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Critique de Gehenne


Oui c'est un roman d'espionnage, mais pas que... Lecteurs rebutés par le genre, ne passez pas votre chemin. Vous perdriez l'occasion de découvrir le brillant talent de conteur d'un romancier et scénariste ("Homeland") aujourd'hui disparu.
Imaginez un état imaginaire du Moyen-Orient proche de la Syrie et du Liban à la fin des années cinquante. A sa tête, un jeune roi (22 ans à l'époque de l'histoire), contraint de succéder à son père assassiné (comme son grand-père d'ailleurs), alors que, taiseux et timide, il ne semble guère taillé pour le rôle.
Face à lui, l'ambassade américaine, au sein de laquelle la CIA avance ses pions pour manipuler cette proie toute désignée. le panarabisme mis sur orbite par Nasser, plus agressif que jamais, est également à l'action pour circonvenir le souverain inexpérimenté.
Voilà pour le contexte. Mais la trame sous-jacente, c'est la recherche obstinée d'un universitaire, 40 ans après, pour découvrir ce qui s'est passé réellement à la fin 1958 lorsque la lutte entre la CIA et les services secrets égyptiens ont conduit d'abord à un coup d'état, puis après que le jeune roi a repris le pouvoir, à son élimination.
Pourquoi cet acharnement du chercheur-narrateur autour de cet épisode somme toute mineur de l'histoire dramatique du Moyen-Orient ? Simplement parce que son père, chef de la mission locale de la CIA au Korach, fut l'un des protagonistes majeurs de la tragique destinée de cet état-confetti, sacrifié sur l'autel de la lutte hégémonique entre grandes puissances.
L'enquête minutieuse de ce fils, frustré d'avoir vécu au coeur du volcan sans rien y comprendre (il avait 10 ans), participe au caractère original de ce roman de haute tenue qui dénonce certes les errements de la politique étrangère américaine durant la guerre froide, mais met aussi en lumière la volonté d'un fils de mettre au jour son histoire familiale étouffée par le secret.
Bromell tisse sa toile avec ingéniosité. Ses portraits finement ciselés -notamment celui du roi et son évolution psychologique- sont la marque d'un véritable écrivain doublé d'un fin connaisseur de l'âme humaine.
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