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Critique de belette2911


On va finir par croire que j'ai une tendresse toute particulière pour les histoires qui ont lieu dans des coins reculés, dans les trous du cul du monde où le temps semble s'être figé.

Venant d'un milieu rural j'aime y retourner via la littérature. le terreau est toujours propice pour y semer des mauvaises graines qui donneront un récit flamboyant avec des gens simples.

Fin janvier 2007. Les Doges, un lieu-dit perdu dans les Cévennes, deux fermes isolées, deux hommes seuls, des paysans qui possèdent peu mais ne demandent rien de plus qu'avoir la paix et à manger dans leur gamelle. Deux hommes séparés par vingt ans de différences, deux hommes qui parlent peu et apprécient cette solitude.

Gus, la cinquantaine, vit avec son chien, s'occupe de ses vaches et traite la terre avec respect. Abel, vingt ans de plus, s'occupe des siennes et, de temps en temps, ils se rendent des menus services avant de s'envoyer un coup de gros rouge, un ch'ti canon…

La terre est âpre, imbibée du sang des vieilles guerres qui eurent lieu dans des temps reculés et elle forme les caractères des hommes qui la travaillent car chez eux, la tendresse, ça n'existe pas… Pas de place pour ça ou bien souvent, ils l'ont perdue à force de recevoir des coups – de pieds ou du sort.

Malgré son peu d'instruction, Gus a compris bien des choses dont "L'habit ne fait pas le moine". Même si le décès de l'abbé Pierre lui retourne les sens, bien qu'il ne soit pas catholique mais protestant.

Gus, c'est le personnage principal, il a beaucoup souffert et je l'ai trouvé très attachant sous sa carapace.

La vie rurale et les petits travaux de la ferme décrits m'ont rendue nostalgique parce qu'ils m'ont fait penser à mon grand-père. Les vaches, les vêlages, réparer une clôture… J'y étais de nouveau ! Les descriptions des paysages ou des travaux de la ferme sont bien rendus, sans appesantir le récit.

Peu de personnages, un huis-clos neigeux qui m'a rendu la gorge sèche et les mains moites tant l'auteur a su distiller son suspense et ses situations angoissantes. Avec peu, l'auteur sais nous activer le palpitant.

Des non-dit, des secrets de famille, des souvenirs qui, tels des flocons de neige, pleuvent doucement sur l'histoire, nous en apprenant toujours un peu plus sans nous en dire trop, éveillant notre curiosité sur ce qui a bien pu se passer lorsque Gus allait tirer les grives et a entendu un autre coup de feu ainsi qu'un cri…

La plume de l'auteur a réussi à rendre poétique cette violence latente, cette apprêté de nos deux paysans, leur caractère bourru et leur envie de ne pas trop fréquenter leurs semblables, tout en restant humain et en cherchant tout de même le contact entre eux.

Cela a rendu la lecture simple, évidente, tout en la remplissant d'une beauté d'écriture qui m'a subjuguée. L'utilisation de quelques métaphores "fortes" a rendu le style encore plus empreint de tristesse mâtinée de poésie.

C'est riche, c'est élégant, sans jamais être lourd, sans jamais en faire trop. Bref, c'est d'une rare noblesse. Une vraie pépite, ce roman.

Les trente dernières pages se dévorent avec précipitation, tant on veut savoir ce qu'il va se passer, mais le coeur est serré.

C'est ce que j'appelle un "putain d'excellent roman" tant l'équilibre entre tout est parfait. Il est court, mais puissant et vous laissera un goût métallique dans la bouche durant un long moment.

Un roman qui marque.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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