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Critique de Bougnadour


Howard Kirk est Radical, c'est sa raison de vivre. Toute idée se doit d'être radicale et d'entrainer un comportement radical. Avec sa femme Barbara ils sont issus des enfants de la working class anglaise des sixties qui ont pu aller à l'université où ils ont été touchés par la grâce : la vie est un combat contre la domination bourgeoise. Chaque mot, chaque action doivent être pesés et évalués selon la lutte révolutionnaire et comme la sociologie est un sport de combat, Howard sera sociologue pendant que Barbara sera une épouse émancipée et libre mais faisant le ménage. A noter qu'être sociologue à l'université n'est pas un travail éprouvant, Howard publie de rares livres vides de recherche mais très engagés du bon côté.

Avec Barbara c'est un couple libre, le timide Howard affranchi par son esprit révolutionnaire saute sur tout ce qui bouge collègues comme étudiantes et Barbara s'envoie en l'air durant ses week-ends shopping à Londres. Chez les Kirk le mariage est un enfer égalitaire. Comme la sociologie celui-ci est une lutte dans laquelle chaque tentative de domination est combattue avec virulence et à coup de dialectique révolutionnaire.
Le couple est aussi célèbre dans l'université de Watermouth pour ses fêtes, ils invitent tout personnage de leur entourage porteur d'une dissidence quelle qu'elle soit. Que les réjouissances finissent en orgies ajoute à la notoriété des Kirk.
Bien sûr les idées petites bourgeoises se cachent partout flirtant avec le fascisme mais le courageux Howard saura les affronter avec courage.

Ce roman est un brulot à l'humour incisif basé sur la parabole de la paille et de la poudre, pas une page où Howard drapé dans ses certitudes ne se ridiculise aux yeux du lecteur qui aura fait un pas de côté. Tout ce que Howard reproche aux autres il le pratique inconsciemment mais dans un style révolutionnaire.
Ce qui est frappant chez ces intellectuels éveillés c'est leur manque total d'humour et de bienveillance, leur incapacité à comprendre que la radicalité est agressive et totalitaire. Leur façon d'examiner les autres est celle des entomologistes. La controverse entre Howard et la prof de littérature est un des moments forts du livre même si le comportement final de celle-ci est décevant, illustrant au passage la faiblesse des institutions et des oppositions aux radicaux.

Dans sa postface au roman, David Lodge précise que celui-ci écrit en 1975 s'inscrit dans le mouvement révolutionnaire débuté dans les années 60 et qui s'est éteint à la fin des années 70. N'hésitons pas à contredire maître David le mouvement n'est pas mort bien au contraire, toutes les bases du wokisme ambiant sont présentes dans le livre et sont parfaitement décortiquées par M.Bradbury dans ce roman de combat simplement armé d'humour.
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