Citations sur Danse avec la foudre (19)
Ces engins savent tout faire, vante-t-il. Vous avez juste à y mettre les ingrédients, et quand vous revenez après l'apéro, vous trouvez un plat trois étoiles tout chaud. Si cette machine avait des roploplos, je la demanderais en mariage !
Tatta avait fait son entrée dans la légende locale en 1972, en compagnie de son copain Poppini, dit Pop. Ce jour-là, ils faisaient leur tournée hebdomadaire pour vendre L'Humanité Dimanche.
Brigitte Bardot, la mobylette Peugeot BB2 de Tatta, bégayait sous le poids des deux hommes. Il était bientôt midi et ils avaient écoulé presque tous leurs exemplaire. Un journal acheté, un Picon bière offert. Ils remontaient la rue Henri Barbusse quand tout à coup, ils étaient tombés sur une compagnie de CRS.
Dio Cane ! Pop, les Fascites, ils remettent ça !
Brigitte Bardot avait chargé tour droit l'avant-garde républicaine. Les boucliers des CRS avaient valdingué comme dans une BD d'Astérix. Tatta envoyait des coups de casque en faisant des moulinets et Pop distribuait des grosses baffes communisantes.
Lorsque les anciens atteignent un certain âge, lui a raconté Figuette, ils se retirent dans une cabane, au cimetière. Après avoir trimé toute leur vie, ils n’ont plus qu’à jouer aux cartes et faire de longues siestes.
- Et toi, Zoé, pourquoi tu pleures ?
- J’ai fait un cauchemar.
- Mince, t’as encore rêvé de Macron ?
- Non, t’avais piqué ma bière et tu voulais pas me la rendre !
- Mais t’es une enfant, tu bois pas de bière...
Tous deux partent en fou rire.
- Quel méchant papa tu as, il te pique même tes bières !
Maintenant, faut que tu te battes, tu m’entends ? Si tu le fais pas pour Moïra, fais-le pour Zoé. C'est à cause de toi qu'elle a plus sa mère. Elle demande de l’énergie cette gosse, mais avoue que tu la biches. Vous vous marrez bien tous les deux. Alors fais-la rêver. Sors-lui le grand jeu, t’as encore des cartes dans ta manche. Tu vas y passer la nuit s’il le faut, mais demain matin, elle va voir ce qu’elle va voir. À Partir de maintenant, tu lâches plus rien. Tu m'entends, tu lâches rien.
Lors de sa dernière visite, le garde avait levé la barrière sans même sortir de son poste de contrôle, laissant Piccio s'en aller avec plusieurs milliers d'euros de marchandises. Il se souvient d'avoir pensé qu'en cas d'adaptation cinématographique, il serait bon d'imaginer deux ou trois complications afin de rendre toute cette histoire crédible.
Les psys, c'est juste bon pour les bourgeois qui n'ont pas de copains. Chez nous, quand on a un truc sur le coeur, on va au bistrot et on met verres sur table.
Il n'y en aurait jamais d'autre qu'elle. Là, devant ce miroir, il en avait la certitude. Ses délires espiègles, il ne pouvait envisager de s'en passer. Et tant pis si elle lui en faisait baver. Elle était immature et égoïste. Son refus de l'ordinaire, son inaptitude à vivre le quotidien n'autorisaient pas la moindre faute. C'était le prix à payer pour côtoyer ses exquises folies, les nuages d'où à tout moment il espérait voir jaillir la lumière. Alors l'orage pouvait gronder, il y ferait face.
Il était une fois deux canaris qui s'étaient rencontrés lors d'un bal. Les yeux dans les yeux, ils avaient dansé une valse à mille temps, qui les avait emmenés haut, très haut dans le ciel. Emportés par leur amour, ils ne s'étaient pas aperçus qu'ils se rapprochaient dangereusement du soleil. Pris de panique, le canari jaune avait lâché le canari rouge. S'ils avaient continué à danser, peut-être auraient-ils pu échapper à l'attraction de l'astre, mais ça on ne le saura jamais. Le canari jaune avait esquivé de justesse la collision. Il avait assisté impuissant à la disparition de son amoureuse. Sous le choc, le soleil s'était éteint durant de longues heures. A son réveil, il avait trouvé le canari jaune en train de pleurer. Rongé par la culpabilité, il voletait, hagard, parmi les plumes rouges qui se consumaient lentement. Bouleversé par la tristesse du rescapé, le soleil avait décrété que dorénavant il s'éteindrait toutes les nuits, en mémoire des amants canaris. Puis il avait disposé avec soin les plumes scintillantes de manière à cartographier le ciel. Des étoiles comme des phares dans la nuit, destinées à guider les amoureux du monde entier et à les empêcher de se brûler les ailes.
Il y a deux types de femmes, prétend le père Poppini ; celles qui se maquillent, et celles qui n'en ont pas besoin. Wanda, elle, se maquille. Son fond de teint lui fait du crépi sur la figure et son mascara déborde sur ses paupières comme la gouache des dessins de Zoé. Tout le monde l'adore. Parce qu'elle sent bon, dit l'ancien. En plus elle est généreuse sur les cacahuètes, et elle vous écoute pour de vrai. La plupart des gens n'écoutent pas quand on leur parle. Ils ne font qu'attendre poliment, parfois même avec impatience. Mais pas Wanda. Peu importe que vous lui parliez du cancer de votre femme ou du slip qui vous gratte, elle écoute.