AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 3lisabeth6isele


Je remercie Babélio et les éditions Les Belles Lettres pour ce guide, reçu au détour de l'opération Masse Critique ! Et j'ai, malheureusement, masse à critiquer en effet. Adepte des éditions, j'ai cru que ce serait, pour moi, l'occasion d'effacer mes quelques réticences concernant les manuels (ou plutôt guides) de culture générale (choix arbitraires, public peu clair, informations non sourcées, etc). Et... mes a priori, d'abord apaisés par les commentaires et la promesses de +600 pages à explorer ont commencé à trouver leur justification dès réception.

Dans un format pratique, couverture souple avec rabats, condensé, aux pages très peu bouffantes mais épaisses, présentation magazine aux belles illustrations, d'emblée le nombre de pages est incorrect (411, pas 600+). Toutefois, bel effort dans la présentation des sujets, organisés du macrocosme au microcosme, de l'infiniment grand aux petites particularités humaines.

Lisons.

Cafouillage dans la présentation des dates pour la chronologie des découvertes spatiales, Einstein se balade dans le temps et propose des modèles basés sur la théorie de la relativité dès la première moitié du XIXe siècle. Intéressant, ses aventures dans le passé auraient mérité un chapitre. Plume agréable, parfois ampoulée. Les sources manquent, par exemple, le cas de Pluton, p.37, me chiffonne : sa classification ou non comme planète du système solaire est débattue depuis si longtemps que dire de but en blanc que c'est une planète du système solaire sans mentionner les débats autour de ces notions, ça me paraît hasardeux.

P.47 au sujet du bleu de notre planète "cette couleur est le résultat conjugué de trois phénomènes. L'eau d'abord [...]" pour les deux autres, oubliez, il faudra repasser : l'auteur se perd en digressions éculées et s'il vous avait accroché avec cette question intéressante, il oublie de terminer son explication

P.118 peu d'explications des causes des choix politiques, chronologie déjà anarchique, maintenant on fait avec des dates erronées (traité Torrijos-Carter en 1877 au lieu de 1977)

P.170 pour parler de Cléopâtre (et de ses ressentis !) c'est quasi vital cette fois de présenter ses sources, toujours très politisées à l'époque. En général, le chapitre réservé aux dirigeantes le mérite au risque de tomber dans le sensationnalisme d'une légende noire. Philippe le Bel et Charlemagne ont eu droit à un traitement plus pudique. Au moins nous observons un casting plus fourni du côté des biographies des dames, même si, comme chez les hommes, les choix opérés sont assez arbitraires. [Les sources et leur potentielle subjectivité sont mentionnées plus tard pour parler de Cléon, p.223]

P.180/181 déjà le chapitres intitulé "les Dames de nos pensées..." m'avait fait lever les yeux au ciel, on bondit en pleine misogynie ici sous couvert de faux féminisme. Déjà on tombe dans le cliché de faire de l'histoire immonde de ce porc d'Abélard avec Héloïse une histoire d'amour (même celle si célèbre de Ronsard est moins à vomir, je rappelle qu'Abélard écrit "tu refusais, tu résistais, mais j'ai arraché ton consentement par des coups, en profitant de ta faiblesse"), en plus, dans la section sur les "maîtres" du roi (guillemets présents dans le titre, vous avez vu ? C'est tellement moins sexiste de rappeler que maîtresse est un mot connoté, ah, là, là) on dit d'une belle femme intelligente qu'elle a "bien du mérite" d'être la maîtresse d'un laideron dépressif (en substance, la description donnée du portrait de Charles VII). Mais au secours, qu'est ce que je suis en train de lire...

P.188 je sais pas comment le prendre de voir le favori de Louis XVIII dans le chapitre "Les Dames de nos pensées"... on va dire que c'est déplacé, au littéral.

P.197 après Einstein dans le temps, préquel avec Nicolas V. Qu'il s'agisse du pape ou de l'antipape, la renommée future de Raphaël lui fait traverser les océans du temps pour passer une commande. La chronologie est anarchique dans cette section, incompréhensible, épuisante.

P.203 "Mars, divinité grecque de la guerre", oups, j'ai glissé, chef. On en est là. À ce stade, autant dire que la relecture est absente.

P.226 apparemment la première et la deuxième guerre puniques ont eu lieu aux mêmes dates. Encore un coup des voyageurs temporels.

Partie 2

P.272 après quelques lourdeurs et une construction de paragraphes anarchique qui fait des aller-retours entre les supports d'écriture sans se contenter de suivre la ligne chronologique (c'est surfait, on dirait), "l'invention de l'imprimerie au XVIe siècle" ça sera difficile, bichon. Même sans compter l'imprimerie chinoise et en restant dans nos chausses européennes, Gutenberg est mort avant le XVIe siècle et le temps des incunables va de (environ) 1450 au 31 décembre 1500. C'est cadeau.

Puis Victor Hugo qui atteindrait le faîte de sa carrière en 1927, les Naturalia qui seraient, dans un cabinet de curiosité, issues de la main de l'Homme, avant de parler des Artificialia (c'est un peu embarrassant, à ce niveau), une dissertation digne d'un lycéen sur ce qu'est l'art, ... Je pourrais poursuivre des heures encore sur le sujet de ces erreurs et de ces prises de position à base de poncifs mal compris que veut ou veulent transmettre les auteurs.

Si cette purge m'insurge, elle n'est pas exempte de qualités, graphiques entre autres, et réussi son pari : à force de me battre pour comprendre et de devoir vérifier la véracité de ce que je lisais, j'ai beaucoup appris. Un baisser de rideau sur 40 ans de promotion de culture G de la part de nos deux universitaires qui, plutôt que de quitter le milieu avec panache, ont claqué la porte derrière-eux. S'ils en ont eu marre, ça, ça nous a été communiqué avec brio, je ne peux pas le nier. Pour les vrais curieux, en dehors de Wikipedia, je vous conseillerais de vous tourner plutôt vers le site l'histoire pour tous, conseillé et utilisé par les étudiants en histoire. J'arrête ici, ce livre m'a assez fait perdre de temps, je vais m'atteler à profiter de l'été !
Commenter  J’apprécie          84



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}