AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Titania


Vous êtes un Américain de la classe moyenne, vous ne pouvez plus rembourser votre crédit immobilier, payer votre loyer, votre retraite sécurité sociale se monte à 500 dollars grand max après une vie de labeur, alors prenez la route , comme vos ancêtres l'ont fait dès que tout va mal.
Vous rejoindrez d'autres ruinés par les frais de santé ou les prêts étudiants, les procédures de divorce aussi. Certains sont revenus de la société de consommation, veulent vivre libres sans attaches, sans factures ou impôts sous le ciel étoilé, en devenant écolos ou décroissants .

Secrétaires, profs, vendeuses, chômeurs de toutes branches, rejoignez cette étrange tribu nomade sans adresse fixe , le cauchemar démographique d'une administration tatillonne qui aime compter des gens qui habitent quelque part. Ils refusent d'être qualifiés de clochards, gitans, hobbos, okies, ou SDF. Ils sont campeurs.

Jessica Bruder fait ici du remarquable journalisme d'investIgation très documenté sur des années et nous livre un croquis humaniste des classes moyennes américaines qui s'appauvrissent et s'adaptent pour survivre. Au delà de la traditionnelle bougeotte des Américains qui sillonnent le continent, il y a depuis la crise de 2008, une population croissante sur roues, des gens dignes qui font contre mauvaise fortune , bon coeur , le fameux positivisme américain.

Elle nous livre des portraits très précis, des récits du parcours de chacun, réalisés sur des années . Ce faisant , nous découvrons la face cachée et le cynisme d'entreprises comme Amazon, Walmart, ou bien celle des parcs de loisirs, des campings dans les parcs nationaux. Petits boulots exténuants mal payés, conditions de travail dantesques pour des personnes souvent âgées de plus de 65 ans .
Des signes de révolte? Pas vraiment, À moins que ce gigantesque terrain de camping que devient l'Amérique ne soit une protestation en soi, une contre culture de refus d'un système qui broie les énergies vitales créatives d'une grande puissance qui se tiersmondise.

C'est un excellent essai, plein d'humanité, une étude sociologique qui nous fait rencontrer des personnes attachantes et ingénieuses qui réinventent de nouvelles solidarités quand tout fout le camp.
Commenter  J’apprécie          463



Ont apprécié cette critique (40)voir plus




{* *}