L'eden englouti est constitué d'une série d'images qui tissent le lien résiduel entre
Jeroen Brouwers et sa petite enfance au temps des Indes néerlandaises. Un monde disparu, une langue disparue, des visages dont il ne sait même plus s'ils ont existé. La figure du père et du grand-père, la maison, la piscine sont des sortes d'impressions floues, que Brouwers convoque tels des fantômes, bienveillants mais disparus, sans qu'il éprouve de nostalgie. Et puis, c'est le temps de l'histoire, de la souffrance. Nous connaissons mal la guerre dans le Pacifique, les souffrances endurées par l'invasion japonaise, aux Indes néerlandaises comme dans beaucoup d'autres îles. L'histoire contemporaine des Pays-Bas est marquée par cette blessure, l'internement dans les camps japonais, la perte des colonies.
Tout cela a formé l'écrivain Brouwers, comme une substance qui infuse et se dissout, mais reste et finit par s'éteindre. Livre de l'absence, du temps, de l'histoire, de l'origine de l'écriture. Des mots anciens surgissent, vont, viennent, des mots de l'enfance, qui rappellent la vie réelle d'avant, l'incarnent au point qu'elle n'existe plus sans eux.
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