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Critique de SergentPoivre


Ainsi va toute chair fut écrit entre 1873 et 1884 et publié pour la première fois en 1903. Ce roman, en partie autobiographique, retrace l'histoire de la famille Pontifex sur quatre générations, de l'assez sympathique John jusqu'à son arrière-petit-fils Ernest (personnage principal du roman) en passant par le tyrannique et détestable George et le très rigoriste Theobald (père d'Ernest). Il s'agit d'un roman satirique plein de colère dans lequel l'auteur, à travers le parcours chaotique d'Ernest, jeune homme presque irrémédiablement abîmé par le catéchisme inflexible de ses parents, les coups de fouet et la dépréciation constante qu'il subit de sa naissance à sa majorité, dénonce un certain nombre de contraintes sociales (mariage, famille, éducation, religion...) et, plus largement, le dogmatisme, l'hypocrisie et la vanité d'une société victorienne trop satisfaite d'elle-même. Naïf, influençable, pétri d'idées fausses, aucunement préparé à une autre carrière que celle d'ecclésiastique imposée par ses parents (déjà eux-mêmes victimes de leurs propres parents), Ernest se fourvoiera maintes fois (dans sa recherche spirituelle, dans le mariage) et connaîtra une chute vertigineuse avant d'être en mesure d'inventer sa propre vie en tant qu'écrivain (qui, plus tourné vers les générations futures que vers un lectorat contemporain, se mettra « à dos non seulement le monde religieux, mais encore toute la confrérie littéraire et scientifique »). En cela, Ainsi va toute chair, qui vaut peut-être plus par les idées qui y sont développées que par l'histoire elle-même, est également une célébration de la capacité de l'Homme à triompher des autres et de lui-même et à se réaliser personnellement et indépendamment des opinions de ceux qui l'entourent.

Ce bien étrange bildungsroman (probablement très en avance sur son temps, que l'on prenne en compte la date à laquelle il fut achevé ou la date à laquelle il fut publié) entre indubitablement dans la catégorie des ovnis littéraires. S'il partage quelques points communs avec d'autres romans d'apprentissage de l'époque ou traite de quelques thèmes que l'on peut retrouver dans certains romans anglais du 19e siècle, il s'en distingue toutefois de manière très nette par son ton et par sa nature hybride, entre roman et dissertation critique sur l'éducation et la religion. Une anomalie très chaleureusement recommandée !
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