Shirley est un roman qui m'a beaucoup surprise. Quand je l'ai commencé, je me suis d'abord demandé si je n'avais pas, par mégarde, téléchargé un autre livre audio car, dans les premiers chapitres, il n'était pas le moins du monde question d'une
Shirley. Vérification faite sur un résumé, j'étais bien dans le bon roman.
L'histoire commence en effet par nous présenter
Robert Moore, manufacturier au bord de la ruine et les personnages qui gravitent autour de lui : sa soeur, des vicaires assez peu catholiques, le belliqueux recteur de la paroisse et la nièce de celui-ci, Caroline, amoureuse en secret de Moore. Celui-ci a une attitude des plus ambiguës envers elle, tour à tour tendre et complice ou froid et indifférent. Les espérances de Caroline semblent devoir s'évanouir définitivement lorsque revient dans le pays
Shirley Keeldar, héritière d'une confortable fortune, belle jeune fille volontaire et indépendante. Elle semble beaucoup apprécier Moore mais elle devient également amie intime avec Caroline. Alors classique triangle amoureux qui ne peut que mal finir ? Eh bien... non ! Si vous ne connaissez pas l'histoire, attendez vous à être surpris.e. Seulement, il faudra être patient.e car le roman est très long, il digresse volontiers.
S'il m'a surprise dans son déroulement, ce roman m'a aussi déroutée dans son propos. Il présente une héroïne fière et indépendante mais pas autant qu'on peut le voir et l'attendre à notre époque. Peut-être qu'elle choquait autant par sa liberté de ton et d'attitude à l'époque qu'elle nous surprend aujourd'hui par son conformisme. Elle serait à mi-chemin entre l'image de la femme idéale à l'époque de
Charlotte Brontë et à la nôtre. le fait qu'elle donne son nom au roman nous induit en erreur car elle n'est pas plus l'héroïne que Caroline, Robert ou un autre personnage que je ne nommerais pas.
J'ai remarqué également qu'on retrouve, comme dans
Jane Eyre, une relation de couple très asymétrique, qui fonctionne mais qui étonne, surtout à notre époque.
Un roman qui m'a fait osciller de l'ennui à un vif intérêt. Il ne m'a pas autant captivée que
Jane Eyre mais m'a, finalement, agréablement surprise. le propos de
Charlotte Brontë sur les femmes et sur le mariage est riche mais peu clair (sans doute voilé pour ne pas être censuré). Il demanderait à être plus attentivement disséqué mais je laisse ça aux universitaires.