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Critique de oiseaulire


"Deux dames sérieuses" est un livre un peu déroutant. Il m'a fallu du temps pour me dégager de l'impression qu'il s'agissait du parcours de vie de deux dames vivant vers 1920, riches et oisives, se voulant originales à tout prix, l'une dans sa recherche de la sainteté (Christina Goering), l'autre dans celle des amours saphiques (Mme Copperfield). C'est extrêmement bien écrit, mais me semblait creux.
Peu à peu ces personnages se sont enfoncés dans une dimension plus tragique : Christina, empreinte d'une spiritualité un peu morbide, est convaincue qu'elle gagnera son salut en agissant en toutes choses au contraire de ce qu'elle aime. Elle aime la beauté de sa grande maison, elle la vend au profit d'une misérable bicoque. Elle aime la tranquillité et se laisse envahir par une bande d'amis turbulents. Elle aime être servie, elle fait par elle-même les tâches ménagères les plus ennuyeuses. Les hommes ne l'attirent pas, voire la dégoûtent : elle cède à leurs avances par esprit
d'humilité et de sacrifice. Ce dernier comportement, loin de prêter à rire, permet de mesurer la dimension de l'effacement de sa personne, passant par une mortification charnelle pas si éloignée,
chez cette femme très peu sensuelle, du silice.
On a envie de crier à cette héroïne qu'elle a une compréhension déviée de la spiritualité qui ne consiste pas à s'écraser soi-même, mais qui est le lecteur pour se le permettre ?

La seconde, Mme Copperfield, aime son mari mais ce dernier ne lui donne pas l'affection dont elle a besoin. On devine que ce couple est inspiré par celui de l'auteur et de son mari John Bowles, écrivains tous les deux et homosexuels. A la faveur d'un voyage à Panama, Mme Copperfield fréquente les bordels de la ville de Colon à la recherche d'un peu de chaleur humaine, et elle la trouve en la personne de la jeune Pacifica, hispanique à la vie tumultueuse, une accompagnatrice dégourdie et sentimentale comme semblent en produire aux yeux de l'héroïne certains pays pauvres et joyeux. Trouvera-t-elle un apaisement à sa solitude en compagnie de cet être si proche et pourtant si différent ?
Ces dames sont "sérieuses" car sous un masque de superficialité elles dissimulent les aspirations fondamentales de l'humanité, la spiritualité et l'amour.
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