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Critique de Patsales


Les Belles Lettres -on se saurait mieux dire- rééditent "La Mousson", roman sans doute surtout connu pour les films qu'il inspira. Et pour cause! Ce roman à l'ancienne a le même génie que les films en technicolor, bigger than life, de l"âge d'or d'Hollywood. Les Indes mystérieuses, l'Europe décadente, les hommes virils, les garces "Put the blame on Mam'", la catastrophe qui permet à Dieu de sonder les reins et les coeurs et d'apporter rédemption et/ ou châtiment... Dans ces 650 pages bien tassées, il ne manque rien d'une certaine idéologie américaine dont la simplicité n'est pas sans mérite. En gros: "Quand on veut, on peut; bougez-vous les fesses et les lendemains chanteront." Inutile de préciser qu'il ne fait pas bon se laisser aller à un moment de faiblesse. Entre "Rule Britannia" et fatalisme oriental, il vous faut éviter de perdre vos nerfs, surtout si vous êtes ménopausée, et quand bien même votre famille vient de se faire engloutir par plusieurs millions de mètres cubes d'eau.
Et pourtant, le grand mérite de ce roman est de parvenir à jouer sur une double partition: à la fois la fresque épique exaltant l'héroïsme et le progrès avec narrateur en surplomb érigé en juge suprême et le roman choral qui s'attache à chaque personnage et lui donne sa chance et évitant on ne sait trop comment le manichéisme... Même la mondaine Mrs Simon nous émeut, soudain seule et âgée; même l'incompétente Miss Hodge finit par trouver grâce tandis que l'impeccable tante Phoebe prend goût à la fréquentation du pouvoir. Les héros ne sont pas sans faille, les faibles nous rappellent que c'est l'humanité que nous partageons avec eux qui les rend si exaspérants.
Lisez Bromfield, avec "La Mousson", il vous dira que la catastrophe peut régénérer le monde... et puisque l'apocalypse semble certaine, quel autre discours avons-nous envie d'entendre en ce moment?
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