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Critique de Florel


Est-ce que vous voyez cette phrase de Perceval dans la série Kaamelott, où il dit qu'il ne comprend rien aux cartes ? Oui ? D'une part bienvenues dans la secte de Kaamelott, et d'autre part sachez que cette phrase est valable pour beaucoup d'entre nous. En effet, qui pourrait imaginer qu'il est si difficile de faire une carte ? de deviner ce qu'elle raconte ? de deviner la longue réflexion qu'il y a eu sur cette science ?

Partant de 12 cartes mondiales, l'auteur va nous faire plonger dans les racines de ce que nous appelons la géographie aujourd'hui. Commençant par nous apprendre l'origine philosophique de cette matière, ainsi que de cet art de se représenter dans le monde et de s'interroger dessus, Jerry Brotton va peu à peu nous montrer l'évolution de cette matière dans l'histoire et le temps présent. de la première carte connue au monde à Babylone, jusqu'à celle de Google Earth, en passant par la carte du monde Kangnido où l'on découvrira que parfois l'erreur est volontaire pour affirmer une dynastie, nous avons droit dans ces pages à tout un panel de problématique qui nous montrera comment une carte peut parler de tous les sujets qui la touche de près : religion ; argent ; foi ; pouvoir… Balayant ainsi l'idée bien acquise qui nous fait croire qu'une carte ce n'est qu'un outil pour se repérer et cartographier la terre.

D'ailleurs en lisant ce livre, nous nous rendrons très vite compte qu'au-delà du raisonnement religieux, philosophique, mathématique, géométrique, cosmographique… il est impossible selon l'auteur d'avoir une carte juste pour des raisons de méthode et de questionnement. Allez, avouez, vous ne vous attendez pas à quelque chose de si compliqué quand vous regardez une carte ?!

Bien au-delà de tout ce bouillonnement d'idées, de finalité et de questionnements, l'autre atout de ce livre c'est qu'il prend vraiment le temps – les chapitres sont assez longs – de contextualiser toute l'époque qui entoure ces cartes. Alors certes, ça crée un livre très dense avec beaucoup d'information par page à l'arrivée, - votre tête risque même d'exploser à certains passages -, mais grâce à cela nous comprenons néanmoins mieux l'évolution des cartes, et plus généralement l'évolution des idées et des sociétés.
Nous allons en effet (re) découvrir comment pour se créer, les cartes se servent des découvertes comme celles rendues possibles par la navigation, ou encore comment elles sont sources de progrès. A tel point que le progrès dépassera plus ou moins vite les cartes antérieures, ceci est bien visible lors de la Révolution et l'Empire de Napoléon 1er où la carte de Cassini plutôt récente montrera vite ses limites. Plus amusant fut par contre l'acharnement des chercheurs à vouloir rester fidèles à un modèle admis et qu'ils pensaient juste voire intouchable, comme ce fut le cas avec Ptolémée ; où l'on découvre que pendant très longtemps que les recherches ont fait muter en même temps les écrits du géographe antique, tout en restant fidèle à l'esprit de son oeuvre ! de l'exploit.

« Mercator lui-même paru rester indifférent à son invention et passa les trente années de sa vie à travailler sur son projet cosmographique – dont la Chronologia et la carte du monde n'étaient que deux éléments parmi tant d'autres. En 1578, il publia une édition de la Géographie de Ptolémée qui reproduisait soigneusement les cartes du géographe grec, devenues des curiosités historiques : c'était là une représentation importante, mais désormais inutile, de la terre telle qu'elle était comprise par le monde grec. Cette édition, dans les faits, sonna le glas de l'influence du géographe antique sur la cartographie de l'époque. Désormais, les cartographes traceraient leur propre voie, au lieu de corriger et de mettre à jour la vision du monde de Ptolémée. » p. 277.

A côté des cartes, il ne faudra pas non plus s'étonner de voir apparaître des longues présentations de personnages, commanditaires ou créateurs, comme Al-Idrisi [...]

Suite blog.
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