussent la Fiat et ils traverseront le désert d'Iran à faible allure, bloqués sur la deuxième vitesse.

Nicolas Bouvier ne rédige pas un compte-rendu exhaustif de son voyage. Son récit comprend de nombreuses ellipses et semble n'être composé que de bribes. Il parvient pourtant à reconstituer ces univers en relevant des sons, des musiques, des langages, en saisissant les couleurs dominantes et les nuances de luminosité. le récit est fait de portraits saisissants, d'anecdotes parfois drôles, souvent terribles et de quelques maximes pleines de sagesse.

Pour finir, je reprends les dernières lignes du texte « Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr.»

Au cours du voyage, le jugement et la compréhension s'effacent pour laisser la place à l'ouverture, la curiosité et l'intuition. C'est ce qu'il entend lorsqu'il écrit que « le voyage permet de sortir de soi, c'est une purge de l'âme. » Il s'agit d'être présent et ouvert au monde, sans préjugé.
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Avec" L'usage du monde" de Nicolas Bouvier, exit les panses flottants dans les piscines, exit les transats solitaires aux serviettes abandonnées, exit la nourriture qui se carapate des assiettes pleine de promesses d'indigestion.
Heureux Bouvier qui n'a pas connu les voyages de masse de notre époque.
Sorti en 1953 de sa Suisse natale, l'écrivain- voyageur est parti avec deux avantages précieux: du temps "deux ans devant nous" et un compagnon de voyage, le dessinateur Thierry Vernet. Dans ces conditions, voyager constitue une aventure merveilleuse où l'homme s'extirpe de son conformisme. Et quand arrive la vingtaine, les ailes vous poussent vers l'ailleurs.
Le périple commence en Serbie. le duo traverse la Yougoslavie, la Turquie, l'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan à bord de leur Fiat Topolino qui s'essouffle très souvent, un vers du poète persan Hafiz sur la portière.
Des tziganes musiciens, des kurdes, des Lazaristes ou des Français désoeuvrés, des mollahs, ou des kilinars afghans vont traverser la vie des deux jeunes nomades avides de découvertes. Adieu l'embourgeoisement.
Il faut se délester des scories de notre monde occidental pour absorber odeurs, musiques, attitudes des diverses communautés qui sont le sel de l'Asie centrale.

Avec délectation, j'ai découvert un écrivain-voyageur à la plume poétique où le sens de l'observation s'aiguise au fur et à mesure du voyage, un "oeil qui écrit" dira François Laut

