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Critique de Yaena


Les enfants du dernier Salut c'est l'histoire de Colette et de sa famille. Un récit de vie qui percute de plein fouet l'Histoire. Colette est une petite fille enjouée, un peu potelée, toujours échevelée et mal fagotée. Elle vit un peu dans l'ombre de Yoyo, sa grande soeur, qui elle a toujours l'air d'une publicité pour petite fille modèle. Malgré leurs différences elles s'adorent. Leur mère vient d'une famille juive croyante et fortunée, elle est un peu collet montée mais aimante. Leur père vient d'une famille désargentée et athée il a gravit les échelons à force de travail et de persévérance. C'est un homme intelligent et charismatique . Un mentor pour Colette dont les mots trahissent tout l'amour et l'admiration qu'elle lui porte. Elle éprouve beaucoup de tendresse pour chacun des siens mais elle se sent un peu à part. Colette n'est pas Yoyo, elle se cherche , peine trouver sa place, sa voie, elle ignore qui elle est jusqu'à ce qu'une évidence s'impose à elle : elle sera pédiatre, elle est faite pour ça. C'est décidé et rien ni personne ne pourra se mettre en travers de son chemin pas même une guerre mondiale !
Nous accompagnons Colette dans cette lutte acharnée et en cheminant à ses côtés le lecteur se trouve piégé dans un quotidien de plus en plus compliqué, de plus en plus dangereux. Les Allemands calmes et polis du début laissent place aux nazis et la violence va crescendo. Au début Colette peine à y croire elle est optimiste, mais les jours qui passent donnent raison à son père : Pétain n'est pas digne de confiance et c'est un pogrom qui se prépare, ici en France. Cette vérité est d'autant plus insoutenable que Colette se sent Française et voit mal ce qui pourrait bien la différencier des autres. L'administration va s'en charger, athée ou pas elle est classé juive et étiquetée comme telle, sur ses papiers, sur sa poitrine. C'est comme être marquée au fer rouge. Colette se sent humiliée. Elle n'a pas honte d'être juive mais honte d'être stigmatisée. Qu'ont-ils fait à la fin? Sans compter que le port de cette étoile pourrait briser son rêve. Elle ne comprend pas encore que ce qui se prépare est bien pire.
Heureusement il y a l'hôpital Rothschild qui prend soin de ceux qui sont à Drancy, ce lieu affreux d'où les hommes sont déportés pour aller travailler. Mais Colette comprend peu à peu, là aussi on ment à la population. La rafle du Vel d'Hiv, les inspections des responsables de Drancy à l'hôpital, l'état dans lequel les gens arrivent, l'empressement du directeur de Drancy à les voir revenir rapidement et à les entasser dans ces trains direction… direction où ? Pas un camps de travail non Colette n'y crois plus. Direction l'enfer sur terre ! Mais alors les vieillards, les enfants? Non pas les enfants ! Qui oserait !? Des enfants ! Et pourtant Colette comprend l'inimaginable, l'indicible. Alors elle agit. Sans trop savoir, sans avoir de détails elle se laisse porter. Il faut sauver les enfants, c'est tout ce qui compte. Mais tous ne pourront pas l'être et il faudra vivre avec ça. Avec les remords, avec les regrets, avec la colère et la peine immense et indicible. Alors Colette continue, fait ce qu'elle doit faire jusqu'à ce qu'enfin la guerre soit gagnée. Mais la victoire est amère, les fantômes trop présent et pendant longtemps Colette se taira, ravagée de chagrin et hantée par ce qu'elle n'a pas réussi à faire. Oubliant les prouesses réalisées.
Pourtant comme elle a bien fait Colette de raconter son histoire. Elle le fait simplement en toute humilité. C'est une grande dame qui s'ignore. Raconter son histoire aura permis de faire vivre un peu encore ceux qui n'en ont pas réchappé et de faire connaître ce réseau d'exfiltration des enfants de l'hôpital Rothschild, voués, sans cela, à une mort certaine et inhumaine. Raconter son histoire c'est aussi faire connaître ceux qui ont fait vivre ce réseau et qui pour des raison de sécurité n'en ont laissé aucune trace : Maria ERRAZUZIZ, Claire HEYMANN, Marcel LEIBOVICI, Désirée DAMANGOUT, …

Colette offre un bel hommage à ces hommes et ces femmes de l'ombre, à ces enfants mais aussi à sa famille. Un parcours hors du commun qui force l'admiration.
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