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Critique de raton-liseur


Un livre reçu dans le cadre de la masse critique « Beaux livres » de Babelio, un grand merci aux éditions de Borée, sises à Clermont-Ferrand, pour ce cadeau. J'avais tenté ma chance pour plusieurs livres, mais c'est celui-là que je voulais le plus et j'ai donc été ravie de ce cadeau, que j'ai feuilleté dès que je l'ai trouvé dans ma boîte aux lettres. Je suis un peu embêtée par contre maintenant que je m'attèle à cette note de lecture, car je n'ai jamais jusqu'à présent écrit sur ce genre de livre. Comment s'y prendre… ?
En commençant par le début je suppose… Donc, première impression en ouvrant ce livre : ce sont les aquarelles qui attirent le regard bien sûr. Daniel Brugès est écrivain, et peut-être un peu artiste, mais il est écrivain. Une façon pour moi de dire que ses aquarelles sont belles, bien faites, réalistes, mais ne m'ont pas parues avoir une pâte personnelle, un style, une originalité. Avec les inconvénients que cela a (comment se démarquer d'autres livres sur le même thème, si tant est qu'il y en a…) et les avantages aussi (les vaches sont bien peintes, bien reconnaissables, sans parti pris.
Par contre, j'aime beaucoup le choix des détails. Il faut préciser que chaque race bovine a le droit à sa double page, avec un ou deux dessins de l'animal entier, entouré de détails anatomiques (souvent un gros plan sur les cornes, mais dans ce cas de la prim'holstein, c'est un détail du pis qui est présenté, avec ses veines saillantes, impressionnant et bien vu…), d'éléments du paysage (une gentiane ou un pissenlit qui fleurissent discrètement les pages) ou de la culture propre (la croix camarguaise et le trident pour la raço di biou), et même une belle tranche de boeuf pour l'angus. Ce sont les vaches et la culture qui les entoure qui sont célébrées dans ce livre. La diversité des races qui font l'identité des territoires, des populations, des productions locales, pas la vache de carte postale aseptisée qui n'accepte que les prés uniformément verts et les ciels uniformément bleus. Ici, il y a toutes les saisons, il y a des éleveurs, souvent de dos, mais bien là aux côtés de leurs bêtes, et il y a les fromages et même un tableau de découpe en annexe !
Les quelques paragraphes qui émaillent les pages ne cherchent ni l'exhaustivité ni la comparaison. Ce sont des anecdotes sur chaque race, de courtes informations qui touchent souvent à l'origine ou à la conservation de la race. Rien d'érudit, mais je ne connaissais pas tout, loin de là, c'est donc un agréable moyen de découvrir des races que je connais de nom, d'autres dont je n'avais jamais entendu parler, d'en redécouvrir d'autres en me disant « ah, celle-là je l'aime bien ! »
En définitive, c'est une belle randonnée dans les coins de France qui ont échappé à l'uniformisation de l'agriculture dans les décennies de l'après-guerre, un bel hommage à ceux qui cherchent, en toute discrétion et modestie, à faire vivre et revivre des races adaptées aux particularités du terroir qui les a vues naître et où les paysans les ont patiemment sélectionnées. Je n'ai pas réussi à remettre la main sur mon bouquin d'agro qui recense de façon plus systématique l'ensemble des races du territoire, mais ce livre m'a l'air plutôt complet, et, avec ses camaïeux de vert et de marron, il donne envie de se retrouver nez à nez avec ces différentes espèces, il donne envie d'explorer, de découvrir, d'abord depuis son fauteuil, puis les chaussures aux pieds. Il donne envie de regarder son plateau de fromages différemment, d'aller humer une stabulation avant que le troupeau ne retourne au pré pour les beaux jours. Il y en a qui ont la Corrèze en cathéter, ce livre-là est dans la même veine. Ecrit par un Cantalou, il s'adresse à tous ceux qui ont la campagne d'avant le remembrement dans les yeux et peut-être dans le coeur aussi. Un bon coup de nostalgie, mais aussi une envie d'aller de l'avant, pour en faire quelque chose de tout ce patrimoine agricole, de toute cette diversité, de tout ce savoir-faire. Encore un grand merci aux éditions de Borée, que je ne connaissais pas, pour ce joli cadeau et ce livre qui se révèle une belle découverte, qui donne envie de découvrir toutes ces vaches de nos régions et de se faire son propre livre, pour moi ce seraient des photos, je suis incapable de peindre ainsi, mais ce seraient mes petits détails à moi, mes petites anecdotes, que je pourrais mettre à côté de celles de Daniel Brugès, qui nous offre sa vision, claire et tendre, de ses rencontres aux détours de nos chemins creux.
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