Moins philosophe que Tesson, moins téméraire que Horn, Bouvier m'a entrainée dans les fameuses tchaîkhanes où le thé vous attend. J'ai pesté contre la Fiat la rage aux dents dans les cols enneigés ou dans le sable liquide de la dune de Shurgar. Mon corps empestait dans les décombres de la décharge pakistanaise où le tapuscrit fut jeté par ignorance. Et les mouches, une torture!
La route de Bouvier est un monde de vicissitudes, d'inattendus. Mais aussi un monde de plénitude "Cette fois, le monde a changé d'échelle...".
Et d'introduire dans son récit l'histoire des contrées traversées.
J'ai partagé avec enthousiasme les tribulations et les sensations de l'auteur. Mais en 2022 existe-t-il encore des endroits où l'évasion et l'émerveillement soient possibles?
L'uniformisation guette notre planète certes mais je ne suis pas pessimiste.
Je sais pourtant une chose: les lectures comme les voyages transforment l'homme.
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critiques presse (1)
Telerama
09 décembre 2015
Au journal de Bouvier, cette édition soignée et fidèle à l'original joint les dessins à l'encre du talentueux Vernet — « mon frère jumeau », disait l'écrivain.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (278) Voir plus Ajouter une citation
J’aurai longtemps vécu sans savoir grand-chose de la haine. Aujourd’hui j’ai la haine des mouches. Y penser seulement me met les larmes aux yeux. Une vie entièrement consacrée à leur nuire m’apparaîtrait comme un très beau destin. Aux mouches d’Asie s’entend, car, qui n’a pas quitté l’Europe n’a pas voix au chapitre. La mouche d’Europe s’en tient aux vitres, au sirop, à l’ombre des corridors. Parfois même elle s’égare sur une fleur. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, exorcisée, autant dire innocente. Celle d’Asie, gâtée par l’abondance de ce qui meurt et l’abandon de ce qui vit, est d’une impudence sinistre. Endurante, acharnée, escarbille d’un affreux matériau, elle se lève matines et le monde est à elle. Le jour venu, plus de sommeil possible. Au moindre instant de repos, elle vous prend pour un cheval crevé, elle attaque ses morceaux favoris : commissures des lèvres, conjonctives, tympan. Vous trouve-t-elle endormi? elle s’aventure, s’affole et va finir par exploser d’une manière bien à elle dans les muqueuses les plus sensibles des naseaux, vous jetant sur vos pieds au bord de la nausée. Mais s’il y a plaie, ulcère, boutonnière de chair mal fermée, peut-être pourrez-vous tout de même vous assoupir un peu, car elle ira là, au plus pressé, et il faut voir quelle immobilité grisée remplace son odieuse agitation. On peut alors l’observer à son aise : aucune allure évidemment, mal carénée, et mieux vaut passer sous silence son vol rompu, erratique, absurde, bien fait pour tourmenter les nerfs – le moustique, dont on se passerait volontiers, est un artiste en comparaison.

Cafards, rats, corbeaux, vautours de quinze kilos qui n’auraient pas le cran de tuer une caille; il existe un entre-monde charognard, tout dans les gris, les bruns mâchés, besogneux au couleurs minables, aux livrées subalternes, toujours prêts à aider au passage. Ces domestiques ont pourtant leurs points faibles – le rat craint la lumière, le cafard est timoré, le vautour ne tiendrait pas dans le creux de la main – et c’est sans peine que la mouche en remontre à cette piétaille. Rien ne l’arrête, et je suis persuadé qu’en passant l’Ether au tamis on y trouverait encore quelques mouches.

Partout où la vie cède, reflue, la voilà qui s’affaire en orbes mesquines, prêchant le Moins – finissons-en…renonçons à ces palpitations dérisoires, laissons faire le gros soleil – avec son dévouement d’infirmière et ses maudites toilettes de pattes.

L’homme est trop exigeant: il rêve d’une mort élue, achevée, personnelle, profil complémentaire du profil de sa vie. Il y a travaille et parfois il l’obtient. La mouche d’Asie n’entre pas dans ces distinctions-là. Pour cette salope, mort ou vivant c’est bien pareil et il suffit de voir le sommeil des enfants du Bazar (sommeil de massacrés sous les essaims noirs et tranquilles) pour comprendre qu’elle confond tout à plaisir, en parfaite servante de l’informe.

Les anciens, qui y voyaient clair, l’ont toujours considérée comme engendrée par le Malin. Elle en a tous les attributs : la trompeuse insignifiance, l’ubiquité, la prolifération foudraoyante, et plus de fidélité qu’un dogue (beaucoup vous auront lâché qu’elle sera encore là).

Les mouches avaient leurs dieux : Baal-Zeboub (Belzébuth) en Syrie, Melkart en Phénicie, Zeus Apomyios d’Elide, auxquels on sacrifiait, en les priant bien fort d’aller paître plus loin leurs infects troupeaux. Le Moyen-Age les croyait nées de la crotte, ressuscitées de la cendre, et les voyait sortir de la bouche du pécheur. Du haut de sa chaire, saint Bernard de Clairvaux les foudroyait par grappes avant de célébrer l’office. Luther lui-même assure, dans une de ses lettres, que le Diable lui envoie ses mouches qui “ "conchient son papier” ".

