AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Oriane Lassus (Autre)David Lodge (Autre)Guillaume Mélère (Traducteur)
EAN : 9782957705405
360 pages
Editions Monts Métallifères (02/09/2021)
4.33/5   9 notes
Résumé :
Automne 1972. Howard Kirk est un activiste bien connu, professeur de sociologie à l’université, pédagogue révolutionnaire : un homme libre et moderne. Il publie des livres à succès sur la fin des valeurs traditionnelles, couche avec ses collègues et ses étudiantes, organise des fêtes désorganisées, persécute les réactionnaires, et ne fait pas confiance aux gens de plus de trente ans.

Mais cette rentrée s’annonce trop calme et consensuelle à son gout... >Voir plus
Que lire après L'homme à histoireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Qui est Hegel ?
- Quelqu'un qui a condamné l'humanité à L'Histoire.
- Il savait beaucoup de choses ? Il savait tout ? »
Günter Grass
Un monument !
La pierre angulaire d'une littérature hors pair.
« L'homme à Histoire » est un récit de haute intelligence. Tout se passe en automne 1972 en Angleterre. L'évènementiel se calque à la réalité ou pas. On ressent un auteur futé qui se glisse dans cette fiction résolument captivante. Howard Kirk est un professeur de sociologie côté ville à l'université de Watermouth. La trentaine, engagé, radical, il a un besoin impérieux d'être en lumière. D'aucuns se doivent d'être en accord avec ses idées.
« Il a besoin de revenir, d'intervenir, dans ces narrations plus larges, plus grandes, plus éblouissantes que les narrations nourries par L Histoire. »
sa femme Barbara, brillante, intellectuelle est une femme au foyer malgré le même parcours qu'Howard. On comprend vite que sous ses faux-airs et le corpus de ce couple libre elle est malheureuse.
« Barbara, elle, est restée domestique, mais la domesticité est une évasion pour les gens comme les Kirk. »
Ils vont organiser une grande fête imprévisible. Inviter le microcosme sociétal, l'onde de choc à L Histoire. Des étudiants (es), aux amis (es), professeurs et maîtresse et tutti quanti. D'aucuns ne se connaissent forcément. Howard et Barbara sont fidèles à eux-mêmes. Howard le témoin critique du monde et Barbara celui de l'intendance. Cette fête pavlovienne et automnale est un enjeu presque vital pour ce couple somme toute en besoin constant d'être confrontés avec leurs idéaux.
« En définitive les kirk devinrent un couple connu, ils étaient un attribut de la nouvelle génération d'enseignants, et l'un des foyers les plus animés de cette culture qu'ils faisaient vivre. »
Howard activiste, ressent le besoin de bouger d'un cran les diktats de l'université trop lisse à son goût de réactionnaire. Il va subrepticement faire courir une rumeur qui va s'avérer être un tsunami. le professeur Mangel, le grand et controversé généticien est invité par l'université afin d'honorer une conférence.
« Je crois que certains d'entre nous ne se rendent pas du tout compte du problème, dit Roger Fundy à l'adresse de la tablée. le problème est que la génétique n'est pas une science innocente. C'est un domaine chargé, lourd d'implications sociales très profondes, et où il faut prendre garde de tirer des conclusions aux relents racialistes. »
L'Histoire s'invite autour de la table, un vote. Howard est enfin son ultime sommet, en position d'écouter les bruits sourds des divergences. L'université, l'antre critique du monde.
Ce roman est un kaléidoscope dont la construction surdouée est un modèle atypique. Comble de répétitions, de maîtrise, des Sciences humaines appliquées, des tels degrés signifiants qu'il est à lui seul un outil pour les littéraires.
« Oh, bien sûr, dit Misse Callendar, vous êtes un homme à Histoire . »
Ce roman est une porte ouverte sur les psychologies, les convictions, les traits de caractère. Ce pourrait être un huis-clos universitaire et familial. Ce parchemin est aussi celui d'un homme à tiroirs.
« Comment va la famille ? C'est une question sérieuse et exigeante qui concerne l'univers entier ; et Flora cherche une réponse universelle. »
« L'homme à Histoire » dont la maturité du style laisse sans voix est aussi un roman social, les croisements des destins, L Histoire qui détourne le fictionnel (ou l'inverse) dont on pressent Malcom Bradbury toujours en lutte de vérité.
Une postface « Le Prince des Sots » par David Lodge : « La droite radicale était en pleine ascension, et ses experts ont vu dans L'homme à Histoire la confirmation que les universitaires de gauche corrompaient l'âme de la jeunesse…. » Une postface éclairante et superbement habillée.
Traduit avec perfection par Guillaume Mélère. Publié par les majeures Monts Métallifères Éditions. Incontournable, un chef-d'oeuvre, du Grand Art.
Commenter  J’apprécie          30
Howard Kirk est Radical, c'est sa raison de vivre. Toute idée se doit d'être radicale et d'entrainer un comportement radical. Avec sa femme Barbara ils sont issus des enfants de la working class anglaise des sixties qui ont pu aller à l'université où ils ont été touchés par la grâce : la vie est un combat contre la domination bourgeoise. Chaque mot, chaque action doivent être pesés et évalués selon la lutte révolutionnaire et comme la sociologie est un sport de combat, Howard sera sociologue pendant que Barbara sera une épouse émancipée et libre mais faisant le ménage. A noter qu'être sociologue à l'université n'est pas un travail éprouvant, Howard publie de rares livres vides de recherche mais très engagés du bon côté.

