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Critique de 5Arabella


Difficile de résumer, d'enfermer ce livre dans une trame, un récit linéaire. Jacques Chardonne procède par touches, par petits traits, de lumière et de couleur, aurais-je envie de dire, presque comme un peintre. Tout au moins au début. Nous découvrons un petit monde, habité par de nombreux personnages, dans lequel on se perd un peu. Au centre, Berthe, d'abord petite fille, puis adolescente. Nous avons des aperçus de sa famille, puis le père meurt, et sa mère décide de s'établir à Paris. Berthe suit des cours, fait du piano, et rencontre en cachette Albert. Et un jour ils se marient.

Des petits riens en apparence, mais qui renferment toute une vie, presque toutes les vies. Les sensations de l'enfance, de l'adolescence, les choix et les déceptions de la vie d'adulte. Et cette difficulté à être avec un autre, de comprendre vraiment ce qu'il ressent, à sortir de soi-même. Tout ce qui sépare à chaque instant. Mais en même temps l'impossibilité d'être tout seul. L'autre comme blessure permanente mais aussi comme l'indispensable remède, au vide, au manque, à l'insatisfaction dont la raison n'arrive pas à s'exprimer mais dont la cruelle morsure se fait sentir en permanence.

Rarement le couple a été décrit d'une façon aussi juste et terrible à la fois. Champs de bataille, rapport de forces, remise en cause. Mais son absence est finalement encore pire. Les personnages n'arrivent pas à être avec l'autre, parce qu'ils n'arrivent pas à être avec eux-mêmes. Mais dans un rapport à deux on peut au moins en imputer la responsabilité au partenaire, se défausser sur lui de tout ce qui ne va pas, se défouler.

Un roman d'une grande force et densité, d'une très grande noirceur.
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