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EAN : 9782490417889
394 pages
NOIR ABSINTHE (28/11/2020)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Australie, 2016.

Un mois après les meurtres de Melbourne, Chiara Adamo rejoint la célèbre Brigade de Traque et Arrestation des Sorcières à Sydney. Très vite, elle constate une recrudescence de Sorcellerie de Chair, dans l’outback australien. Pourquoi cette activité soudaine ? Que préparent les sorcières ? Commence alors une difficile traque, où chaque faux pas peut être fatal.

Au milieu du désert, dans la prison souterraine de Simpson, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
[SPOILERS DU PREMIER TOME OBLIGENT]

Dès les premières lignes, mon coeur a battu la chamade un nombre incalculable de fois. Chaque mot tranchait mon esprit, cisaillait ma pensée, consumait mes émotions ; d'abord lentement, puis d'un coup net. Jusqu'à ce que l'espoir s'étiole dans la nuit. Ce premier tome m'a touché autant que le premier, si pas plus. Il est dans la continuité de ce que nous a proposé l'autrice dans Sorcière de Chair en nous offrant cette fois-ci le point de vue de Chiara (Noalle) en plus de celui d'Arabella (Sterenn). Ces deux narrations opposées sont entrecoupées de flash-backs, la force même de ce récit, lesquels nous plongent dans l'horreur du passé de ces deux sorcières torturées. de temps en temps, la narration laissait place à des passages écrits dans une autre police et nommés « essais ». Je les ai trouvés extrêmement difficiles à lire tant le ton neutre de ces analyses faisaient froid dans le dos. Aussi, j'ai trouvé ce second tome très riche par rapport à la société des sorcières. Si dans le premier tome, nous restions beaucoup dans la tête d'Arabella à ressasser avec elle son passé, à suivre une enquête plus que troublante, Chair Morte propose cette fois de nous retrouver aussi dans celle de la grande « méchante » : la soeur et némésis de Sterenn. Nous suivons parallèlement ces deux âmes en souffrance, chacune ayant baissé les bras quant à espérer retrouver le bonheur. Toutefois, elles mettent tout en oeuvre pour atténuer au maximum la douleur qui régisse, depuis bien trop longtemps, leurs vies.

Je tiens à féliciter Sarah Buschmann pour ce scénario des plus bluffant. Malgré mon impatience à l'idée de lire ce roman, j'éprouvais l'appréhension du deuxième tome ; allait-il être à la hauteur du premier ? n'allais-je pas m'ennuyer dans le huis-clos de la prison ? comment allaient être exploitées Arabella et Chiara cette fois-ci ? Tant de questions trottaient dans ma petite tête, néanmoins les premières pages ont balayé mes inquiétudes. Les mots de Sarah ont aspiré mon âme comme l'on avale un grand verre d'eau. Je me suis perdue dans un océan noir poisseux duquel a jailli l'horreur du sexe, la perversité humaine, ainsi qu'une mélasse gluante d'angoisses pétrie par les fantômes du passé. La puissance de ce livre réside tant dans les mots que dans la cohérence de cette nouvelle intrigue violente, percutante, déchaînée. Elle s'étire et s'enroule autour du cou pour étouffer, faire s'expirer notre dernier souffle de vie. L'autrice nous propulse d'une narration à une autre, capable d'arracher un rire puis un sanglot la seconde d'après, un soupir de soulagement suivi d'une irrésistible envie de vomir. Elle nous torture du début à la fin et ne relâche sa bride que pour mieux la resserrer.

De manière plus personnelle, j'ai préféré l'enquête d'Arabella du premier tome, toutefois ce qui importe dans celui-ci n'est pas la finalité de son investigation mais son déroulement. Elle se retrouve face à des morts inexpliquées, des complots politiques au sein d'une prison semblable à un tombeau enfoui sous le désert. J'ai apprécié suivre sa nouvelle aventure durant son incarcération, ainsi que ses doutes, sa souffrance, sa régression, une certaine évolution, ses qualités, ses défauts. La prison transforme Arabella, ce qui renforce l'attachement ressenti lors du premier opus.

