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Critique de pompimpon


La jeune Petronella Oortmann rejoint son époux à Amsterdam en ce jour d'octobre 1686. Elle se retrouve devant la porte d'une somptueuse maison de la Courbe d'Or, avec sa petite malle et son perroquet Peebo dans sa cage.

Drôle de mariage que celui qu'elle a contracté avec Johannes Brandt, un puissant marchand d'Amsterdam, de vingt ans son aîné.
Drôle d'accueil que celui qui lui est fait par Marin, sa belle-soeur, et la servante Cornelia.
Drôle de surprise que de voir pour la première fois une personne à la peau noire : Otto, serviteur du Seigneur Brandt.

Nella a grandi loin d'Amsterdam et de ses contradictions entre faste éblouissant et rigorisme religieux.
Mais, ainsi que sa mère l'avait écrit à sa belle-soeur Marin, elle est intelligente et forte ; "Nella trouvera sa place" loin "d'Assendelft […] trop petit pour un esprit tel que le [sien]", a-t-elle assuré.

De l'intelligence et de l'esprit, il va lui en fallloir.

Nella plonge en effet dans un univers étranger, étrange aussi.
Elle a immédiatement fort à faire avec cette surprenante belle-soeur, incontournable, droite, austère et fière dans ses robes noires.
Et fort à découvrir dans cette Amsterdam déchirée par les puritains le disputant aux négociants, lesquels jouent le jeu de la plus grande piété vêtus des plus belles étoffes et parés des plus rutilants bijoux, la lutte sourde pour avoir la haute main sur le commerce entre la République des Provinces-Unies et les contrées lointaines aux noms fabuleux, Suriname, Dahomey, Coromandel, Sumatra...

Nella se heurte à bien des mystères, ceux de cette maison chuchotant et bruissant au coeur de la nuit, ceux de cet étonnant mari et de son négoce, ceux de cette miniaturiste à laquelle elle a fait appel pour fabriquer meubles et objets afin de remplir le cabinet, une maison de poupée, que lui a offert Johannes.

Une maison qu'elle devrait diriger, un mari qu'elle devrait voir dans sa chambre chaque soir, ou au moins un soir, ne serait-ce qu'un, une miniaturiste qui semble tout connaître de sa vie, avant même que les évènements ne s'y produisent…

Ramassée en une poignée de semaines, d'octobre 1686 à janvier 1687, l'intrigue de Miniaturiste nous ouvre les portes d'une de ces magnifiques maisons reflétant leurs façades dans les eaux lisses du Herengracht, le Canal des Seigneurs.
Quelques semaines saisies au coeur du Siècle d'Or, un moment particulier dans l'histoire des Pays-Bas et d'Amsterdam, à l'acmé de sa puissance économique et de son rayonnement culturel sur l'Europe.

La reconstitution du mode de vie des Brandt et de leurs voisins est soignée, qu'il s'agisse du mobilier, de l'alimentation, des vêtements, de l'agencement des pièces, des relations formelles entre les êtres.

On croirait voir l'une de ces toiles d'intérieur de Vermeer, van Hoogstraten ou Janssens Elinga. Tout y est si net et paisible. Tout semble se montrer tel qu'en soi-même, sans mensonge, sans secret…

C'est ce qui m'attire, d'ailleurs, dans ces toiles flamandes aux lumières douces tombant d'une croisée ouverte sur l'ouvrage tenu ouvert sur les genoux, ou la mapemonde glissant doucement sous une main distraite.

Mais là s'arrête la reconstitution, tant les caractères de Nella et de Marin paraissent anachroniques dans le tableau.
Et ça a gâché mon plaisir.
Si j'ai suivi les premiers pas de Nella avec d'autant plus d'intérêt que les descriptions étaient précises et documentées, la trame intrigante et les personnages attachants, je suis restée très dubitative devant la facilité avec laquelle elle acceptait sa situation, manifestant une ouverture d'esprit qui manque encore, hélas, à bien des personnes de nos jours !
L'intention est évidemment louable, mais nuit beaucoup à la crédibilité de l'histoire.

C'est dommage.
Cependant, l'ensemble reste intéressant et agréable à lire. Je suis admirative du travail de recherche et de reconstitution qu'a fait Jesse Burton pour parvenir à nous ramener dans l'Amsterdam si puissante du Siècle d'Or.
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