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Critique de Berthelivre


Je ne comprends pas comment ce livre m'avait échappé. Mais on me l'a offert, c'est ce qui importe.

La première partie, « La petite fille aux pieds nus », suscite un maelstrom d'émotions. La petite fille aux pieds nus est absolument adorable : fine, vive, enjouée, heureuse de vivre, heureuse de sa famille, aimant l'école, adorant sa mère. Cette enfant pleine de bonheur va se cogner à l'antisémitisme, va devoir apprendre, sans comprendre, ce que c'est d'être juive, en Hongrie, en 1944. L'infernale injustice de cet apprentissage imposé à une petite fille, la brutalité aussi grande de l'impuissance de ses parents à expliquer cette situation et à en protéger leurs enfants, révoltent et soulèvent le coeur.
Tant que l'enfant pourra conserver un peu d'innocence, d'ignorance, l'auteur l'évoquera à la troisième personne, sous le diminutif de Ditke.

Mais Edith Bruck, si elle a pu préserver les souvenirs heureux d'enfance de Ditke, retrouve le « je » avec la mémoire de l'arrestation qui les conduit, elle et toute sa famille, dans le ghetto : « Je devins soudain adulte quand notre triste caravane de chariots tirés par des chevaux arriva à la gare, après avoir traversé le village. » La fracture qui massacre son enfance, Edith Bruck, en reprenant la parole, la date très précisément de ce jour-là, en mai 1944. Elle avait treize ans.

Elle a intitulé le deuxième chapitre du livre « 11152 », numéro qui lui a été attribué à son arrivée à Auschwitz où elle va survivre avec sa soeur Edit.
Une quarantaine de pages seulement, mais essentielles, pour évoquer les mois dans ce camp, puis à Dachau. « On aurait dit que le soleil s‘était éteint à jamais et que le mois des morts avait dévoré les vies ». Et après une marche de la mort, à Bergen Belsen où elle sera libérée le 15 avril 1945.

Commence alors une vie vagabonde, indépendante, souvent solitaire, d'expédients et de tâtonnements. Edith Bruck sait déjà qu'elle veut écrire, elle le savait avant même d'être déportée. Elle ne trouvera sa langue et son pays de prédilection qu'en arrivant en Italie, en 1954.

J'ai trouvé cette dernière partie un peu brouillonne, les évènements survolés sans qu'on comprenne bien leur enchaînement. Peut-être est-ce en raison de l'urgence, puisqu'elle a écrit ce texte à l'âge de 90 ans, et qu'elle souhaitait absolument l'achever.

Mais elle avait écrit, avec « « La petite fille aux pieds nus » et « 11152 », ce qui fait que ce livre est aussi indispensable que ceux de Charlotte Delbo ou Primo Levi.
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