Ce qui permet de supporter l'aspect huis-clos du roman est sans aucun doute la grosse rupture qu'a effectuée Sarah Buschmann par le biais de Chiara. En nous emmenant dans son enquête à elle, on quitte le désert, on respire, on rigole, on grince des dents, on serre les poings, on les relâche, on mouille ses cils, le front se plisse, l'estomac se noue, se relâche, se renoue. On découvre la cause des sorcières et celle des aborigènes en Australie, ce qui nous apprend un peu plus sur le fonctionnement cette île, qui est à la fois le plus petit continent du monde. On sent l'authenticité et la recherche derrière ces thèmes abordés. Et, bien sûr, les neurosciences viennent compléter ce tableau dégoulinant de sang et de larmes. Encore une fois, l'autrice nous emmène dans les tréfonds de son esprit sadique et nous secoue jusqu'à ce que nous ressentions le haut-le-coeur tant attendu. Une main sur la poitrine, puis le ventre, les yeux fixés sur ces pages encrées de tourments. Et nous voilà enchaînés, sans nous en rendre compte, jusqu'à la toute dernière ligne.

Une autre force de cette histoire est, sans hésiter, la plume de l'autrice que je visualise comme de la porcelaine brisée. de la douceur éclatée, de la tendresse mutilée, une poésie hachée. Elle nous happe et entre en nous comme de l'air. Il nous permet de vivre, de tenir debout, mais une fois corrompu par de la toxicité ou de la pollution, ce même oxygène peut s'avérer fatal. C'est ainsi que Sarah Buschmann écrit ; elle puise dans ce qui constitue un être humain puis l'écrase entre sa paume, avant d'inhaler la poussière que nous sommes devenus. Elle nous respire comme son air vital pour mieux respirer, et nous en redemandons encore parce que sans ses mots, nous perdons pied. Son style m'a touchée, à tel point que je suis tombée amoureuse de son écriture. À tel point que je désire lire tout ce qu'elle écrira à l'avenir. À tel point que si je devais perdre la vie, là tout de suite, ce serait avec ses mots en tête. L'échos des pensées d'Arabella, de Chiara, de ces bourreaux et victimes que l'on se plaît tant à détester qu'aimer. le lyrisme de sa prose m'a encore une fois conquise.

Ayant pas mal parlé d'Arabella et Chiara, je voudrais aussi mettre en avant la faculté que l'autrice a de mettre en avant certains personnages secondaires sans les laisser de côté comme Nolan ou Alcyn. Ces derniers m'ont peinée (dans le cas d'Alcyn, il y a eu aussi un peu de rire face à ses piques) tant ils ne méritent pas ce qu'ils vivent. Aussi, je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler, mais j'ai apprécié qu'un certain personnage du premier tome prenne un peu plus de place lors de cette suite. Malgré toute la violence prédominante de l'histoire, on ne peut s'empêcher d'espérer une bonne fin face à cette montée en escalade de souffrance.

Quant à la fin… Elle m'a d'abord laissée perplexe. J'avais l'impression que Sarah Buschmann avait enfoncer sa main dans ma poitrine pour m'écraser un peu plus le coeur jusqu'à ce que les battements cessent. Ce final sonnait juste, sans mauvaise note, toutefois cela restait une mélodie difficile à écouter jusqu'au bout. Chaque mot me cisaillait un peu plus, j'avançais le ventre noué par l'appréhension quand je comprenais ce qu'il se passait, et puis l'épilogue m'a achevée comme une guillotine. Si ce roman n'a pas de suite, ce n'est pas un mal parce que cette fin se suffit à elle-même, tout comme celle du premier opus. En revanche, si l'autrice décide d'écrire un troisième tome, je me demande bien ce qu'elle pourrait mettre en oeuvre pour nous torturer encore plus. Ce qui m'inquiète, c'est que je ne suis même pas sûre qu'elle ait puisé dans l'entièreté de son sadisme à l'heure actuelle. En outre, le tomber de rideau laisse un goût amer ; trois-cents pages supplémentaires ne m'auraient pas du tout déplu.

