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Critique de LeCombatOculaire


La parabole du semeur (Évangile selon Saint Luc, 8, 5-8) qui a donné son titre à ce livre est celle-ci : « La semeur sortir pour semer sa semence. Et comme il semait, une partie du grain tomba au bord du chemin ; elle fut foulée au pieds et les oiseaux la mangèrent. Une autre tomba sur le roc et, après avoir poussé, elle se dessécha faute d'humidité. Une autre tomba au milieu des épines et, poussant avec elle, les épines l'étouffèrent. Une autre tomba dans la bonne terre, poussa et produisit du fruit au centuple. »

Le ton du livre est sans pitié, il présente la violence sans fard, d'une façon si réaliste que ce qui passe pour de la SF semble tellement toujours d'actualité. Octavia E. Butler signe une histoire très sombre, sanglante, désespérée, à bout de souffle et presque sans espoir, malgré les graines de foi et d'avenir qu'elle sème. L'humanité est offerte comme un essai de mouches. Malgré tout, à travers les personnages principaux, il semble y avoir quelque lumière, une lueur, une union qui fait force à travers les épreuves et une réelle volonté de s'en sortir, de construire quelque chose qui vaille la peine. L'enjeu social est politique est très fort, l'humanité (du moins la partie qu'on en voit) est totalement livrée à elle-même. La Californie brûle, et bien qu'il soit ici question entre autres d'une drogue qui donnerait des envies pyromanes, il n'y a guère besoin d'un prétexte en plus - d'ailleurs ce livre n'est pas tant un roman de science-fiction qu'il pourrait s'inscrire dans la réalité si rien ne change.

Les fondements de Semence de la Terre, qui ponctuent le livre et donne un sens à la quête de Lauren Oya Olamina, désigne le Changement pour Dieu, et place l'humain au centre de la foi : c'est lui qui façonne, c'est lui le reflet de Dieu, c'est lui la cellule qui constitue L Univers, c'est lui qui décide de sa vie et de son avenir, sans s'en remettre à une autorité. On y voit la difficulté de croire encore quand tout s'effondre - le véritable saut de la foi -, la difficulté de se projeter dans le temps et l'espace quand la seule urgence est de survivre, mais aussi la grande force de caractère et l'exceptionnelle volonté de cette jeune fille même pas encore majeure, capable d'unir des troupes, de leur montrer la voie. Il y a autant de candeur et de naïveté qu'il y a de dureté, de cruauté et de résilience. le plus gros point fort de ce récit est de placer une jeune fille noire comme véritable héroïne et leader, bienveillante et féroce, courageuse et rêveuse, alors même qu'elle part avec un gros handicap qui pourrait lui coûter la vie.

Je ne conseillerai pas ce livre à tout le monde, parce qu'il peut vraiment déclencher quelque chose de douloureux (mentions nombreuses de violence, esclavage, meurtres, viols...), néanmoins je pense quand même qu'il est vraiment important de célébrer la puissance de l'écriture d'Octavia E. Butler - autrice noire de science-fiction que je n'aurais peut-être pas connue sans Libère-toi, Cyborg ! de ïan Larue. La Parabole du semeur a une suite, La Parabole des talents, dont je vous parlerai tout bientôt.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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