La molécule qui détruisit l'hôpital

Ce roman se lit facilement et très vite. Il nous fait voyager de la Lozère à la Normandie jusqu'au Sud-Ouest, à Lourdes. Sous forme de fiction dystopique, Jean-Marie Brugeron, malgré son écriture plutôt scientifique, réussit à nous entraîner dans sa vision d'une société française malade de l'argent et de la performance, refermée sur elle-même, où seul l'Homme nouveau aurait sa place. Censé se passer à notre époque, ce roman est très politique en ce qui concerne la gestion des soins et les dérives de sa monétisation extrême. On croirait qu'il s'agit de science fiction avec les cartes d'identité à points comme cela existe déjà en Chine où les citoyens qui commettent de menues infractions ou bien qui ont oublié de payer leur facture n'ont plus droit à certains services de l'état (transport, santé, éducation). Tout nous rappelle les horreurs de l'Histoire du XXème siècle, ce que nous avons vécu avec les confinements en 2020-2021, ce que nous vivons avec la montée des partis politiques extrêmes, le rejet d'une partie de la population qui n'a pas droit aux soins. Les noms des grandes entreprises et des partis politiques à peine "maquillés" sont autant de clins d'oeil à notre réalité actuelle. L'écriture des dialogues ressemble parfois à des exposés scientifiques qui pourrait décourager les lecteurs plus "littéraires" mais on a quand même envie de connaître la fin de l'histoire. Tous les personnels soignants et les patients doivent reconnaître les difficultés actuelles dans cette fiction. Un vrai plaidoyer pour que nous prenions conscience que les soins et l'altruisme devraient passer avant le monde des finances.