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Critique de Pecosa


Le sang dans nos veines ou comment une prétendue intrigue policière (un client trucidé dans un bordel madrilène en 1921) dissimule une vaste fresque politique et sociale qui s'étend de la guerre du Rif au « Directoire » de Primo de Rivera en 1929.
L'auteur hispano-hollandais Miquel Bulnes s'attaque à un sujet complexe à partir d'une enquête classique, et nous offre un roman choral (un officier vétéran de la guerre du Rif, un député Républicain, un militant anarchiste, une ancienne prostituée…) et protéiforme (journal intime, coupures de presse…) sur une période agitée qui aboutira à la dictature franquiste, et ce sans jamais la nommer.
Chaque histoire ouvre une quantité infinie de portes sur des faits historiques, des mouvements sociaux, des courants politiques, des villes différentes, qu'il est impossible d'énumérer ici.
Disons que les 827 pages du Sang dans nos veines débute avec les champs de bataille de Anoual et Igueriben (magistralement décrits), et dépeint les conséquences de l'utilisation d'armes chimiques dans le Rif et du Rapport dit « Expediente Picasso » (commission d'enquête dirigée le général Juan Picasso González, oncle du peintre) sur l'opinion publique qui blâme le roi Alphonse XIII, désire la fin de la guerre et la fin de la monarchie. C'est dans ce contexte politique et social agité que Primo de Rivera organise un coup d'État avalisé par le roi qui le charge de former un gouvernement. Quand les uns rêvent d'instaurer une République sur le modèle français, les autres envisagent un coup d'état militaire. Les personnages du roman incarnent donc cette mosaïque espagnole, le membre du clergé, de l'armée, le syndicaliste, la mère de famille, le député, la fille du peuple contrainte de se prostituer...
Le sang dans nos veines demande une lecture attentive, et déconcerte souvent, notamment lorsque le romancier choisit d'inclure dans son intrigue l' "Affaire Enriqueta Martí », du nom de la tueuse en série catalane proxénète d'enfants (voir les romans La mauvaise femme, et La maison en chocolat), qui aurait laissé une liste de ses riches clients, liste « disparue » au grand dam de la population, et qui réapparaît dans le roman de Bulnes.
Malgré ou grâce à ces changements permanents de perspective, de rythme et de registre, le sang dans nos veines est une incursion réussie dans une période de l'histoire espagnole symptomatique de ce qui menace le pays, la guerre civile, puis une dictature de 38 ans.
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