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Critique de aurore022


La maternité n'est pas une fatalité

Jessie Burton, née à Londres en 1982, signe un roman magistral : « Les secrets de ma mère » (éditions Gallimard). L'histoire : en 1980, Élise Morceau, vingt ans, rencontre une écrivain célèbre ; Constance Holden. 2017 : Rose Simmons cherche des réponses sur sa mère qui a disparu sans laisser de traces peu après sa naissance.

Tout le livre nous embarque dans des réflexions sur la quête de sens : quel sens désire-t-on donner à sa vie ? Une carrière brillante apporte-t-elle du bonheur à une femme ambitieuse ? A quoi se résigne-t-on lorsqu'on donne la vie ?

Les personnages de Jessie Burton sont complexes : Connie Holden, lesbienne assumée, écrit des ouvrages remplis d'ambiguïté sur l'amour, la passion et la mort. Pourtant, elle contredit ses idéaux à travers ses comportements quotidiens. Élise Morceau nie sa jeunesse, la vie lui paraît interminable à peine débutée. Là où elle se montre mature, elle s'agite néanmoins comme une enfant. Rose Simmons pense trouver des réponses sur sa mère, alors qu'en réalité, c'est sur elle qu'elle veut des réponses.


« Toutes les femmes ont droit au privilège de l'échec, mais peu en jouissant vraiment, écrivait Constance. C'est un privilège de commettre des erreurs monumentales et d'obtenir une seconde chance comme si rien ne s'était passé. Les hommes le font sans arrêt, puis on les châtie en tant qu'individus.. On pense aussitôt aux politiciens. Aux hommes d'affaires. Aux assassins. Ces démons blancs qui détruisent notre monde. Les femmes sont des démons aussi, bien sûr. Mais quand une femme foire quelque chose, c'est souvent au nom de toutes les autres femmes, comme si nous évoluions au sein d'une même sphère. Et pourtant, nous devrions avoir le droit de foirer ! L'inhibition dans la vie d'une femme est pire qu'une invasion de sauterelles ! ».



A travers « Les secrets de ma mère », nous sommes également amenés à nous questionner sur le rôle de mère : est-ce une fatalité pour les femmes de s'oublier quand elles mettent au monde un nouveau-né ? Y a-t-il une responsabilité plus dure et à la fois, plus merveilleuse que d'élever un enfant ? Nous faut-il condamner systématiquement les mères qui abandonnent leur progéniture ? Finalement, ce roman réflexif nous laisse à nos propres conclusions. C'est en cela qu'il est envoûtant et nous poursuit après l'avoir refermé.

Cette lecture, je l'ai terminée en deux jours. Elle m'a bouleversée et m'a donné envie de découvrir les autres romans de cette autrice dont on n'a certainement pas fini d'entendre parler.

Aurore van Opstal
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