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Critique de belette2911


Il fallait avoir une sacrée paire de couilles pour publier une uchronie dystopique (une dystopie uchronique ?) sur les dangers du nazisme en 1937, alors que la Seconde Guerre Mondiale n'avait pas encore commencé et que certains pensaient toujours qu'elle n'aurait pas lieu.

Des couilles et une sacrée vision des choses qui pourraient se produire si cette idéologie gagnait toute l'Europe.

La guerre n'est pas encore déclarée que l'auteure avait déjà imaginé un conflit terrible, basant son récit sur une victoire des allemands.

Pire, ayant connaissance des faits, je reste sans voix devant la clairvoyance de la dame qui, même si elle remplace les Juifs par des chrétiens, parle déjà d'extermination totale. Et en plus, dans son récit, les Juifs n'existent quasi plus… Exterminés qu'ils furent par les allemands.

C'est là que le roman prend toute sa force car il ne s'agit pas ici d'une 36ème version parlant d'une fin alternative de la Seconde Guerre mondiale mais bien d'une anticipation terrible sur l'avenir de l'Europe et du monde si le nazisme triomphait.

Le roman fait froid dans le dos… Nous sommes 700 ans après Hitler (oui, le vilain moustachu a remis à zéro le compteur de Jésus-Christ), le saint empire hitlérien domine toute l'Europe, et quand je dis toute, c'est toute, même pas un village gaulois pour résister.

Nous sommes face à une dictature impitoyable où les femmes ont autant de droit que les chiens et dont leur rôle est celui de poules pondeuses, juste bonne à se faire engrosser par les hommes et à mettre au monde des garçons, qui leur seront enlevés à l'âge de 18 mois.

Parqués dans des camps, nous sommes soumises au bon vouloir des mâles et le viol n'est plus un crime depuis longtemps. Nous n'avons plus de pensées, plus de vie, plus d'allant, plus rien…

L'art et la culture n'existent plus, les livres c'est pareil, hormis la Bible d'Hitler et les manuels techniques, les gens ne savent plus lire, lire ne sert à rien. Ne reste que la musique, mais tous les grands compositeurs que nous connaissons sont devenus allemands ou autrichiens, sans exception.

De plus, on a beau être 700 plus tard, les technologies ne sont pas très avancées, comme si les Hommes en avaient peur, comme s'ils vivaient toujours à l'époque de 1940 avec ses aéroplanes et ses vieux camions de l'époque.

L'univers qui est décrit dans ses pages est tout bonnement impitoyable, horrible, donnant des sueurs dans le dos car tout le monde a oublié ce qu'il y avait avant l'avènement du nain de jardin moustachu et on a fait de ce dernier un Dieu, limite un Jésus puisqu'il a donné naissance à une religion, la sienne.

Tout est effacé, on a réécrit l'Histoire, les faits ont été changés, tout est à la gloire des allemands et des nazis, les religions éradiquées et ce qui les remplace est une horreur sans nom, les chrétiens étant même considéré comme moins que des rats !

Ah, et le petit homme ventripotent que nous connaissons, moustachu, moche, avec du bide et une mèche de cheveux gras est devenu – propagande oblige – un grand blond magnifique (2,10m) aux yeux bleus, avec des cheveux blonds et longs digne d'une pub de chez l'Oréal, un être quasi divin, et pas sorti du ventre d'une femme.

On lui a écrit une légende, il fait l'objet de culte, on visite les lieux saints en Allemagne et les seuls à ne pas avoir été envahis sont les japonais, qui eux, tiennent sous leur coupe les américains.

L'histoire gravite autour d'Alfred, un anglais, le personnage principal avec Herman, l'ouvrier agricole l'allemand et von Hess, le chevalier.

Malgré leurs différences et leurs divergences, ces trois là vont discuter ensemble et le chevalier fera de terrible révélations à nos deux hommes, plongeant dans le désarroi le plus total l'allemand qui voit ses croyances s'effondrer.

Trois personnages attachants, réalistes, avec leurs pensées conformes à ce qu'ils ont toujours vu et vécu, la rébellion étant à proscrire chez les soumis, d'ailleurs, ils n'y penseraient même pas. Pourtant, comme le personnage d'Orwell dans 1984, Alfred a déjà conscience qu'on lui a menti cherche à déjouer la supercherie.

On ne peut pas dire qu'il se passe des tas de choses importantes, dans ce roman, mais on s'en moque, la narration étant tellement forte que l'on blêmit lors des conversations entre Alfred et le chevalier (haut grade chez les allemands), en découvrant la vie des gens, la condition de la femme, de l'enfant, les pensées qui sont celles des humains de tout bord.

Loin d'être indigeste, ce petit roman de 230 pages est limpide, facile à lire, même s'il a tendance à vous foutre des claques régulièrement, et pas des petites.

Il y a un réalisme effroyable, dont des faits qui se remarquent depuis quelques temps chez les Chinois avec leur règle de l'enfant unique (plus de garçons que de filles et un déséquilibre, comme dans notre roman).

Ceci est plus qu'un roman, c'était une vraie mise en garde en son temps, et elle vaut toujours pour notre époque ! Qui voudrait d'une telle société où les gens ne pensent pas par eux-même ?

Glaçant !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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