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Critique de Ambages


América. le rêve à portée de main ? Oui mais... mais non. Candido et son épouse América vont en faire l'expérience, amère. Arrivés en Californie, à la porte d'une corne d'abondance, ils se retrouvent coincés dans une fange inimaginable. Terrés dans ce canyon où la chaleur vous cuit la peau, sans un toit, sans nourriture sauf celle qu'ils peuvent (parfois) s'acheter au chinois du coin, la moins chère et qui se mange dans une boite réchauffée sur un feu de brindilles. Pas de savon ni de brosse pour les dents ou les cheveux, une robe pour elle, un vieux pantalon et des chaussures en pneu pour lui. Et tous les jours, on tente sa chance pour vendre sa force de travail sur le marché aux esclaves.

Delaney et son épouse Kira sont venus s'installer dans ce coin paradisiaque pour être dans la nature, vivre au bon air et loin de la ville, avec le jeune fils de Kira. Il écrit des articles sur les animaux qui peuplent cette contrée, elle vend des belles maisons. La petite communauté dans laquelle ils habitent est paisible. Delaney entretient peu de rapports avec son voisinage, il partage peu leurs idées concernant l'immigration. Ainsi se démarque-t-il lors de projet visant à construire un mur tout autour de la communauté afin de refouler les migrants. Lui ne veut pas, il ne comprend pas se repli sur soi et estime que chacun doit avoir sa chance, s'installer où il le souhaite et trouver un travail pour nourrir sa famille. Mais un coyote mal intentionné vient bouffer sous ses yeux ses deux petits chiens. Sa femme prend dès lors le parti de ceux qui souhaitent le mur.

Toutefois, ce n'est pas le premier signe d'alerte du changement dans cette famille. En fait tout commence par un accident. Delaney renverse Candido un soir avec sa voiture. Candido gravement blessé refuse d'aller se faire soigner, Delaney lui propose vingt dollars. C'est ainsi que ces deux personnages se rencontrent et vont se recroiser pour le pire... et le meilleur ?

Ce roman est très bien construit et bien écrit. J'ai beaucoup aimé. Je l'ai vu comme un hommage au roman de Steinbeck « Les raisins de la colère », actualisé entre le Mexique et l'Amérique de nos jours. A cet égard T.C. Boyle met en exergue une citation dudit roman : « Ils ne sont pas humains. Un être humain ne vivrait pas comme eux. Un être humain ne pourrait pas supporter d'être aussi sale et malheureux. »

T.C. Boyle va décrire dans América la vie des migrants, les wetbacks comme on les appelle parce qu'ils ont le dos mouillés en traversant la rivière, et va montrer comment un homme ou une femme peut basculer dans la folie parce que la douleur est trop vive, insupportable. C'est bien écrit et j'ai ressenti toute la peine pour América, Candido mais également j'ai eu à me poser les mêmes questions que Delaney et cela fait réfléchir... Un excellent roman.
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