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Critique de Arakasi


Un matin, Andy se réveille étalé sur le sol de la cuisine, baignant dans le vin et les aliments écrasés. Soucieux de tout ranger avant le retour de ses parents, Andy ouvre le frigo… Surprise ! Ses parents sont là, découpés en morceaux soigneusement empaquetés pour pouvoir être rangés sur les étagères du frigo (et du congélo aussi, fallait bien mettre leurs têtes quelque part). C'est embêtant. Vraiment.

Certes, les relations entre Andy et ses parents n'étaient pas précisément au beau fixe depuis que celui-ci était revenu sous forme de zombie après un dramatique accident de la route qui avait également coûté la vie à son épouse. Depuis, Andy passait ses journées enfermé dans la cave de ses parents à picoler et à regarder la télévision, quand il ne se rendait pas aux réunions organisées par un groupe de soutien aux morts-vivants – principalement pour admirer les cicatrices d'une jolie zombie récemment suicidée. Pas précisément une vie de rêve, surtout dans une société qui n'accorde aucun droit aux zombies et permet à ses citoyens de se livrer sur eux à toutes sortes de sévices : insultes, mutilations, vol de bras ou de jambes, etc. Les parents d'Andy n'étaient pas en reste, toujours à chercher à cacher leur embarrassant rejeton et à l'empêcher de partir manifester pour réclamer la restitution de ses droits civiques. Alors, oui, peut-être Andy avait-il d'excellentes raisons de découper ses parents et de les fourrer dans le frigo ! N'empêche, c'est quand même un peu gênant de ne pas se rappeler avoir rangé le bras de son père dans le bac à légumes…

Vous croyez connaître par coeur le thème du zombie ? Avoir fait le tour du sujet, gratter chaque croute purulente, renifler chaque cerveau pourrissant ? Vous n'aviez pas encore rencontré Andy ! Non seulement Andy n'est pas un zombie écervelé et analphabète (Ok, il grogne plus qu'il ne parle, mais c'est uniquement parce que son accident lui à coûtait ses cordes vocales), mais il est même un zombie militant, un zombie sensible et affamé de tendresse et, surtout, un personnage principal formidablement sympathique. A travers le récit horrifico-drolatique de ses mésaventures, S.G Browne nous fait découvrir une société très proche de la nôtre où la majorité bien-pensante aurait trouvé une nouvelle minorité à martyriser : les zombies.

Il y a donc un peu de tout dans « Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour » : du gros gore qui tache, de la satire sociale, de la comédie de moeurs et même de la comédie romantique – plutôt atypique, les deux intéressés étant des morts-vivants. C'est très bien pensé, souvent plus grave et plus fin qu'il n'y parait au premier abord, notamment au niveau de la critique sociale, tout en offrant au lecteur d'excellents moments d'humour noir et même quelques belles scènes touchantes. J'admets avoir un peu décroché sur la fin où le second degré et l'émotion laissent un peu trop place à l'hémoglobine, mais cela n'a pas atténué le bon souvenir que je conserverai de cette lecture. Je suis fort curieuse de découvrir le second volume, « le jour où les zombies ont dévoré le Père-Noël ». Tout un programme !
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