Aux grandes époques de l’empire chinois, on a légiféré contre les mouches, et je suis bien certain que tous les Etats vigoureux se sont, d’une manière et de l’autre, occupés de cet ennemi. On se moque à bon droit – et aussi parce que c’est la mode – de l’hygiène maladive des Américains. N’empêche que, le jour où avec une esquadrille lestée de bombes DDT ils ont occis d’un seul coup les mouches de la ville d’Athènes, leurs avions naviguaient exactement dans les sillage de saint Georges.
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1. Culture, art et dénuement
Pendant mes années d’études, j’avais honnêtement fait de la « culture » en pot, du jardinage intellectuel, des analyses, des gloses et des boutures ; j’avais décortiqué quelques chefs-d’œuvre sans saisir la valeur d’exorcisme de ces modèles, parce que chez nous l’étoffe de la vie est si bien taillée, distribuée, cousue par l’habitude et les institutions que, faute d’espace, l’invention s’y confine en des fonctions décoratives et ne songe plus qu’à faire " plaisant ", c’est-à-dire : n’importe quoi. Il en allait différemment ici ; être privé du nécessaire stimule, dans certaines limites, l’appétit de l’essentiel. La vie, encore indigente, n’avait que trop besoin de formes et les artistes – j’inclus dans ce terme tous les paysans qui savent tenir une flûte, ou peinturlurer leur charrette de somptueux entrelacs de couleurs – étaient respectés comme des intercesseurs ou des rebouteux.

2. Philosophie
La vertu d’un voyage, c’est de purger la vie avant de la garnir.

3. La peur
La moitié au moins de ces malaises sont –on le comprend plus tard- une levée de l’instinct contre un danger sérieux. Il ne faut pas se moquer de ces avertissements. Avec les histoires de bandits et de loups, bien sûr, on exagère ; cependant, entre l’Anatolie et le Khyber Pass il y a plusieurs endroits où de grands braillards lyriques, le cœur sur la main, ignorants comme des bornes, ont voulu à toute force se risquer, et ont cessé de donner de leurs nouvelles. Pas besoin de brigands pour cela ; il suffit d’un hameau de montagne misérable et isolé, d’une de ces discussions irritées à propos d’un pain ou d’un poulet où, faute de se comprendre, on gesticule de plus en plus fort, avec des regards de plus en plus inquiets jusqu’à l’instant où six bâtons se lèvent rapidement au-dessus d’une tête. Et tout ce qu’on a pu penser de la fraternité des peuples ne les empêche pas de retomber.

4. Comment savoir si on doit prendre la route avec le risque de cols enneigés ?
A La Poste où j’étais allé m’informer, on me dit « jusqu’à Erzerum c’est bon, la rote est sèche. Au-delà, nous ne savons pas. Nous pourrions bien télégraphier dans l’est mais vous perdriez du temps à attendre la réponse, et cela coûterait… allez plutôt demander au lycée ; ils ont en internat des gamins de toute l’Anatolie qui sauront bien le temps qu’il fait chez eux.
Au lycée où j’exposai mon affaire, le professeur français interrompit sa leçon et posa la question à sa classe, lentement et en français. Personne ne broncha. Il la répéta en turc, avec un peu d’embarras, et aussitôt plusieurs lettres froissées sortirent des tabliers et les petites mains aux ongles noirs se levèrent l’une après l’autre… il n’avait pas encore neigé à Kars… ni à Van, ni à Kagisman… un peu seulement à Karaköse mais ça n’avait pas tenu. L’opinion générale, c’était que pendant une quinzaine encore nous passerions sans peine.

