Émigrante
De moi-même
Je cherche
Une impossible demeure
Mon seul bagage
Est ma mémoire
Qui s'allège
Au fil des temps
A terme
Il suffira d'une buée
D'une petite chose
Poignante
Comme
Un pan d'écharpe
Sur ton épaule
Pour y loger
Notre amour
Quand la terre
Tombera dans la fosse
Pour
Un verre d’eau
Qui tremble
La mer s’étire dans ton regard
Pour une écharpe
Sur ton cou
Le ciel prend jour
Dans la fenêtre
Pour un seul fruit
C’est un jardin d’été
Qui naît à l’horizon
Pour une feuille qui bouge
Le monde entier
Respire
Le monde est mon beau voyage
LA mer ma robe de fête
Le vent
Mes sandales de feu
Chaque feuille
Est un mot que j’aime
Chaque oiseau
Me redit ton nom
La terre tourne
Et tu me reviens
Toi le-même
À chaque saison.
Le soleil
Griffait les tuiles
Nous dormions
Entre deux cils de lumière
Et tes mots
Avaient la douceur des mains
Ton rêve et le mien
N'étaient qu'un fruit
Sur nos lèvres
L'après-midi
S'ouvrait jusqu'à la mer
Trop tard déjà
Pour arrêter le temps
Une gorge de tourterelle
Arrondit
Ce début de jour
Douceur du sommeil
Qui s'attarde
Avant le battement des fenêtres
Heure
Qui n'a pas encore trouvé son lieu
Chambre
De nulle part
De l'enfance
De l'amour et de la mort
Chambre de la mémoire
Où se révèle
Le pur instant
Comme une photographie
De la lumière.
Coeur ébloui
Malgré les regards
Les paroles
Les reniements
Dans l'écart
La friche
Avec l'ortie
L'épine
Le silex
Tu sauves
La fleur aux ânes
La beauté
Tu sauves le peu
L'immense clarté
Jaillie
Du sang.
(p.41)
Emigrante
De moi-même
Je cherche
Une impossible demeure
Mon seul bagage
Est ma mémoire
Qui s'allège
Au fil des temps
A terme
Il suffira d'une buée
D'une petite chose
Poignante
Comme
Un pan d'écharpe
Sur ton épaule
Pour y loger
Notre amour
Quand la terre
Tombera dans la fosse
Ce printemps trop grand pour moi…
Ce printemps trop grand pour moi
Me fait peur dit le vivant
Il m’emporte à plein poumons
Avec ses arbres son ciel
Ses débordements de source
Laissez-moi dormir encore
Un instant un seul instant
Pour que je compte mes bras
Mes yeux mes jambes
Et le nombre de mes doigts
Avant de saisir le jour
Et d’y fonder ma demeure
Ce printemps trop grand pour moi…
Ce printemps trop grand pour moi
Me fait peur dit le vivant
Il m’emporte à plein poumons
Avec ses arbres son ciel
Ses débordements de source
Laissez-moi dormir encore
Un instant un seul instant
Pour que je compte mes bras
Mes yeux mes jambes
Et le nombre de mes doigts
Avant de saisir le jour
Et d’y fonder ma demeure