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Critique de mfgaultier


PORNOPIA : un album très pénétrant


L'objet est fort tentant avec son format carré. En couverture, une paire de fesse légèrement de profil qui se détache sur un fond noir. Et comme une impression de fourrure blanche, qui détonne. En fait, c'est une tête d'homme, dont on ne distingue que les cheveux ébouriffés et l'oreille harmonieusement coincée dans le talon haut d'une paire de chaussure.

Pornopia : ce titre claque comme un voyage dans un pays imaginaire, aux contrées bleutées. L'auteur de l'album s'appelle Brüno, avec un tréma sur le u. J'ai beaucoup aimé son album Atar Gull, ainsi que le récent Tyler Cross, deux opus réalisés avec Nury. Ici, il s'essaie dans un autre registre, en clair la pornographie, à ne surtout pas mettre entre toutes les mains, à moins qu'elles ne soient baladeuses !

En feuilletant l'album, je découvre des dessins plutôt épurés, sortis de l'imaginaire d'un homme. La plupart sont crus et sans équivoque, d'autres moins lestes. Mais les positions des personnages muets et quasiment sans expressions contiennent toutes un zeste érotique. La bichromie présente sur la couverture envahit les pages de façon presque obsédante et c'est ce travail sur la couleur que je trouve intéressante, cette art de colorer tel ou tel détail piquant en blanc ou bleu.

Evidemment, toute la mythologie classique de la pornographie est ici représentée : les sexes sont étalés sans états d'âme. Les femmes sont attachées, menottées, ou harnachées de liens. Ecartelées, leurs peaux blanches fricotent avec des chairs bleues ou noires. Les positions sont souvent extrêmes (sextrêmes serait plus approprié), de drôles d'assemblages se créent, comme des araignées qui après avoir attrapée leur proie, la pénètrent de leur dard. A la lecture des dessins, tout semble figé, les madones aux cheveux longs ne semblent pas ressentir d'émotion, même pas de plaisir, c'en est souvent lassant. Les hommes aux muscles d'acier sont parfois dominés, c'est un peu original. Les accessoires divers et variés se faufilent entre les pages. Ils sont mêmes traités comme des natures mortes ! Brüno ne s'interdit rien, ose tout. Parfois des fourrures jonchent les sols, terrain de jeux interdits, propices aux non-dits. Les rencontres sont limitées au corps à corps, où les êtres, souvent sans têtes, se pénètrent. Pas d'erreur, on est bien en Pornopia, le pays de la pornographie.
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