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Critique de motspourmots


Il y a toujours un petit pincement au coeur à l'annonce d'une suite à un roman que l'on a beaucoup apprécié. Un mélange d'excitation et de crainte d'une déception. Hésitation vite balayée car dès les premières pages le charme opère à nouveau. Il faut dire que Jessie Burton trouve le moyen de nous replonger très vite dans l'ambiance qui faisait le sel de Miniaturiste tout en offrant un roman différent, très malin dans sa composition au point que je l'ai terminé en étant convaincue qu'il m'aurait manqué s'il n'avait pas existé.

Dix-huit ans ont passé, nous sommes en 1705 et c'est aussi l'âge de Thea qui fête son anniversaire. Un mini résumé de l'intrigue de Miniaturiste permet de vite retrouver ses marques et de comprendre que depuis le décès en couches de Marin Brandt, la mère de Thea, la maison qui faisait la fierté de la famille s'est recroquevillée sur elle-même. Nella est restée vivre avec Otto (père de Thea et héritier de la maison), Thea et Cornelia leur dévouée gouvernante mais les conditions de la naissance de Thea et le manque d'argent les contraignent à une vie en sourdine. Métisse, la jeune fille attire les regards par sa beauté mais aussi sa singularité dans une ville dont le précédent roman avait montré toute l'hypocrisie face aux différences. Thea semble étouffer dans cette maison et trouve de l'oxygène dans la fréquentation du théâtre où les représentations la divertissent et lui font miroiter d'autres possibilités de vies. Ainsi que l'amour en la personne de Walter, l'artiste qui peint les décors. de son côté, Nella s'est mise en chasse d'un mari pour sa nièce, seule possibilité d'après elle pour lui permettre de retrouver un statut et un niveau de vie identiques à ceux qu'ils ont tous perdus après le procès de Johannès. C'est à ce moment que des mystérieux petits paquets font leur apparition sur le perron de la maison, comme si la miniaturiste avait choisi de revenir éclairer les membres de cette famille.

Mais je l'ai dit plus haut, nous n'aurons pas deux fois le même roman. Dans une composition judicieuse qui évite avec bonheur les redondances, l'autrice met en scène une intéressante symétrie entre Nella et Thea par le prisme de leurs choix - ou non choix - au même âge. Et choisit de mettre l'accent sur un chemin bien difficile, le plus difficile sans doute pour une femme mais qui conduit à l'émancipation. Pour cela, elle construit une intrigue palpitante aux accents modernes lorsqu'il s'agit d'interroger la place des femmes ou l'importance de la nature et de ses fruits. Elle joue parfaitement sur les décors et poursuit ses descriptions dignes de tableaux de maîtres hollandais, passant des bruns et noirs typiques de la ville aux verts chatoyants de la campagne, jolie façon d'accompagner le cheminement des deux femmes dans l'appropriation de leur liberté. Huit ans après nous avons ainsi entre les mains une pièce qui s'emboîte parfaitement et vient nourrir ce qui constitue désormais un formidable diptyque. J'avoue que si Jessie Burton envisageait dans quelque temps de nous donner des nouvelles de la famille Brandt, je ne serais pas contre. Quoi qu'il en soit, c'est une réussite.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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