5. Comment le maire sortant d’un village se fait réélire
Il avait même laissé son adversaire – un instituteur progressiste – s’adresser le premier aux paysans réunis sur la place, s’en prendre à la corruption de Téhéran, à la rapacité des arbabs, et promettre la lune. Quand son tour était venu, le vieux s’était contenté d’ajouter : " Ce que vous venez d’entendre n’est que trop vrai… moi-même je ne suis pas un homme très bon. Mais vous me connaissez : je vous prends peu et vous protège de plus gourmands que moi. Si ce jeune homme est aussi honnête qu’il le dit, il ne saura pas vous défendre contre ceux de la capitale. C’est évident. S’il ne l’est pas, rappelez-vous qu’il commence sa vie et que ses coffres sont vides ; je termine la mienne et mes coffres sont pleins. Avec qui risquez-vous le moins ? "
Les paysans avaient trouvé qu’il parlait d’or et lui avaient donné leurs voix. Ici, on ne s’effarouche pas de raisons si abruptes.

6. La vie s’organise autour d’un pont infranchissable à cause des crues
Rien à faire pour traverser, mais comme l’eau pouvait baisser d’un jour à l’autre, les bus et les camions continuaient d’arriver de l’est et de l’ouest, et comme les berges étaient ameublies par la pluie, beaucoup s’embourbèrent aux deux têtes du pont. Moi aussi. On s’installa. Les rives étaient déjà couvertes de caravanes et de troupeaux. Puis une tribu de Karachi qui descendaient vers le sud établirent leurs petites forges et se mirent à bricoler pour les camionneurs qui ne pouvaient pas, bien sûr, abandonner leur chargement. Les chauffeurs qui travaillaient à leur compte se mirent d’ailleurs bientôt à l’écouler sur place, à le troquer contre des légumes des paysans du voisinage. Au but d’une semaine, il y avait une vile à chaque tête de pont, des tentes, des milliers de bêtes qui bêlaient, meuglaient, blatéraient, des fumées, de la volaille, des baraques de feuillage et de planches abritant plusieurs tchâikhane, des familles qui louaient leur place sous la bâche des camions vides, de furieuses parties de jacquet, quelques derviches qui exorcisaient les malades, sans compter les mendiants et les putains qui s’étaient précipités pour profiter de l’aubaine. Un chahut magnifique… et l’herbe qui commençait à verdir. Il ne manquait que la mosquée. La vie, quoi !
Quand l’eau baissa tout se défit comme en songe. Et tout ça, à cause d’un pont qui ne devait pas se rompre… La Perse est encore le pays du merveilleux.
Ce mot me fit songer. Chez nous, le " merveilleux " serait plutôt l’exceptionnel qui arrange ; il est utilitaire, ou au moins édifiant. Ici, il peut naître aussi bien d’un oubli, d’un péché, d’une catastrophe qui, en rompant le train des habitudes, offre à la vie un champ inattendu pour déployer ses fastes sous des yeux toujours prêts à s’en réjouir.

7. Quand les mauvais conseils portent leurs fruits
En tout cas, cet insuccès n’avait entamé en rien l’optimisme de Ghaleb qui continuait à nous promettre des avantages, des cartes, des débouchés chimériques ; à nous proposer des entrevues ou des protections qui ne dépendaient pas de lui. Par gentillesse sincère, pour nous dérider, pour nous redonner du cœur. Où serait le plaisir de promettre s’il fallait ensuite toujours tenir. Nous bercer d’illusions, c’était sa manière à lui de nous aider. ( Et il nous aidait. Plusieurs fois, pour organiser des conférences ou une exposition, nous rendîmes visite – en nous recommandant de lui – à des personnages que Ghaleb se flattait imprudemment de connaître. Il n’en était rien, mais les fausses clefs ouvrent aussi les portes ; après quelques minutes d’embarras, l’entretien tournait souvent à notre avantage. Ghaleb pâlissait lorsqu’on lui rapportait ces démarches : "…Le recteur vous a reçu ? et de ma part ? Moi, vous savez, je n’en parlais qu’en passant… et ça a marché ? C’est invraisemblable ! Entre nous, il y a deux ans que je lui demande un rendez-vous, peut-être pourriez-vous lui dire un mot en ma faveur. "