Grosso modo, Chair Morte est plus qu'à la hauteur de Sorcière de Chair, peut-être même davantage plus sombre et violent. Il met en avant la perversité de l'âme et aborde plusieurs thèmes difficiles. Ce livre n'est pas à mettre dans toutes les mains ! Pour ma part, il s'agit d'un coup de foudre ; j'ai dévoré les mots de Sarah Buschmann du début à la fin sans m'en lasser. Je ressors de cette lecture toujours aussi assoiffée qu'après lecture du premier opus ! Je recommande ce roman aux amateurs de mélanges de genre tels que l'urban fantasy, le thriller, voire l'horreur pour ce second tome, et le policier. Venez suivre les nouvelles aventures d'Arabella au sein de la prison du désert et explorer la complexité de Chiara… Vous allez adorer les détester. Et n'oubliez pas de surveiller le contenu de votre assiette !
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Ce 2ème tome fait clairement basculer dans une horreur quasi absolue. Néanmoins, je ne l'ai pas aimé avec la même intensité que le premier. Je l'ai trouvé moins psychologique et le suspense y est moins haletant. Je ne dis pas que la psychologie n'y est pas (connaissant Sarah, ce serait blasphémer), mais il n'y a pas cet effet «puzzle» du premier. En contrepartie, les personnages apparaissent plus torturés et meurtris que jamais. L'ambiance est suffocante, poisseuse, où le point de non retour n'est jamais loin. L'autrice a cette capacité d'immerger instantanément dans son univers, aussi horrifique soit-il.

En parlant d'horreur, certains passages m'ont été insoutenables ! Je savais qu'il allait y avoir des passages horribles, mais l'autrice a été plus loin que je ne l'aurais cru. L'effroi et le dégoût se sont faits sentir, à tel point que je me suis dit que ces passages n'étaient pas nécessaires. Heureusement, la limite n'a pas été franchie là où je croyais qu'elle le serait. Mais la monstruosité des personnages est à l'image de son autrice (à peu de choses près). Ces derniers sont d'ailleurs très bien travaillés, aucun d'entre eux n'est lisse. Ils sont cabossés à un point tel que le désespoir se fait constant. Là est la force de Sarah : la mise en valeur de la noirceur de l'âme humaine, mais aussi ses fêlures. Les personnages montrent à certains moments une humanité insoupçonnée, prouvant que si la vie peut mettre à terre jusqu'à ne plus pouvoir se relever, il subsiste toujours une force enfouie au plus profond qui permet d'y croire encore. Les émotions se font donc intenses, aussi dégueulasses qu'émouvantes.

L'intrigue quant à elle est très bien construite. D'une manière plus linéaire certes, mais l'autrice fait en sorte d'apporter une force évocatrice à son récit qui ne laisse pas de place à l'ennui. La tension est constante, et je dirais qu'il y a une certaine pratique de la mise en abyme. Là encore, les personnages servent l'histoire, puisqu'en s'attardant sur leur passé, elle donne à l'ensemble une profondeur qui ne demande qu'à être explorée. Il faut dire aussi que, d'une manière sous-jacente, les messages sociaux sont nombreux. Les sorcières m'apparaissent comme la classe marginale. Elles sont craintes par les humains, et l'on sait que ces derniers détruisent ce dont ils ont peur, car ne pouvant pas le contrôler. Sarah démontre clairement la misère sociale à travers différents peuples, où le racisme, la perte de repère, le rejet de la différence ou encore les injonctions familiales engendrent la violence et l'incompréhension des uns et des autres. Là où commence le mépris et la jalousie, naissent la monstruosité et la vengeance. La plupart des personnages, noircis par leurs tourments et leurs regrets, ne cherchent finalement qu'à survivre dans un monde qui les a abandonnés, qui n'a pas su les aimer à leur juste valeur.

Sarah reste fidèle à elle-même. Si sa monstruosité se reflète à travers l'ambiance moite et crasseuse et son écriture dignes d'un mixte entre Evil Dead et Seven, sa sensibilité bien cachée se voit au travers des messages insérés et de ses personnages aussi caractériels qu'abîmés émotionnellement. Sa propension à traiter de la psychologie cognitive prouve également à quel point l'humain ne jure que par la science au nom de son égo démesuré. Les innocents y sont traités comme des objets, tout juste bons à servir les intérêts d'une nation aussi ambivalente qu'impitoyable.

