AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,3

sur 171 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
"Assemblage" est le premier roman étonnant de Natasha Brown. Sa narratrice est une femme noire britannique d'origine modeste. Elle est la fille obéissante d'immigrants jamaïcains, la petite amie dévouée d'un homme blanc libéral et satisfait de lui-même, et une employée modèle et serviable dans une banque d'affaires londonienne. Elle semble avoir obtenu tout ce à quoi elle aspirait, mais ce n'est qu'une façade.
Elle flotte au-dessus du monde, observant avec effroi les autres vivre leur vie avec espoir et enthousiasme. Sa narration en flux de conscience révèle sa lutte stérile contre le racisme, le sexisme, la misogynie, l'identité, le fait de ne pas être acceptée à cause de la couleur de sa peau ou de son genre.
Raconté de manière fragmentée et elliptique, j'avoue avoir été perdu plus d'une fois dans le récit de Natasha Brown. Mais, comme les morceaux d'un puzzle qui s'assemblent, l'histoire se recompose progressivement avec précision, concision et brutalité. le récit à la structure inventive est un examen cru, érudit, succinct et incisif de l'histoire britannique, du colonialisme, de l'esclavage, du capitalisme, de la misogynie et de l'interminable série de petites agressions quotidiennes que la narratrice subit.
Pourtant, lorsqu'elle parle d'elle-même, elle est timide, refusant de fournir des informations qui pourraient affiner son autoportrait fragmenté. Elle n'a pas de nom, pas d'émotions, pas d'âge et pas de préférences. Comme si elle était le fantôme d'elle-même et cette absence de proximité et d'affect m'a déplu.
Visage de la diversité et du progrès dans son entreprise, la narratrice est tributaire des projections de chacun. Ses collègues jaloux remettent en question sa place dans la banque et dans le pays. Son petit ami voit dans leur relation la preuve d'un mythe post-racial. Elle supporte ces personnes odieuses, ces situations scandaleuses alors que même dans ses pensées elle les protège et les défend. Elle se sent étouffée par son environnement et s'enfonce chaque jour un peu plus dans la dépression. Lorsqu'un médecin lui diagnostique un cancer, la narratrice y voit l'occasion de reprendre le contrôle de sa vie. Elle refuse gentiment, mais fermement le traitement. « Mais après des années de lutte, à batailler contre le courant, je suis prête à baisser les bras », pense-t-elle. « À ne plus me débattre. À inspirer l'eau. Je suis épuisée. Peut-être qu'il est temps de la finir, cette histoire. » L'homme raisonnable et reconnaissant en la vie que je suis s'est demandé : pourquoi refuser un traitement ?
Ce geste m'a désorienté et a brouillé momentanément ma crédibilité de l'histoire. Et puis, après réflexion, j'y ai vu la métaphore du cancer du préjugé racial ou social que la narratrice ne pourra jamais vaincre. Il infecte chaque partie de sa vie et elle décide de ne pas lutter contre le cancer littéral qui envahit son corps. Elle choisit la mort, comme moyen de « transcender ».
Avec cette décision, "Assemblage" devient un examen touchant de la vie d'une femme noire et une analyse acerbe du paysage social et racial britannique. La prose sobre et rythmée de Natasha Brown rend les expériences de harcèlement de la narratrice avec clarté. En une centaine de pages, le livre avance à une vitesse presque vertigineuse. Mais je me suis demandé si la puissance et l'efficacité de cette sobriété, de cette brièveté n'étaient pas une excuse pour éviter d'étoffer son histoire. J'ai trouvé étrange par exemple que la narratrice n'explique pas comment elle vit avec un petit ami alors qu'elle ne l'aime pas. Pourquoi lui ment-elle sur son état de santé ? Qu'en est-il de la relation avec sa jeune soeur et de l'impact émotionnel que sa mort pourrait avoir ? Pourquoi ne s'interroge-t-elle pas sur son métier de trader qui participe aux inégalités du monde ? Cette femme est malheureuse à s'en rendre malade et je n'ai pas su dire si c'était à cause de sa couleur de peau, de son métier dans la finance ou de l'absence d'amour dans sa vie.
En dehors de ces réserves, je trouve qu'"Assemblage" de Natasha Brown est un livre étonnant qui met brillamment en lumière les inégalités bien ancrées de notre époque. C'est un premier roman intelligent, rapide, percutant et puissant qui marque un début impressionnant pour une carrière d'écrivain que je vais suivre.
Commenter  J’apprécie          20
Assemblage est un roman qui porte plutôt bien son titre, et j'aime assez quand le ton est donné d'entrée de jeu.

La narratrice, une jeune femme britannique noire, vient d'obtenir une promotion, peut-être pour respecter les quotas, et d'être invitée à une garden-party organisée par les parents de son aristocrate de petit ami.
Ces deux événements et un troisième concomitants vont la pousser à s'interroger sur sa réussite, sa carrière, sa place dans la société.

Assemblage se compose donc des pensées et réflexions de la narratrice.
Certains passages absolument percutants nous plongent dans la psyché de la jeune femme, dans ce sentiment ancré que sa couleur de peau gouvernera toujours sa vie.
Le style haché, parfois saccadé, reflète son état d'esprit, entre doute, interrogations et décisions irrévocables.

Et puis, il y a d'autres pages, où le propos plus diffus m'a échappé ; il y a aussi ces ellipses alors que j'aurais aimé en savoir plus.
Toutefois, l'ensemble est très intéressant et j'ai hâte de voir ce que l'avenir et Natasha Brown nous réservent.
Commenter  J’apprécie          20
Un livre dénonce le racisme et le comportement post-colonialiste de nos cousins britanniques. Une intention louable, mais il y a tellement de livres actuellement sur ce sujet qu'on a envie de dire "trop c'est trop". On retrouve toujours les mêmes éléments du politiquement correct et cela devient saoulant. Par ailleurs, l'auteure a une écriture à laquelle je n'ai pas accroché : c'est brouillon, sans trame, cela part dans tous les sens. On a du mal à suivre ce fil d'idées. Une lecture intéressante mais qui ne m'a pas emporté. D'où la note moyenne.
Commenter  J’apprécie          10
Jeune femme noire qui a osé réussir professionnellement est un défi de tous les jours. Et si la narratrice faisait un pas en arrière pour observer le monde, que verrait-elle?
Un roman audacieux, très clinique dans son approche. L'auteure prend tellement de recul qu'elle en oublie son lecteur. Tout est direct, aseptisé, parfois rude à lire et souvent, un manque de clarté se fait ressentir. On ne comprend plus où l'action mène et le sens des phrases de l'auteure. Confus, même si le propos (rejet de l'autre) est présent à chaque page.
L'auteure maîtrise son sujet, mais perd le fil à de trop nombreuses reprises. Il n'en reste pas moins des joutes verbales à applaudir, des situations humaines souffrant d'un manque d'humanité effroyables. La bien-pensance bourgeoise blanche se prend un sacré tacle derrière la nuque, et il faut avouer que Natasha Brown gère avec brio ses situations malaisantes & ses dialogues piquants. Un livre tranchant qui aurait mérité d'être plus clarifié.
Commenter  J’apprécie          00



Lecteurs (373) Voir plus



Quiz Voir plus

Londres et la littérature

Dans quelle rue de Londres vit Sherlock Holmes, le célèbre détective ?

Oxford Street
Baker Street
Margaret Street
Glasshouse Street

10 questions
1061 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature anglaise , londresCréer un quiz sur ce livre

{* *}