8. Chaleur et déshydratation
A Yezd, la plupart des produits arrivent déjà de l’ouest par camion, la vie est chère… Mais début juillet, la chaleur, la soif et les mouches : on les a pour rien.
Dans le désert de Yezd, le casque et les lunettes fumées ne suffisent plus ; il faudrait encore s’emmitoufler comme le font les bédouins. Mais nous roulons la chemise ouverte, les bras nus, et dans la journée le soleil et le vent nous tirent en douce plusieurs litres d’eau. Le soir, on croit rétablir l’équilibre avec une vingtaine de verres de thé léger qu’on transpire aussitôt, puis on se jette sur le lit bouillant avec quelque espoir de dormir. Mais, dans le sommeil, la sécheresse travaille et couve comme un feu de brousse ; tout l’organisme brame, s’affole, et on se retrouve debout le souffle court, le nez bourré de foin, les doigts en parchemin, tâtonnant dans le noir à la recherche d’un peu d’humide, d’un fond d’eau saumâtre, ou de vieilles épluchures de melon où plonger son visage. Trois ou quatre fois par nuit cette panique vous jette sur vos pieds, et quand enfin on va pouvoir dormir : c’est l’aube, les mouches bourdonnent et, dans la cour de l’auberge, des vieillards en pyjama jacassent d’une voix stridente en fumant leur première cigarette. Puis le soleil se lève et recommence à pomper…


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Ce jour-là, j'ai bien cru tenir quelque chose et que ma vie s'en trouverait changée.
Mais rien de cette nature n'est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centre de l'âme qu'il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr.
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Et surtout il y a le bleu. Il faut venir jusqu'ici pour découvrir le bleu. Dans les Balkans déjà, l’œil s'y prépare; en Grèce, il domine mais il fait l'important : un bleu agressif, remuant comme la mer, qui laisse encore percer l'affirmation, les projets, une sorte d'intransigeance. Tandis qu'ici ! Les portes des boutiques, les licous des chevaux, les bijoux de quatre sous : partout cet inimitable bleu persan qui allège le cœur, qui tient l'Iran à bout de bras, qui s'est éclairé et patiné avec le temps comme s'éclaire la palette d'un grand peintre. Les yeux de lapis des statues akkadiennes, le bleu royal des palais parthes, l'émail plus clair de la poterie seldjoukide, celui des mosquées séfévides, et maintenant, ce bleu qui chante et qui s'envole, à l'aise avec les ocres du sable, avec le doux vert poussiéreux des feuillages, avec la neige, avec la nuit...
Ecrire dans un bistrot dont les poules fientent entre vos pieds tandis que cinquante curieux se pressent contre la table, n'est pas propre à vous détendre ... Exposer sa peinture - après bien des démarches - et ne pas vendre une toile, non plus.On se lasse aussi de courir la ville d'échec en échec, un fort soleil sur les épaules. Mais quand le courage manque, on peut toujours aller voir la vaisselle bleue de Kachan au musée ethnographique : des plats, des bols, des aiguières qui sont l'apaisement même et auxquels la lumière de l'après-midi imprime une très lente pulsation qui envahit bientôt l'esprit du spectateur. Peu de contrariétés résistent à ce traitement là.
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J’aurai longtemps vécu sans savoir grand-chose de la haine. Aujourd’hui j’ai la haine des mouches. Y penser seulement me met les larmes aux yeux. Une vie entièrement consacrée à leur nuire m’apparaîtrait comme un très beau destin. Aux mouches d’Asie s’entend, car, qui n’a pas quitté l’Europe n’a pas voix au chapitre. La mouche d’Europe s’en tient aux vitres, au sirop, à l’ombre des corridors. Parfois même elle s’égare sur une fleur. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, exorcisée, autant dire innocente. Celle d’Asie, gâtée par l’abondance de ce qui meurt et l’abandon de ce qui vit, est d’une impudence sinistre. Endurante, acharnée, escarbille d’un affreux matériau, elle se lève matines et le monde est à elle. Le jour venu, plus de sommeil possible. Au moindre instant de repos, elle vous prend pour un cheval crevé, elle attaque ses morceaux favoris : commissures des lèvres, conjonctives, tympan. Vous trouve-t-elle endormi? elle s’aventure, s’affole et va finir par exploser d’une manière bien à elle dans les muqueuses les plus sensibles des naseaux, vous jetant sur vos pieds au bord de la nausée. Mais s’il y a plaie, ulcère, boutonnière de chair mal fermée, peut-être pourrez-vous tout de même vous assoupir un peu, car elle ira là, au plus pressé, et il faut voir quelle immobilité grisée remplace son odieuse agitation. On peut alors l’observer à son aise : aucune allure évidemment, mal carénée, et mieux vaut passer sous silence son vol rompu, erratique, absurde, bien fait pour tourmenter les nerfs – le moustique, dont on se passerait volontiers, est un artiste en comparaison.

