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Critique de NMTB


NMTB
27 février 2016
C'est à peine croyable que ce roman satirique, parodique, un peu caricatural et diffamant, mais loin d'être scandaleux, ait pu valoir à son auteur un an de bastille et plusieurs d'exil. On se demande parfois ce qui pouvait passer par la tête de Louis XIV, lui que la postérité aurait dû plus véridiquement surnommer le roi-queutard plutôt que soleil, qui distribuait sa royale semence avec autant de prodigalité que les lettres de cachet et qui a quasiment fait de la cour de France un club libertin. Derrière la caricature de cette « Histoire amoureuse des Gaules », il y a quand même une part de vérité dans les gentils chassés-croisés vaudevillesques que met en scène Bussy-Rabutin.
Il se moque principalement de madame d'Olonne et de la duchesse de Châtillon, qui ne devaient pas avoir une bonne réputation, et qu'il présente comme deux très belles femmes usant de leurs charmes pour multiplier les amants, un peu par amour, beaucoup par intérêt. Mais ses attaques sont plutôt des taquineries innocentes quand on les compare aux violentes charges que pouvait porter Saint-Simon, à peine un siècle plus tard dans ses Mémoires, et dans lesquelles il mentionne à plusieurs reprises « Histoire amoureuse des Gaules ». Par ailleurs il n'est pas impossible que sa manière de portraiturer lui fut inspiré par cet auteur. On apprend aussi dans les Mémoires de Saint-Simon qu'un autre roman à clef (de qualité tout à fait médiocre, apparemment): « Artamène ou le Grand Cyrus », connaissait un grand succès à l'époque où Bussy-Rabutin écrivait son propre livre. Et j'ai l'impression que sa première intention était surtout de faire une parodie de ce roman, juste un petit livre amusant mais pas malveillant.
Le passage le plus intéressant se trouve à la fin, quand il raconte ce que l'histoire a retenu sous le nom de « l'orgie de Roissy », à laquelle il a participé. En vérité, même cette « orgie » reste quelque chose d'à peine libertin, puisqu'elle consiste juste à avoir rompu un peu tôt le carême. On comprend aussi que deux hommes ont couché ensemble, ce qui fait dire à Bussy-Rabutin : « Souvent on arrive à même fin par différentes voies, pour moi je ne condamne point vos manières, chacun se sauve à sa guise, mais je suis bien assuré de n'aller point à la béatitude par le chemin que vous tenez », et quand un participant s'étonne qu'il ne soit pas encore dégoûté des femmes après avoir fréquenté sa cousine, la célèbre Madame de Sévigné, il entame alors un portrait cinglant mais quand même admiratif de celle-ci, avec qui il est fâché.
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