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Critique de pleasantf


La lecture parfois éprouvante de cet imposant roman me laisse un sentiment mitigé.

La construction en trois parties situées à trois époques différentes (1888, 1903, 1918) est intéressante. Elles illustrent trois étapes de l'évolution de la société vers un monde dont Broch ne partage pas les valeurs, un monde générateur de solitude et d'angoisse. Il est significatif que ce roman ait été publié en 1931, à un moment où le modernisme triomphant commence à avoir du plomb dans l'aile. La modernité a révolutionné les sciences avec Einstein, Bohr, la physique quantique. Elle a révolutionné la géopolitique avec le leadership pris par les Etats-Unis aux dépens de l'Europe. Elle a révolutionné les arts dans la peinture, la musique, le roman… Mais elle a accouché de la première guerre mondiale, de ses millions de morts et du premier usage des gaz de combat. Elle a accouché des désordres économiques en Allemagne puis dans le monde entier. Il est d'ailleurs intéressant de faire un parallèle avec la période actuelle, marquée par de profonds bouleversements et elle aussi souvent ressentie comme une période de crise.

Pour en revenir au roman, il faut pourtant noter que tout critique qu'il soit sur la modernité, Broch fait lui-même preuve d'un modernisme assez radical dans la forme de son livre. Il a l'ambition de faire oeuvre totale : multiples récits, de plus en plus éclatés, passages en vers ou sous forme de pièce de théâtre ou encore de correspondance, réflexion sur l'histoire, l'architecture, la religion. Dans les parties narratives, j'ai apprécié l'écriture souvent ironique et pleine d'humour distancié de Broch.

Le roman comporte aussi de longs passages philosophiques consacrés à la ‘dégradation des valeurs'. Et c'est là que ça se gâte ! Ces parties sont assez indigestes et difficilement compréhensibles, à tel point que je me demande si ce galimatias abscons n'est pas volontaire de la part de Broch, qui chercherait ainsi à placer le lecteur dans un état de confusion et de perplexité symbolisant l'état de l'homme dans la société moderne.

J'en tire la conclusion qu'il est très difficile de faire cohabiter dans la même oeuvre forme littéraire et forme philosophique.
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