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Critique de lbvander2


« Comme on me parle des chamans qui peuplent les villages autour d'Otavolo, je me lance de bon matin sur les traces de ces guérisseurs de l'âme venus du fond des âges. Un bus bleu et vibrant de musique me conduit à un hameau qui longe la route, Carabuela. J'emprunte un sentier qui grimpe dans le village endormi au pied de lumineuses montagnes et de gros volcans. Au loin, des champs cultivés dessinent comme une mosaïque de couleurs chaudes sur les monts noyés de soleil à l'orée d'un ciel bleu pur. »
J'ai choisi cet extrait de Soleil Citron Vert (p207) – mais j'aurais pu en trouver d'autres – pour montrer les caractéristiques du récit de Yanna Byls et son style.
Il y a d'abord la beauté des paysages. Et leurs couleurs. Ici les montagnes sont « lumineuses ». La « mosaïque de couleurs chaudes ». Ailleurs des « reliefs verts baignés de soleil », des « rues blanches » et des « hauteurs flamboyantes » (p261). Les bus sont toujours colorés, ici il est bleu, comme le « magic bus » mais il peut aussi être orange. Les cieux sont souvent bleus, parfois rouges… Si, à ces paysages souvent éclatants de bandes dessinées – ou, pour les vieux comme moi, rappelant les light-shows psychédéliques des groupes pop des années 60-70 – l'on préfère les descriptions sommaires, grises, glaciales : passer son chemin. L'Amérique du sud se prête sans doute volontiers à ce style baroque. le flot volubile de l'auteure en rajoute encore, le décor est donc bien planté.
Le second aspect important du récit est la multitude de rencontres que la voyageuse fait par hasard – ce hasard qui n'existe pas… - sur son chemin. La voyageuse est disponible, ouverte à toutes les rencontres. Avec des chamans, des vrais ou des faux. Avec des paysans. Avec des hommes, des femmes, des enfants, des familles. La plupart sont « vrais » – Yanna sait s'éloigner s'il le faut des chemins trop balisés –, et sont des gens chaleureux, qui ont des tas d'histoires à raconter. Il y a des rencontres incroyables, des nuits sur des plages, sur des bateaux, dans des cabanes… Quand on est en voyage on peut aussi – et souvent – rencontrer l'amour, sous des formes très différentes, voire la « passion des corps ». Soleil Citron vert n'est pas un récit édulcoré sur ce thème…
Il y a un autre thème qui revient dans ce récit : la musique. Il y a toujours de la musique en Amérique du sud. Et si ce ne sont pas les musiciens et instruments locaux qui chahutent même les oreilles du lecteur, il y en a de tous horizons. Ce qui donne un chapitre mémorable qui raconte une rencontre avec des musiciens français sur une plage du Costa Rica, avec le soleil puis la pluie, le tonnerre de la guitare basse, la bière et les cigarettes (enfin, des trucs qui se fument…) « La guitare électrique s'installe dans un rythme qui mêle tendresse et violence. C'est un tourbillon d'air chaud qui me gagne peu à peu. »
On ne va pas pouvoir parler de tout ici : Soleil Citron Vert est un récit composé d'une cinquantaine de chapitres, pour voyager au Mexique, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Costa Rica, Panama, Colombie, Équateur, Pérou ; des chapitres courts ou longs, tous pareil mais tous différents – aucun doute que ce style et cette accumulation de moments et d'histoires est voulu – qui vous entrainent dans un tourbillon coloré, moite, enfumé, rock'n'roll. Un livre pour l'été. Mais aussi pour l'hiver, pour se réchauffer.
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