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Critique de Bernardbre


Ah ! Il y en a des noms pour la déprime (ou la dépression, quand elle n'est pas atmosphérique), à commencer par ce «D'» cher aux matheux ou aux rédacteurs de textos, puis: blues, bourdon, breakdown, mélancolie, spleen, maladie de l'âme... Mais ça ne dit pas pourquoi ça tombe sur les gens, la déprime? «Génome mal foutu? Thyroïde déglinguée? Hippocampe riquiqui? Un p'tit pois dans la cervelle? Un pet au casque?» le dépressif se demande: pourquoi lui ? Et pourquoi tout ce qu'on peut lui dire à ce propos ne le tire pas d'affaire? «Ressaisis-toi», facile à dire, mais comment s'attraper? «Savoir n'est pas pouvoir». Et les psychotropes, somnifères et autres n'y font rien. Pas plus que les recettes ésotériques «J'lis Lao Tseu / Ç̧a va pas mieux ». Elle est passée où «la légèreté d'être»?
Le dépressif constate : « Même pas en colère. Même plus cette ressource». le dépressif «déprécie». À ses yeux: «Vacuité de tout». Et il finit par énerver son entourage, bien sûr. «On ne peut pas aider celui qui ne demande pas d'aide», mais celui qui en demande fait fuir. Alors il se cache. le dépressif déguise sa déprime. de lui on ne voit que le «sourire politesse» et même, parfois, la pirouette rigolote ; le masque de carnaval.
Mais la dépression, finalement, c'est comme une forte fièvre: si ça ne casse pas le bonhomme, ça passe. Un matin, on se réveille avec «le moral remonté... à zéro». La veille on était au trente-sixième dessous. C'est mieux.
Dans ce texte à trois voix, conçu pour le théâtre mais qui se laisse lire avec bonheur hors de toute mise en scène, Bernard Bretonnière décline avec élégance et humour tous les imparfaits du dépressif. Loin d'être un texte déprimant, c'est une très belle performance. Vous connaissez quelqu'un qui déprime? Faites-lui lire ça.
Gérard Lambert-Ullmann dans "Encres de Loire" n° 66, hiver 2013-2014


Cela est présenté comme « Poème-théâtre » : théâtre parce que la parole est monologuées, est portée en avant, libérée, par un personnage-locuteur en personne qui met en scène sa propre allégorie : Ledépressif ; et poème parce que l'entremêlement de propos rapportés et des siens font langue : « Ledépressif, en effet, a récolté ce qu'il a pu endurer d'incompréhension, de préjugés tombés dans le domaine public et ce qu'il a relevé chez d'autres écrivains susceptibles de souffrir de la même maladie de l'âme, pour arranger son discours en indirecte réflexion sur « Elle qui déboule blackboule chamboule tourneboule soûle éboule écroule pas cool fait perdre la boule rend maboul », non sans autodérision, reconnue comme une ruse pour soulever des montagnes de souffrance. Ce livre a pour intention de faire taire les imbéciles la gent bien portante qui pense, et le dit : « arrête avec tes états d'âme. »
Jean-Pascal Dubost dans "Cahier critique de poésie" n° 28, centre international de poésie Marseille, 2014 (page 53).


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