Le final du roman ne laisse aucun doute quant à l'issue des événements. Il en ressort une histoire puissante émotionnellement, aussi malaisante qu'efficace, qui ne pouvait pas me laisser de marbre. Si comme je l'ai dit en premier lieu je n'ai pas aimé autant que le premier, il n'en reste pas moins que ce fût une très bonne lecture, qui aura eu le mérite de me secouer !
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Je ne sais pas par quoi commencer… ce livre est à la fois captivant mais aussi long est moins prenant que sont prédécesseur Sorcière de Chair.
Je m'attendais à beaucoup plus d'action, un retournement de situation d'Arabella (Steren, 313)
On découvre le décor de la fameuse prison aux sorcières, ce qu'ils infligent aux chaires mortes « bannis ».
Noalle connu sous le nom de Chiara, est admise à la BTAS (la brigade anti sorcière) elle s'investit énormément dans son travail afin d'exterminer ses compatriotes qu'elle ne tolère plus dû à son enfance.
De son côté Arabella, enquête dans la prison sur des meurtres entre sorcières, un changement de régime s'opère et la situation bascule pour elle…
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Le commentaire de Cathy : COUP DE COEUR!

Coup de coeur pour cette suite de " sorcière de chair ".
J'avais trouvé le premier tome assez violent, tout en restant dans le supportable, mais dans ce nouvel opus l'auteure va plus loin dans l'horreur.
Une fois de plus, je me suis senti embarquée par l'ambiance sombre de cette histoire, j'ai aimé me replonger dans cet univers que nous propose Sarah Buschmann.
En alternance, nous suivons Arabella qui, après les événements précédents, est enfermée dans une prison au coeur du désert australien et Chiara qui vient de rejoindre la Brigade de traque et d'arrestation des sorcières à Sydney.
Les faits de sorcellerie augmentent, que préparent les sorcières ?
Cette lecture, je la conseille aux personnes au coeur bien accrochées, c'est un récit violent, l'auteure a réussi à créer une ambiance telle que j'ai eu besoin de prendre quelques moments de pose afin de reprendre mon souffle.
L'écriture de Sarah Buschmann me plaît toujours autant, sa plume est fluide, encore plus incisive, le rythme est toujours aussi intense.
J'avais ressenti de la frustration lorsque j'avais terminé la lecture du premier tome, j'avais d'ailleurs exprimé mon souhait d'avoir une suite, voeu qui a été magistralement exaucé.
Cette fin est incroyable et m'a beaucoup plus, si vous avez envie de découvrir cette auteure, je vous conseille de lire " sorcière de chair " en premier.
Je renouvelle ma recommandation, âme sensible s'abstenir.
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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Si le premier tome était décrit comme noir et violent par certains lecteurs, alors que, pour ma part, je l'avais trouvé plus qu'abordable, « Chair Morte » est véritablement d'une violence psychologique intense. J'ai parfois ressenti le besoin de faire une pause dans ma lecture, non parce qu'elle ne me passionnait pas, bien au contraire, mais parce que l'ambiance y était pesante, oppressante, sombre. Je vous ai déjà parlé des compétences professionnelles de l'auteure, et je ne referai pas l'article, mais il est clair que je n'aimerai pas croiser Sarah Buschmann en pleine nuit dans une rue sombre.

Et alors que l'ambiance est lourde, moite, et que l'odeur de décomposition sature les narines du lecteur, les personnages qui sont mis en scènes sont d'une profondeur exemplaire, et sont encore plus travaillés que dans le livre précédent. Arabella-313, notamment, y est décrite au scalpel, et chaque coup qui la sculpte dessine un peu plus la complexité de son être, alors que Chiara s'enfonce toujours plus dans le doute et l'obscurité, auréolée de la peur de son destin inexorable.

La fin de ce second opus est quant à elle magistrale. La boucle est bouclée, avec perte et fracas, mais la cohérence donne une beauté magnifiquement triste à l'ensemble de l'oeuvre.

« Chair Morte » est sans conteste un des meilleurs romans de witch-lit qu'il m'ait été donné de lire.

Lien : https://www.book.beltanesecr..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Noalle la détestait parce qu'elle ne pouvait plus l'aimer.
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