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Critique de mosaique92


Quelle part d'Alain Cadéo contient ce roman ? « Vouloir à tout prix graver dans le marbre des sentences définitives avec l'air entendu de ceux qui pensent tout comprendre, c'est se brouiller le ciel. Les mots, aussi maladroits soient-ils, étaient pour moi, sont encore, une substance fluide et lumineuse, un ruisseau, un passage, une trame. Maladroits, sinueux, imparfaits, mais vivants ! Ils ne sont là, pirogues effilées, que pour poser, passer, glisser, traduire, faire circuler la cantilène liquide de l'univers » (Théo – p. 130)

"Mayacumbra'' me rappelle ce poème de Kamal Zerdoumi :
Il tâtonne dans le monde
et se blesse aux rires
des pierres sur son chemin
Sa quête se heurte au labyrinthe
du destin
lui qui aimait courir au soleil
de la tendre nuit
ou battaient o miracle
deux coeurs
à l'unisson
On lui demande d'ouvrir les yeux
qu'il garde fermés
dans un rêve sans fin
où une Femme
toujours la même
le tient par la main
éternel instant
à l'abri des flammes
du réveil.

Theo… personnage principal : j'ai la faiblesse de croire que ce prénom ‘'clin d'oeil'' (ou jeu de mot) n'est pas choisi au hasard pour nommer ce jeune homme épris d'absolu et qui s'installe sur les pentes d'un volcan, au-dessus des villages et forêts. «Que ne faut-il pas détruire, brûler, amputer pour singer l'idéal, s'en dicter les formules sans cesse fuyantes ? Au-delà de ces efforts, il en est sûr, seront exaucés les justes, les attentifs, les malheureux épris du virus ‘'absolu'', tous ceux qui auront abandonné toute pensée de confort, ceux qui, après avoir longuement hésité, auront lâché les rampes maigres de leurs caricatures, pour se jeter au fond du Temps. Ceux enfin qui n'auront jamais renoncé à porter leurs rêves à bout de bras.»
Une expérience qu'il va essayer de mener, soutenu par la belle Lita, en compagnie de son âne Ferdinand et avec des rencontres épisodiques avec une bande ‘'d'âmes perdues, d'errants, de vagabonds, tous magnétiquement attirés par ce coin du bout du monde'' (résumé éditeur).

Au milieu de cette nature aride (volcan) ou foisonnante (forêt) il y a l'ombre et la lumière, le bien et le mal.

« "Mayacumbra'', c'est l'irruption caricaturale du Mal dans un univers fait de grandeur et de faiblesses. C'est L'Humain tel que je l'ai rencontré et vécu. Et c'est surtout cela la Poésie, ce mélange irrationnel de solaire et de petitesses. Chacun d'entre nous contient des îles de splendeur et des continents d'amertume et de cruauté volontaire ou pas. Tremper son stylo dans le sang des viscères autant que dans la sève des mélèzes c'est rendre à l'Homme sa richesse, c'est restituer toutes les couleurs de sa palette intime.» (interview)


Alain Cadéo est bien cet « équilibriste, entre deux Mondes chancelants » comme il se définit dans un interview.




PS – Merci à Babélio et aux Editions La Trace pour ce livre reçu dans le cadre de Masse Critique de janvier. Et félicitations à Florence, éditrice et infographiste, pour la superbe couverture qui illustre parfaitement le contenu du livre.
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