Cafards, rats, corbeaux, vautours de quinze kilos qui n’auraient pas le cran de tuer une caille; il existe un entre-monde charognard, tout dans les gris, les bruns mâchés, besogneux au couleurs minables, aux livrées subalternes, toujours prêts à aider au passage. Ces domestiques ont pourtant leurs points faibles – le rat craint la lumière, le cafard est timoré, le vautour ne tiendrait pas dans le creux de la main – et c’est sans peine que la mouche en remontre à cette piétaille. Rien ne l’arrête, et je suis persuadé qu’en passant l’Ether au tamis on y trouverait encore quelques mouches.

Partout où la vie cède, reflue, la voilà qui s’affaire en orbes mesquines, prêchant le Moins – finissons-en…renonçons à ces palpitations dérisoires, laissons faire le gros soleil – avec son dévouement d’infirmière et ses maudites toilettes de pattes.

L’homme est trop exigeant: il rêve d’une mort élue, achevée, personnelle, profil complémentaire du profil de sa vie. Il y a travaille et parfois il l’obtient. La mouche d’Asie n’entre pas dans ces distinctions-là. Pour cette salope, mort ou vivant c’est bien pareil et il suffit de voir le sommeil des enfants du Bazar (sommeil de massacrés sous les essaims noirs et tranquilles) pour comprendre qu’elle confond tout à plaisir, en parfaite servante de l’informe.

Les anciens, qui y voyaient clair, l’ont toujours considérée comme engendrée par le Malin. Elle en a tous les attributs : la trompeuse insignifiance, l’ubiquité, la prolifération foudraoyante, et plus de fidélité qu’un dogue (beaucoup vous auront lâché qu’elle sera encore là).

Les mouches avaient leurs dieux : Baal-Zeboub (Belzébuth) en Syrie, Melkart en Phénicie, Zeus Apomyios d’Elide, auxquels on sacrifiait, en les priant bien fort d’aller paître plus loin leurs infects troupeaux. Le Moyen-Age les croyait nées de la crotte, ressuscitées de la cendre, et les voyait sortir de la bouche du pécheur. Du haut de sa chaire, saint Bernard de Clairvaux les foudroyait par grappes avant de célébrer l’office. Luther lui-même assure, dans une de ses lettres, que le Diable lui envoie ses mouches qui “ "conchient son papier” ".

Aux grandes époques de l’empire chinois, on a légiféré contre les mouches, et je suis bien certain que tous les Etats vigoureux se sont, d’une manière et de l’autre, occupés de cet ennemi. On se moque à bon droit – et aussi parce que c’est la mode – de l’hygiène maladive des Américains. N’empêche que, le jour où avec une esquadrille lestée de bombes DDT ils ont occis d’un seul coup les mouches de la ville d’Athènes, leurs avions naviguaient exactement dans les sillage de saint Georges
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