Avec Barbara c'est un couple libre, le timide Howard affranchi par son esprit révolutionnaire saute sur tout ce qui bouge collègues comme étudiantes et Barbara s'envoie en l'air durant ses week-ends shopping à Londres. Chez les Kirk le mariage est un enfer égalitaire. Comme la sociologie celui-ci est une lutte dans laquelle chaque tentative de domination est combattue avec virulence et à coup de dialectique révolutionnaire.
Le couple est aussi célèbre dans l'université de Watermouth pour ses fêtes, ils invitent tout personnage de leur entourage porteur d'une dissidence quelle qu'elle soit. Que les réjouissances finissent en orgies ajoute à la notoriété des Kirk.
Bien sûr les idées petites bourgeoises se cachent partout flirtant avec le fascisme mais le courageux Howard saura les affronter avec courage.

Ce roman est un brulot à l'humour incisif basé sur la parabole de la paille et de la poudre, pas une page où Howard drapé dans ses certitudes ne se ridiculise aux yeux du lecteur qui aura fait un pas de côté. Tout ce que Howard reproche aux autres il le pratique inconsciemment mais dans un style révolutionnaire.
Ce qui est frappant chez ces intellectuels éveillés c'est leur manque total d'humour et de bienveillance, leur incapacité à comprendre que la radicalité est agressive et totalitaire. Leur façon d'examiner les autres est celle des entomologistes. La controverse entre Howard et la prof de littérature est un des moments forts du livre même si le comportement final de celle-ci est décevant, illustrant au passage la faiblesse des institutions et des oppositions aux radicaux.

