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Critique de Gruizzli


Je ressors partagé de ma lecture, parce qu'il s'agit d'un comics qui a une très bonne idée mal exploitée, reposant sur un sujet que j'apprécie de voir traité mais qui l'est malheureusement pas assez bien pour que ce soit réellement intéressant. Je suis donc mitigé sur le final, avec un sentiment que tout ceci n'est pas très abouti.

Pour le dire rapidement, j'ai trouvé le dessin moche. C'est ce genre de dessin qui fait trop comics et trop peu intéressant à mon gout. Certains passages étaient bien trop nébuleux pour moi, à cause de celui-ci, notamment pour différencier certains personnages de dieux nordiques, ou des personnages principaux (notamment la confusion des héros, au début, qui m'a beaucoup perturbé). Après, il s'agit d'un style et ce n'est juste pas le mien.

Par contre, je trouve l'idée de l'histoire sympathique et amusante, une sorte d'uchronie mêlée de fantastique (ou de magie) autour d'une réussite des projets ésotériques nazis. Cette idée est assez bien orientée ensuite, lorsque cela gagne d'autres continents et d'autres ethnies, mais finit un peu trop vite avec cette action qui ne résout pas la guerre et laisse envisager beaucoup d'autres possibilités ensuite, sans pour autant expliquer grand chose : d'où vient la puissance de cette épée, quid de la suite, que dire des personnages esquissés et peu développés ? C'est dommage d'avoir posé de telles bases d'un conflit (l'idée de la guerre climatique est génialement trouvée, à mon sens) et de ne pas s'en servir plus. La conclusion ne résout rien, et c'est bien dommage pour un début qui offrait tant de possibilités.

Le deuxième aspect qui est triste, c'est que l'idée derrière cette histoire est objectivement bonne : démontrer que, contrairement à de nombreux comics, ce n'est pas l'individu héroïsé qui gagne, mais le collectif de personnes lambda, incarnés ici à travers les valeurs scientifiques. Cette idée, explicitée à la fin du comics, est réellement bonne et je trouve ça audacieux de la part d'un auteur américain de défendre une telle vision dans un comics, surtout dans la double page mentionnant les religions qui vont toutes de leur méa culpa. C'est maladroit dans la forme, mais intéressant dans la conception. Et encore une fois, frustrant vu le peu qui en est fait ensuite. Surtout lorsque l'histoire s'articule sur deux personnages modélisés comme héros (corps d'athlète sculptés, tendance à faire les actions individuelles spectaculaires au détriment de plans préparés, mental d'acier etc ...), ce que ne suffit pas à atténuer le retournement final qui est, hélas, trop tardif et pas assez poussé. Surtout que c'est, encore une fois, très peu fin : On oppose de façon très manichéenne ce héros à un nerd scientifique plutôt gringalet. Adieu l'infini panel de nuances humaines situés entre les deux ! Bref, sans trop rentrer dans les détails, c'est frustrant de voir une idée dans ce genre là aussi mal et peu exploitée. Surtout qu'il y avait matière, dans un tel contexte, à faire ressortir les faiblesses de l'individualisme et de l'héroïsme forcené. Mais les auteurs passent trop vite par dessus les possibilités et la conclusion intervient bien trop tôt dans le récit pour avoir un réel impact.

C'est donc un comics que j'apprécie pour des idées et, j'ose le dire, des audaces, qui ne sont malheureusement pas assez portées par le récit et les développements. Je suis ressorti de ma lecture sans avoir senti le temps passer, mais en ayant bien senti la fin tomber. Pour un peu, j'aurais envie de voir l'idée reprise et portée plus loin que ce qui est proposé ici, parce que clairement, pour moi, c'est trop peu. Ce qui veut dire aussi, indirectement, que j'ai apprécié ce que j'y ai trouvé, même si j'en voulais plus, et c'est ce qui explique ma note !
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