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Critique de Ileauxtresors


Lu à voix haute en mars 2018

Il y a deux ans, nous avons dévoré Mme Brisby et le secret de NIMH – un roman inoubliable qui commence comme une fable animalière pour devenir très vite un récit de Sciences Fiction complètement hallucinant. Derrière le pseudonyme de son auteur, Robert C. O'Brien, se cache Robert Conly, journaliste américain, qui fut pendant plus de vingt ans le directeur adjoint du magazine National Geographic et qui ne devint écrivain que sur le tard. Curieuse de savoir si ses autres livres sont aussi remarquables, j'ai proposé à mes garçons de lire La couronne d'argent. Ils se sont d'abord montrés réticents en découvrant le titre et la quatrième de couverture (représentant une petite fille portant une couronne scintillante) qui leur ont évoqué quelque chose dans le registre du film de la Reine des neiges de Disney. Ils ont malgré tout accepté de lui donner une chance avec la lecture du premier chapitre. Il a été clair tout de suite que ce roman n'avait rien à voir avec ce qu'ils s'imaginaient…

Le matin de son dixième anniversaire, Ellen trouve une mystérieuse couronne sur son oreiller. Elle ne soupçonne pas les pouvoirs magiques de l'objet, mais se trouve bientôt entraînée dans une série de mésaventures spectaculaires : sa maison et toute sa famille disparaissent dans un incendie, le policier qui voulait lui venir en aide est assassiné et les personnages les plus sinistres tentent de l'approcher. Ellen décide donc de se mettre en route pour rejoindre la seule personne de confiance qui lui vienne à l'esprit, sa tante Sarah qui vit dans le Kentucky, à plusieurs centaines de kilomètres. Son expédition la conduit dans des contrées ténébreuses, mystiques et dangereuses : parviendra-t-elle à rejoindre tante Sarah ? Est-elle suivie et pourquoi est-on si désireux de se procurer sa couronne d'argent ?

Ce roman jeunesse singulier se démarque nettement de tout ce que nous avons pu lire – on pourrait peut-être, à certains égards, faire des parallèles avec Krabat. Il ne s'agit pas simplement d'un récit d'aventures captivantes, servi par une intrigue très bien rythmée par de multiples rebondissements et par un découpage savant des chapitres contribuant à nous tenir en haleine. le roman nous plonge dans un univers mystique et onirique (on se demande souvent si Ellen ne va pas finir par se réveiller), mais ancré dans le monde réel puisqu'il est question de faim, de souffrances, de pouvoir, de crimes, de lavage de cerveau et des dérives de la science. Cet univers cauchemardesque, avec heureusement des parenthèses d'optimisme et d'humour (grâce à Richard la corneille qui a beaucoup amusé mes enfants), continue de nous hanter après avoir refermé le livre. Il s'agit enfin d'un roman initiatique confrontant la protagoniste à ses peurs et à de grands dilemmes moraux. Ellen est une vraie héroïne : pleine de ressources et de sang-froid, perspicace, combattive et loyale, elle apprend à transgresser ses peurs pour contrer les vils complots d'une redoutable société secrète.

Il est important de souligner que certaines scènes du livre sont terrifiantes – à un point surprenant pour un roman jeunesse. La famille de l'héroïne meurt brûlée, plusieurs des personnes qu'elle rencontre ont une histoire tragique et aucun des personnages du roman n'est franchement rassurant… Les adeptes de frissons apprécieront et se réconforteront grâce au happy end, à la chaleur des feux de camp en forêt et au charme de la cabane du sculpteur de la montagne – que les autres s'abstiennent !

Il s'agit donc d'une valeur sûre, assez connue dans le monde anglophone mais moins diffusée en France. Il n'est pas impossible que ce roman ait inspiré Trenton Lee Stewart pour l'écriture du Mystérieux cercle Benedict qui met aussi en scène des enfants à la volonté inébranlable face aux complots abusant de technologies similaires.

Seuls regrets : la couverture n'est pas à la hauteur du roman, la fin de l'histoire est un peu rapide… et Robert O'Brien, décédé à l'âge de 55 ans, n'a malheureusement pas écrit d'autres romans jeunesse que La couronne d'argent et Mme Brisby.
Lien : https://elireblog.wordpress...
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