Dans sa postface au roman, David Lodge précise que celui-ci écrit en 1975 s'inscrit dans le mouvement révolutionnaire débuté dans les années 60 et qui s'est éteint à la fin des années 70. N'hésitons pas à contredire maître David le mouvement n'est pas mort bien au contraire, toutes les bases du wokisme ambiant sont présentes dans le livre et sont parfaitement décortiquées par M.Bradbury dans ce roman de combat simplement armé d'humour.
Commenter  J’apprécie          40
Une petite critique bien modeste par rapport à celle, quasi-professionnelle d' Evelyne Lerault !
Un mystère : pourquoi Malcolm Bradbury n'a-t-il pas été traduit plus tôt en français ? Je ne le connaissais que par ce qu'en disait David Lodge dans son autobiographie, c'est à dire beaucoup de bien !
The history man est considéré comme son chef d'oeuvre (y compris par David Lodge qui a écrit une excellente post-face, également présente dans cette excellente traduction). C'est un "roman universitaire" qui se passe dans une nouvelle université (fictive) créée dans les années 70 dans une petite ville de la côte Sud de l' Angleterre. le personnage central est un professeur de sociologie considéré comme "radical" mais dont on comprend rapidement que le radicalisme est une attitude extrêmement cynique permettant à ce brillant sujet d'origine sociale modeste, d'éducation assez puritaine, une ascension et une visibilité sociale rapides associées à une vie sexuelle très nourrie (incluant collègues et étudiante) au sein d'un couple considéré comme un modèle de couple "moderne". Sa malhonnêteté va jusqu'à inventer une fausse invitation de son université à un généticien considéré comme "fasciste" seulement pour déclencher et entretenir un mouvement de protestation, et, pire encore, d'empêcher sciemment la validation de sa licence de lettres (où la sociologie n'était qu'optionnelle) par un des ses étudiants simplement parce que celui-ci affiche à la fois un habitus et des opinions conservatrices. La satire du milieu universitaire dans lequel vit l'auteur lui-même est plus dure, plus caustique, plus amère que chez Lodge (l'occasion de relire Changement de décor) mais reste tout à fait d'actualité. L'auteur, sans doute un social démocrate humaniste attaché à la qualité du travail universitaire plus qu'à son orientation n'aurait sans doute pas apprécié l'utilisation par les néo-conservateurs de son roman, 10 ans après sa parution, comme le signale David Lodge dans sa postface. Il ne reste plus qu'a espérer d'une part d'autres traductions d'autres romans de Malcolm Bradbury, aussi bonnes que celle-ci, et, qui sait, la programmation (par arte ?) de la mini-série anglaise en 4 épisodes que loue David Lodge.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[Howard] travaillait sur un livre, un livre argumenté, qui affirmait, comme vous pouviez vous y attendre, qu’il y avait eu une reconfiguration totale des mœurs sexuelles en Grande-Bretagne, que les rôles sexuels avaient été complètement redéfinis, et que l’utilisation des concepts traditionnels d’ “homme" et de "femme", visant à désigner des entités culturelles stables, n’était plus pertinente. “Nous avons besoin de nouveaux noms pour cette espèce de personnes génitalement distinctes”, disait-il. 
[...] "Nous avons besoin d'un nouveau nom pour désigner les personnes génitalement distinctes de ton espèce, dit Barbara. Tu es une merde." 
Commenter  J’apprécie          10
Howard n’avait pas effectué un gros travail de recherche pour ce livre, et il était pauvre en exemples et en documentation ; mais il compensait ce manque par une grand énergie argumentative et une franche implication auprès du camp de la permissivité. (…) Mais on estimait généralement qu’il s’agissait d’un livre engagé, progressiste qui se situait du bon côté.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Malcolm Bradbury (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Malcolm Bradbury
Rencontre avec Ian McEwan à l'occasion de la parution de son roman Leçons aux éditions Gallimard.


Ian McEwan a passé une grande partie de sa jeunesse en Extrême-Orient, en Afrique du Nord (en Libye), et en Allemagne, où son père, officier dans l'armée britannique, était envoyé. Il a fait ses études à l'université du Sussex et l'université d'East Anglia, où il a été le premier diplômé du cours d'écriture créative créé par Malcolm Bradbury. Insolite et insolente, provocatrice, hautement originale, l'oeuvre de Ian McEwan surprend par ses tours de force de concision et d'humour. L'auteur joue avec les énigmes qui sont l'essence de la narration. Tous ses romans affichent une parenté lointaine, sous forme de simulacre, avec l'énigme policière. Il a publié plusieurs nouvelles et romans pour adultes et, en 1994, le Rêveur, un recueil de nouvelles pour la jeunesse.
--
13/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (26) Voir plus



Quiz Voir plus

Londres et la littérature

Dans quelle rue de Londres vit Sherlock Holmes, le célèbre détective ?

Oxford Street
Baker Street
Margaret Street
Glasshouse Street

10 questions
1053 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature anglaise , londresCréer un quiz sur ce livre

{* *}