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Critique de JessicaMT


Le lion sans crinière est un roman remarquable et étonnant à plus d'un titre. Écrit par un jeune auteur de 26 ans dans un français admirable, il semble à première vue s'inscrire pleinement dans la catégorie des romans d'aventure en reprenant les grands poncifs du genre : exotisme, nature vierge, animaux sauvages, épopée guerrière. Il ne saurait cependant y être réduit. L'auteur s'amuse à brouiller les pistes et à casser les codes. Il n'accorde en effet qu'une importance succincte au suspens, pourtant l'un des ressorts majeurs du récit d'aventure. Dès les premières pages on comprend en effet que la révolte humaniste menée par André St Souris, le lion sans crinière, et ses hommes contre le dictateur Ambutu finit mal. le narrateur, Perrier, ami fidèle du héros, contraint à la fuite en Europe, explique même les causes de cet échec. C'est que finalement le dénouement importe peu. Edouard Bureau privilégie au travers des 462 pages de son roman la complexité et les ambiguïtés des personnages, vues au travers des yeux de perrier. L'auteur évite judicieusement une vision manichéenne simplificatrice plaçant un héros humaniste dans le camp des bons et un dictateur sanguinaire dans celui des mauvais. Ce récit tout en nuances est bienvenu compte tenu du sujet.

Malgré la multiplication des péripéties (batailles, avancée des rebelles, prise de pouvoir, guerre civile), l'auteur garde un évident souci de vraisemblance, notamment grâce aux nombreuses descriptions des combats dans ce qu'ils peuvent avoir de plus violents, de plus cruels. Malgré une intrigue se déroulant dans un pays africain imaginaire, le récit reste pleinement ancré dans le réel de par les thèmes abordés (contexte de la décolonisation, conflits interethniques).

Au delà de la qualité indéniable de l'écriture, j'ai aimé trouver derrière le prétexte d'une aventure plaisante à suivre mais un peu vaine, une réflexion sur la nécessité d'une guerre "juste" et de ses limites, sur la condamnation d'un (post)colonialisme français trop souvent déconnecté des réalités locales, sur les faiblesses humaines quand le pouvoir corrompt même les âmes qui semblaient les plus nobles.

Enfin, ce roman résonne comme une véritable ode à la beauté du continent africain étayée par de somptueuses descriptions oniriques. On peut y déceler également un vibrant appel à une prise de conscience environnementale et à une préservation d'un patrimoine naturel fragile et précieux.
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