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Critique de Midgardsormr


Ce 2ème tome fait clairement basculer dans une horreur quasi absolue. Néanmoins, je ne l'ai pas aimé avec la même intensité que le premier. Je l'ai trouvé moins psychologique et le suspense y est moins haletant. Je ne dis pas que la psychologie n'y est pas (connaissant Sarah, ce serait blasphémer), mais il n'y a pas cet effet «puzzle» du premier. En contrepartie, les personnages apparaissent plus torturés et meurtris que jamais. L'ambiance est suffocante, poisseuse, où le point de non retour n'est jamais loin. L'autrice a cette capacité d'immerger instantanément dans son univers, aussi horrifique soit-il.

En parlant d'horreur, certains passages m'ont été insoutenables ! Je savais qu'il allait y avoir des passages horribles, mais l'autrice a été plus loin que je ne l'aurais cru. L'effroi et le dégoût se sont faits sentir, à tel point que je me suis dit que ces passages n'étaient pas nécessaires. Heureusement, la limite n'a pas été franchie là où je croyais qu'elle le serait. Mais la monstruosité des personnages est à l'image de son autrice (à peu de choses près). Ces derniers sont d'ailleurs très bien travaillés, aucun d'entre eux n'est lisse. Ils sont cabossés à un point tel que le désespoir se fait constant. Là est la force de Sarah : la mise en valeur de la noirceur de l'âme humaine, mais aussi ses fêlures. Les personnages montrent à certains moments une humanité insoupçonnée, prouvant que si la vie peut mettre à terre jusqu'à ne plus pouvoir se relever, il subsiste toujours une force enfouie au plus profond qui permet d'y croire encore. Les émotions se font donc intenses, aussi dégueulasses qu'émouvantes.

L'intrigue quant à elle est très bien construite. D'une manière plus linéaire certes, mais l'autrice fait en sorte d'apporter une force évocatrice à son récit qui ne laisse pas de place à l'ennui. La tension est constante, et je dirais qu'il y a une certaine pratique de la mise en abyme. Là encore, les personnages servent l'histoire, puisqu'en s'attardant sur leur passé, elle donne à l'ensemble une profondeur qui ne demande qu'à être explorée. Il faut dire aussi que, d'une manière sous-jacente, les messages sociaux sont nombreux. Les sorcières m'apparaissent comme la classe marginale. Elles sont craintes par les humains, et l'on sait que ces derniers détruisent ce dont ils ont peur, car ne pouvant pas le contrôler. Sarah démontre clairement la misère sociale à travers différents peuples, où le racisme, la perte de repère, le rejet de la différence ou encore les injonctions familiales engendrent la violence et l'incompréhension des uns et des autres. Là où commence le mépris et la jalousie, naissent la monstruosité et la vengeance. La plupart des personnages, noircis par leurs tourments et leurs regrets, ne cherchent finalement qu'à survivre dans un monde qui les a abandonnés, qui n'a pas su les aimer à leur juste valeur.

Sarah reste fidèle à elle-même. Si sa monstruosité se reflète à travers l'ambiance moite et crasseuse et son écriture dignes d'un mixte entre Evil Dead et Seven, sa sensibilité bien cachée se voit au travers des messages insérés et de ses personnages aussi caractériels qu'abîmés émotionnellement. Sa propension à traiter de la psychologie cognitive prouve également à quel point l'humain ne jure que par la science au nom de son égo démesuré. Les innocents y sont traités comme des objets, tout juste bons à servir les intérêts d'une nation aussi ambivalente qu'impitoyable.

Le final du roman ne laisse aucun doute quant à l'issue des événements. Il en ressort une histoire puissante émotionnellement, aussi malaisante qu'efficace, qui ne pouvait pas me laisser de marbre. Si comme je l'ai dit en premier lieu je n'ai pas aimé autant que le premier, il n'en reste pas moins que ce fût une très bonne lecture, qui aura eu le mérite de me secouer !
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