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Pierre de Ronsard
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. |
Pierre de RONSARD Grand commentaire biographique (France Culture, 1974) Une émission spéciale, par Olivier dHorrer, diffusée le 12 octobre 1974 sur France Culture à loccasion du 450ème anniversaire de la naissance du poète.
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Pierre de Ronsard
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. |
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Pierre de Ronsard
Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose, En sa belle jeunesse, en sa première fleur, Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose ; La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose, Embaumant les jardins et les arbres d'odeur ; Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur, Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose. Ainsi en ta première et jeune nouveauté, Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté, La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes. Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs, Ce vase pleine de lait, ce panier plein de fleurs, Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses. |
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Pierre de Ronsard
MADRIGAL Si c'est aimer, Madame, et de jour, et de nuit Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire, Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire Qu'adorer et servir la beauté qui me nuit : Si c'est aimer que de suivre un bonheur qui me fuit, De me perdre moi même et d'être solitaire, Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire, Pleurer, crier merci, et m'en voir éconduit : Si c'est aimer que de vivre en vous plus qu'en moi même, Cacher d'un front joyeux, une langueur extrême, Sentir au fond de l'âme un combat inégal, Chaud, froid, comme la fièvre amoureuse me traite : Honteux, parlant à vous de confesser mon mal ! Si cela est aimer : furieux je vous aime : Je vous aime et sait bien que mon mal est fatal : Le coeur le dit assez, mais la langue est muette. |
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Pierre de Ronsard
Chanson Le printemps n’a point tant de fleurs, L’autonne tant de raisins meurs, L’esté tant de chaleurs halées, L’hyver tant de froides gelées, Ny la mer a tant de poissons, Ny la Beauce tant de moissons, Ny la Bretaigne tant d’arenes, Ny l’Auvergne tant de fonteines, Ny la nuict tant de clairs flambeaux, Ny les forests tant de rameaux, Que je porte au coeur, ma maistresse, Pour vous de peine et de tristesse. Pierre de Ronsard, Second livre des Amours |
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Les Amours de Pierre de Ronsard
A Cassandre Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté. |
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Pierre de Ronsard
Ha ! que je porte et de haine et d'envie Ha ! que je porte et de haine et d'envie Au médecin qui vient soir et matin Sans nul propos tâtonner le tétin, Le sein, le ventre et les flancs de m'amie ! Las ! il n'est pas si soigneux de sa vie Comme elle pense, il est méchant et fin : Cent fois le jour ne la vient voir, qu'à fin De voir son sein qui d'aimer le convie. Vous qui avez de sa fièvre le soin, Je vous supplie de me chasser bien loin Ce médecin, amoureux de m'amie, Qui fait semblant de la venir panser : Que plût à Dieu, pour l'en récompenser, Qu'il eût mon mal, et qu'elle fût guérie ! |
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Pierre de Ronsard
Il ne faut s'ébahir, disaient ces bons vieillards Dessus le mur Troyen, voyants passer Hélène, Si pour telle beauté nous souffrons tant de peine, Notre mal ne vaut pas un seul de ses regards. Toutefois il vaut mieux, pour n'irriter point Mars, La rendre à son époux, afin qu'il la ramène, Que voir de tant de sang notre campagne pleine, Notre haure gagnée, l'assaut à nos remparts. (extrait d'un poème inspiré d'un passage du chant III de l'Iliade) |
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Pierre de Ronsard
A l’homme qui est né Peu de temps est donné Pour se rire et s’ébattre. Nous l’avons cependant : Qu’allons-nous attendant ? Un bon jour en vaut quatre. |
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Pierre de Ronsard
Sonnet à Marie Je vous envoie un bouquet que main Vient de trier de ces fleurs épanouies ; Qui ne les eût à ce vêpres cueillies, Chutes à terre elles fussent demain. Cela vous soit un exemple certain Que vos beautés, bien qu’elles soient fleuries, En peu de temps cherront, toutes flétries, Et, comme fleurs, périront tout soudain. Le temps s’en va, le temps s’en va, ma dame Las ! le temps, non, mais nous nous en allons, Et tôt serons étendus sous la lame ; Et des amours desquelles nous parlons, Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle. Pour c’aimez-moi cependant qu’êtes belle. |
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Pierre de Ronsard
texte de Ronsard appelant à la paix durant la première guerre de religion : Dès longtemps les écrits des antiques prophètes, Les songes menaçant, les hideuses comètes, Nous avoient bien prédit que l’an soixante-deux Rendroit de tous côtés les Français malheureux Tués, assassinés ; mais pour n’être pas sages, Nous n’avons jamais cru à ces divins présages. Morte est l’autorité ; chacun vit en sa guise ; Au vice déréglé la licence est permise ; Le désir, l’avarice et l’erreur incensés Ont sens dessus dessous le monde renversé Ont fait des lieux sacrés une horrible voirie, Une grange, une étable et une porcherie, Si bien que Dieu n’est sûr en sa propre maison : Au ciel est revolée et justice et raison Et en pleur place, hélas ! règnent le brigandage La force, le harnois, le sang et le carnage. Tout va de pis en pis : le sujet a brisé Le serment qu’il devait à son roi méprisé ; Mars enflé de faux zèle et de vaine apparence Ainsi qu’une furie agite notre France. Qui, farouche à son prince, opiniâtre suit L’erreur d’un étranger qui folle la conduit Tel voit-on le poulain dont la bouche trop forte Par bois et pas rochers son écuyer emporte Et malgré l’éperon, la houssine, et la main Se gourme de sa bride, et n’obéit au frein : Ainsi la France court en armes divisées Depuis que la raison n’est plus autorisée. + Lire la suite |
La Maison verte